Sous l’impulsion du nouvel attelage gouvernemental, la question du Nord du pays devait être abordée avec plus de sérénité et de conviction. Mais force est de constater que plus de douze jours après la formation de ce gouvernement, les autorités maliennes ne se montrent pas particulièrement pressées de s’attaquer à la crise du Nord.
Mais en lieu et place des autorités, c’est la société civile malienne, notamment la Coalition pour le Mali (CPM), qui se met en action et affiche les initiatives les plus audacieuses. Sauf que les premières retombées de ces initiatives ne donnent pas d’espoir surtout que les « barbus » (terroristes et intégristes, entre autres) qui sont devenus de facto les maîtres des trois grandes régions du Nord (Gao, Tombouctou, Kidal) restent figés sur leurs revendications initiales.
Même s’ils admettent implicitement leur incapacité à faire face à la dégradation des services sociaux de base, Ançardine et le MUJAO ne brillent vraiment pas par leur cohérence sinon ils auraient dû comprendre que pour s’arc-bouter sur un certain nombre de revendications, il faut en avoir le mérite. En effet, à la délégation de la Coalition pour le Mali (CPM) qui vient d’y effectuer une mission pour tâter le terrain en vue d’éventuelles négociations, les responsables de ces deux groupes rebelles ont répondu qu’ils n’étaient pas prêts à faire évoluer leur désir d’instaurer dans le pays leur vision absolue de l’Islam, selon notre confrère de Guinée Conakry. Info qui fait cette analyse.
Par ailleurs, Ançardine et le MUJAO ont indiqué qu’ils n’entendaient pas dialoguer avec le pouvoir malien. Mais ce qui parait ahurissant, c’est le fait que ceux qui portent des exigences aussi fermes sollicitent en même, des autorités de Bamako, une assistance en ce qui concerne la fourniture de services sociaux, tels que l’eau et l’électricité, aux populations de régions de Kidal, Gao et Tombouctou ! Comment peut-on donc tendre la main à une instance qu’on s’ingénie à nier ? De même, comment peut-on prétendre administrer des populations qu’on n’est capable pas de doter en services minimum ?
Finalement, c’est à n’y rien comprendre
Cette espèce de contradiction qui ne dit pas son nom révèle une faille au sein du dispositif des rebelles qui règnent sur le Nord malien, mais ne savent pas comment l’administrer. Ils ne sont pas non plus dotés de ressources comme on avait pu le penser à un moment donné. Avec l’aide de la communauté internationale, les autorités maliennes peuvent donc utiliser cette faille des rebelles afin de l’exploiter en vue d’une éventuelle intervention armée, mais à condition que les Maliens relativisent quelque peu leur tendance à tenir à la souveraineté nationale. Autrement dit, comme on l’avait remarqué lors de la précédente tentative de médiation du Burkinabé Djbril Bassolé, il n’y a rien à négocier avec ces terroristes. Aussi obscurantistes que figés, tout comme leur vision du monde, ces occupants du Nord tiennent coûte que coûte à l’instauration de leur « charia » : c’est leur raison d’être et la justification de toutes leurs folies de ces derniers mois. La mission de médiation de la Coalition Pour le Mali (CPM) n’aura donc permis qu’à réaffirmer cette certitude en ce sens qu’elle aura permis de réaliser une nouvelle fois que la négociation n’a aucune chance d’aboutir avec ces terroristes.
Paul N’Guessan