Le Conseil de sécurité de l’Organisation des nations unies (Onu) a autorisé jeudi 25 avril dernier, le déploiement de 12 600 Casques bleus dans notre pays. La Mission intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma), qui prendra le relais de la Misma, sera déployée pour une période initiale de 12 mois renouvelable. C’est au cours d’une conférence de presse, vendredi dernier, que les responsables du bureau de l’Onu à Bamako ont donné plus d’éclaircissements sur cette mission onusienne.
Protéger les civils, et non lutter contre le terrorisme
La Minusma n’aura pas pour mission la lutte antiterroriste, mais devra « stabiliser les centres urbains essentiels, particulièrement dans le Nord et empêcher un retour d’éléments armés dans ces zones», a expliqué David Gressly. Les Casques bleus devront aussi protéger les civils et le patrimoine culturel et contrôler le respect des droits de l’Homme. Selon lui, la Minusma a reçu un mandat vigoureux en la matière. Cependant, elle devra agir vite pour protéger les civils vulnérables et éviter les représailles. Les Casques bleus seront choisis autant que possible dans les effectifs de la Misma. Celle-ci compte 6 300 hommes venus de pays membres de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et du Tchad, déployés à Bamako et dans le Nord du Mali.
Une mission politique
Les Casques bleus aideront aussi les autorités maliennes à instaurer un dialogue politique national, organiser des élections libres, équitables et transparentes, et promouvoir la réconciliation avec certaines communautés du Nord. Un représentant spécial de l’ONU pour le Mali sera nommé pour diriger la Minusma, dans un très bref délai. «La montée en puissance de la Minusma va prendre des mois», explique un expert présent à la conférence de presse. Les effectifs devraient atteindre 6 000 hommes au 1er juillet et augmenter parallèlement à la réduction du contingent français. Environ 150 militaires français devraient participer à la Minusma, dont des officiers intégrés au commandement. Selon cet expert, l’opération devrait coûter plusieurs centaines de millions de dollars par an à effectif plein. Cette initiative représente «un certain défi pour l’ONU», souligne notre interlocuteur. Il est inhabituel de lancer une opération de maintien de la paix alors qu’il n’y a pas de paix à maintenir. Après une visite au Mali mi-mars, le sous-secrétaire général Edmond Mulet évoquait «des menaces inédites, jamais rencontrées dans un contexte de maintien de la paix». Donc, selon lui, il s’agit pour l’Onu de montrer à la face du monde qu’elle est capable d’empêcher la force de nuisance des plus grands foyers de tensions.
L’UA se dit mise à l’écart
Pendant qu’à Bamako se tenait une conférence de presse pour populariser cette mission inédite de l’Onu, à Addis Abeba au siège de l’Union africaine (UA), se tenait un point de presse pour dénoncer les lézardes de cette même mission. «Une partie de cette résolution retire certaines attributions de l’UA et les transfère à l’ONU », a déclaré Mme Dlamini-Zuma, présidente en exercice de l’UA.
Elle a alors appuyé que l’organisation panafricaine travaillerait quand même avec l’ONU à la mise en œuvre de cette résolution. Mais il existe, d’après elle, «certaines questions que nous aurions examiné différemment», a-t-elle dit sans plus de précision (Ndlr, la gestion de l’énigme de Kidal sans doute). Le Conseil de paix et de sécurité de l’UA avait déjà déploré, dans un communiqué publié, quelques heures après l’adoption de la résolution 2100 de l’Onu que «l’Afrique n’a pas été consultée de façon appropriée dans le processus de consultation et de rédaction». Et que «cette situation n’est pas en accord avec le principe de partenariat que l’UA et les Nations unies s’efforcent de promouvoir depuis de nombreuses années», selon ledit communiqué.
Rokia DIABATE
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