Coup d’État au Mali : le point sur la situation en six questions

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Les militaires mutins à l'Office de la radio-télévision malienne à Bamako ce jeudi 22 mars. © Malin Palm/Reuters

Une junte a mené un coup d’État contre le président malien Amadou Toumani Touré dans la nuit du mercredi au jeudi 22 mars. Les institutions du pays ont été suspendues, un couvre-feu décrété, les frontières fermées. Le point sur la situation en six questions.

  • Quelle est la situation à Bamako ?

Calme précaire dans la capitale malienne. Les tirs constatés dans la matinée ont cessé en fin d’après-midi, a constaté notre correspondant à Bamako. La tension reste tout de même très forte chez les militaires. Des témoignages ont fait état de pillages de jeunes militaires dans la capitale malienne tout au long de l’après-midi, notamment à la présidence et dans le quartier de Magnambougou. Toutes les frontières du pays ont été fermées, ainsi que l’aéroport de Bamako.

Le bilan provisoire du coup de force militaire est à d’un mort chez les mutins et de 40 blessés par balles, dont des civils. « Il y a eu un mort et un blessé chez les mutins mercredi lors de combats avec la garde présidentielle près du siège de la présidence », a indiqué à l’AFP une source militaire, tandis que la Croix-Rouge malienne a recensé une quarantaine de blessés dans les hôpitaux à Bamako et Kati (près de la capitale). La plupart ont été touché par des balles perdues, selon un de ses responsables.

  • Où se trouve ATT ?

Les rumeurs concernant ATT vont bon train en ce moment, alors que le président malien ne s’est toujours pas exprimé. Une source militaire loyaliste citée par l’AFP a affirmé dans la journée que Amadou Toumani Touré se trouvait dans « un camp militaire » de Bamako « d’où il dirige le commandement ». De son côté, la BBC a précisé qu’il serait au camp des Commandos Parachutistes de Djikoroni Para, dans le centre-ville de Bamako. Une information démentie par une source au sein du camp.

Mais dans le même temps, “La Lettre du continent” a écrit sur son site qu’Amadou Toumani Touré avait quitté le palais présidentiel dans la nuit pour se réfugier à l’ambassade américaine à Bamako. La diplomatie américaine a démenti l’information jeudi après-midi. D’autres sources encore disaient le président au camp 801 de l’aéroport, où de nombreux Bérets rouges de sa garde ont été vus.

  • Quelle est la réaction du MNLA ?

La rébellion touarègue du Mouvement national pour l’indépendance de l’Azawad (MNLA) pourrait essayer de profiter du coup d’État en cours. Moussa Ag Acharatoumane, un porte-parole des rebelles basé à Paris, a déclaré à Reuters qu’ils seraient « en train de se préparer » à lancer une nouvelle offensive vers des villes du Nord.

« Nous ne savons pas dans quelles dispositions ils (les mutins, NDLR) sont aujourd’hui. Nous, nous avons nos revendications. Nous sommes fermes là-dessus…Mais quand même tout ce qui fait tomber le pouvoir d’ATT, ça nous enchante », a également déclaré un officier du mouvement interrogé par RFI.

  • Que sait-on du groupe de mutins ?

Peu d’informations circulent sur le groupe, autoproclamé Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l’État (CNRDR). Le groupe de mutins, particulièrement jeune, est issu du camp militaire de Kati, à 15km de Bamako. La junte est menée par le capitaine Amadou Hawa Sanogo, plus haut gradé du groupe. Le lieutenant Amadou Konaré s’est présenté comme étant le porte-parole. Celui-ci a affirmé que les putshistes avaient agi pour faire face « à l’incapacité » du président ATT « à gérer la crise au nord de notre pays », confronté à une rébellion touarègue depuis la mi-janvier et aux activités de groupes islamistes armés tels que Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). Le sergent Salif Koné s’est également exprimé. L’identité des autres membres de la junte est encore méconnue.

  • Quel est la situation au sein de l’armée malienne ?

Il n’y a pas eu de réaction au sein de l’armée. Une faible résistance a été opposée aux mutins lors de leur coup de force dans la nuit de mercredi au jeudi 22 mars. Un nombre important de généraux ont été arrêtés par le groupe de militaires, affirme une source à Bamako. « Le gouverneur de Tombouctou, le colonel Mamadou Mangara, a été arrêté par l’armée ce matin. Il se trouve actuellement dans le fort de Cheick Sidi Elbekay à Tombouctou, accompagné de sa famille », a indiqué une journaliste locale.

« Le gouverneur de la région de Gao s’est rendu lui-même ce matin aux militaires du camp 1 de Gao, alors que le général Kalifa Keita, chef du Poste de contrôle opérationnel de l’armée contre la rébellion touarègue a été a arrêté hier soir. Ils sont tous au camp de Gao entre les mains des militaires », a déclaré une source bien informée à Gao.

  • Quelles sont les réactions ?

