C’est dans un Stade Omnisports Modibo Keita pris d’assaut par de milliers de fidèles, toutes confessions confondues, que les responsables religieux du pays, au nombre desquels l’imam Mahmoud Dicko, président du Haut Conseil Islamique, Mgr Jean Zerbo, archevêque de Bamako et le pasteur Daniel Coulibaly de l’église évangélique protestante du Mali, ont exhorté le CNRDRE à convenir avec l’ensemble des forces vives de la Nation d’un programme de transition assorti d’un chronogramme précis et incompressible de gestion de crise. Les religieux ont par ailleurs présenté leurs excuses aux partenaires techniques et financiers et à la communauté internationale pour les désagréments liés à la gestion de crise. Ils ont invité la CEDEAO en particulier et la Communauté internationale en général à privilégier la concertation pour une solution négociée de sortie de crise.
C’est sous les ovations des fidèles que Mahmoud Dicko, président du HCI, a rendu toute la mesure de la grave crise que traverse notre pays : « Nous devons faire fi de nos différences pour faire avancer les choses. Si on ne prend garde, on s’achemine vers le gouffre, nous avons beaucoup de problème mais ceux qui souffrent le plus, ce sont les plus démunis. Tous ensemble, mettons tout en œuvre pour construire le pays. On s’excuse auprès de la CEDEAO pour l’incident malheureux qui est arrivé. On leur demande de faire preuve d’attention et d’égard envers le Mali.» a-t-il imploré. L’imam Dicko a par ailleurs lancé un appel solennel au Mnla, il a demandé à Iyad de faire preuve de retenue et de déposer incessamment les armes afin qu’on puisse ravitailler en vivres les populations civiles.
Après le président du Haut Conseil Islamique, ce fut le tour de l’archevêque de Bamako d’appeler tout le monde à revenir aux valeurs fondamentales de notre société qui sont : la tradition d’accueil, la tolérance, le dialogue et la paix. « Les chefs religieux que nous sommes, notre souci c’est le Mali et notre credo reste la paix. Le Mali d’abord, le Mali toujours. Que Dieu nous épargne de la partition et du chaos. Il nous faut revenir aux valeurs cardinales de notre société ». Et le saint homme de s’indigner qu’on ait foulé au sol le « diatigiya », cette valeur si chère aux maliens. « Nous demandons à la CEDEAO de nous excuser», a-t-il dit. Quant au pasteur Jean Coulibaly, il a demandé à tout le monde de se donner la main. « A une heure critique comme celle-ci, on doit s’unir. Notre rôle est de promouvoir la paix », dira-t-il.
Dans une déclaration commune lue en Français, Bambara, Arabe, les leaders religieux du Mali (le haut conseil islamique, l’église catholique du Mali, l’association des groupements d’églises et missions évangéliques protestantes au Mali) ont exhorté les Maliens et les Maliennes, de l’intérieur comme de l’extérieur, à la retenue, à la sagesse et au calme pour un apaisement du climat social. Ils ont demandé aux forces vives de la Nation de privilégier le dialogue comme outil de négociation et de résolution de la crise que vit le pays. Ils ont invité la classe politique, dans ses différentes composantes, à mettre l’intérêt supérieur de l’Etat au dessus de toutes autres considérations et enjeux de pouvoir et ont demandé aux pays voisins et aux partenaires du Mali d’accompagner et de soutenir les efforts entrepris par les forces vives de la Nation, notamment pour la résolution de la crise au Nord. Des prières et bénédictions ont mis fin à la cérémonie.
Madiassa Kaba Diakité