L’ONU a déclaré espérer une résolution pacifique. « Le secrétaire général suit avec une grande attention les événements du jour au Mali. Il appelle au calme et à une solution pacifique dans le cadre d’un processus démocratique », a déclaré le porte-parole de Ban Ki-Moon.

La Cedeao, l’Algérie, les États-Unis, la France, l’Union européenne ont unanimement condamnée le coup de force des mutins. « Solidaire des Maliens et du président légitimement élu du président Amadou Toumani Touré », la diplomatie américaine exige « le retour immédiat de l’ordre constitutionnel dans le pays ».

Son de cloche légèrement différent côté français. La France appelle « au respect de l’intégrité physique du président (ATT) », tout en demandant que les élections prévues en avril se tiennent au plus vite. « La France suspend toutes ses coopérations régaliennes avec le Mali. Nous maintenons notre aide en faveur de la population, en particulier l’aide alimentaire, et nous poursuivons notre action dans la lutte contre le terrorisme », a également déclaré le ministre français des Affaires étrangères, Alain Juppé, dans une déclaration écrite

Dans un communiqué, le président de la Commission de l’UA, Jean Ping, a condamné un « acte de rébellion, qui porte gravement atteinte à la légalité constitutionnelle et constitue un sérieux recul pour le Mali et pour les processus démocratiques en cours sur le continent ». « Une série de consultations ont été entamées, en particulier avec le président de l’UA, Thomas Yayi Boni (Bénin), le président de la Commission de la Cedeao, Désiré Kadré Ouédraogo, et d’autres acteurs », précise l’UA. Le secrétaire général de la Francophonie, Abdou Diouf, a également condamné le coup d’État, et a appelé à des élections libres dans « des délais acceptables ».

Les déclarations des hommes politiques maliens n’étaient pas nombreuses en début de soirée. Mamoutou Thiama, le chargé de communication de l’Adema, première force politique au Mali, dont le candidat à la magistrature suprême est Dioncounda Traoré, le président de l’Assemblée nationale, s’est exprimé jeudi en fin d’après-midi. « Ce coup d’État n’est pas surprenant, car l’armée enregistre des échecs contre la rébellion touarègue. En revanche, on ne s’attendait pas à ce que le coup d’État soit mené par des jeunes. Et il ne faut plus parler de l’élection présidentielle pour la date du 29 avril prochain », a-t-il dit.

« Les hommes qui viennent de prendre le pouvoir me sont inconnus et je ne peux pas les juger, je ne ferai cela que par rapport à leurs actes. Ces jeunes ont énormément à prouver avant d’être applaudis par les honnêtes gens », a de son côté déclaré à Jeune Afrique Ali Nouhoum Diallo, ancien président de l’Assemblée nationale du Mali.

 

22/03/2012 à 20h:04 Par Jeune Afrique

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17 COMMENTAIRES

  1. tout ce que je peut dire s’est que, ce coup d’etat…ATT la cherche lui meme par son incompetance et son laxisme. La forte majorite des maliens sont d’accord sur une chose:Ce ATT est IMCOMPETANT et MEDIOCRE…du Dossier de l’ecole malienne a son message de “BE BI BA BOLO” , des accords d’alger du code de la famille et j’en passe…
    Au faite ce n’etait qu’un populist due a son coup d’etat de 1991.
    Sous son regne, jamais la corruption et le nepotisme na ete si flagrant comme elle l’est a l’etat actuel.
    je pense sincerement que ce coup d’etat, si il est bien gere, sera un mal neccessaire pour nettoyer la maison Mali de fond en comble, et pour au finish faire face a ces bandits de MNLA avec la fermete la plus tenace.

  2. il faut soutenir ces jeunes militaires pour la securisation des regions nord de notre pays,mettons en place un gouvernement compose de technocrates et de militaires pour l assainissement de nos finances et la securisation de nos frontieres et permettre l organisation d election libre et transparentes dici un an a deux ans .vive le mali,vive la repuplique.

  3. Rentré ce soir du boulot et encore sonné par une journée difficilement ménée à cause de mon desormais ” mal à l’Afrique “, je me suis empressé de prendre les nouvelles du Mali, ce pays qui m’est desormais devenu sympatique pour bien de raisons .
    Mon Dieu ! c’est un Mali defiguré.
    Encore un autre pays Africain.
    De l’image inssoutenable du palais de koulouba à un porte parole des ” nouveaux chefs et Maitres des lieux ,plutot “ringard et hésitant” termes utilisés par le fils mien et rapportés ici par mes soins, je ne pouvais que ressentir doublement ce mal mien avec beaucoup plus d’intensité.
    trouvera t-on un jour le remerde à mon mal?
    iL me semble hélas que ce ne sera pas pour si tot.
    Le pire dans l’histoire, c’est que l’heritier mien presente deja les symptomes de la maladie que je traine.
    je suis effondré.

  4. Cette bande d’ignorants et d’abroutis trouveront le peuple malien devant eux s’ils ne règlent pas le problème du nord. Surtout que que c’est le seul argument qu’ils avancent dans le coup d’État. Qui vivra verra.

  5. Encore une victoire de la rébellion et c’est la plus éclatante(désolé de le dire) depuis le début de la guerre.
    Je ne supporte pas ATT, mais il a réussi à faire l’unanimité contre le mnla. SI ses commandos de bamako perdent leurs camarades de sang touaregs, arabes et autres s’en sera fini du mali.

  6. pauvre Mali, décidement c’est l’ère des médiocres. Ces vandales du palais de Koulouba mis à sac aujourd’hui se disent des patriotes qui veulent combattre la rebellion mais ils n’ont pas de moyens cependant ils ont des balles réelles à tirer en l’air, a gaspiller dans les rues de Bamako. Ces balles auraient dû servir à tuer des rebelles plutôt. Ce sont des vandales , la plupart sont dans l’armée faute de mieux: on ne devient pas militaire pour fuire le chômage mais on le devient parcequ’on aime les armes , son pays et pour se battre. Ils vont encore nous faire reculer. Quand auront-ils les moyens des GIs ? En attendant les rebelles seront à Bamako et eux ils vont encore fuire pour aller en Guinée. la Guinée qui a dejà connu son Dadis Show. Au Mali le Sanogo Show… Dansez bien

  7. pauvre Mali, décidement c’est l’ère des médiocres. Ces vandales du palais de Koulouba mis à sac aujourd’hui se disent des patriotes qui veulent combattre la rebellion mais ils n’ont pas de moyens cependant ils ont des balles réelles à tirer en l’air, a gaspiller dans les rues de Bamako. Ces balles auraient dû servir à tuer des rebelles plutôt. Ce sont des vandales , la plupart sont dans l’armée faute de mieux: on ne devient pas militaire pour fuire le chômage mais on le devient parcequ’on aime les armes , son pays et pour se battre. Ils vont encore nous faire reculer. Quand auront-ils les moyens des GIs ? En attendant les rebelles seront à Bamako et eux ils vont encore fuire pour aller en Guinée. la Guinée qui a dejà connu son Dadis Show

  8. Ces jeunes se sont retouvés à ce niveau sans le vouloir .Du moins par accident et concour de circonstance . D’abord le soulevement de Kati au cour de la rencontre avec Gassama n’etait en fait qu’une protestation de certaine decision du commandement . Il etaient tellement allé loin dans la contestation , qu’ils ne pouvaient plus faire machine arriere car ils allaient donc s’exposer à une sanction exemplaire de la hierarchie . Puisqu’il etait pour eux à ce niveau de la situation plus facile de renverser le pouvoir que de faire machine arriere . Car en face il n’avait rien pour les en empecher . Voila qu’ils tombent en plein pied dans le pouvoir . Sans organisation et planifacation prealable . Ce qui est sur c’est qu’ils n’ont aucune strategie de gestion du pouvoir qu’ils ont pris . Le conseil que je leur donne c’est de tout faire pour mettre en place un Gouvernement d’ici la fin de cette semaine . Sinon meme avant le Mardi . Sans quoi , les secretaires generaux qui doivent assurer l’interim dans les ministeres vont profités de la situation pour vider les caisses en complicité avec les DAF . Dans ce cas , il n’y’a qu’un scenario envisageable : Ils ne pouront pas assuer les salaires d’une partie des fonctionnaires ainsi que le fonctionnement financier pour le ravitaillement des troupes au nord .
    Consequance : soulevement populaire pour demander votre depart . Il y’au des personnes infiltrées qui vont tirer à balle reelle sur les manifestants . Et la communauté internationnale vous mettra sur le dos le crime contre l’humanité et massacre de manifestant . Dadis Camara doit vous inspirer . VIVE LE CNRDR . VIVE LE CAPITAINE SANOGO . VIVE LE MALI .

  9. Soyons unis et reconnaîssant, les Maliens et Maliennes, envers le président sortant ATT.IL a beaucoup travaillé dans le pays.Gardons un beau souvenir envers cet homme.Gardons notre démocratie,beaucoup de pays nous enviaient à cause de notre démocratie.Ne laissez pas les ennemis du pays gagnés.Chassez et combattez ces bandits dans le nord du pays.S’il vous plaît pas de pillage, pas de casse dans les villes.Protègez les biens du Mali,nous ne sommes pas des sauvages.

  10. Il faut passer ces délinquants de soi-disant putschistes devant la Cour martiale! C’est le sommum de l’idiotie. Quel pays ces gens peuvent gérer?!

    • A Marcellin, c’est toi qui es délinquants. Tu sais le Mali ne pas à vendre ce que ATT et ses ministres voulais le faire.

  11. Mon Mali PPTE pays pauvre très endetté et voila comment on se comporte le héros du 26MARS démystifier bon le sous développement!!! 😳 😳

  12. Il faut que CNRDR s’organise très bien, contre les ennemis et rester uni, se prépare toujours contre les attaques des ennemis.

  13. “Le bonheur, on ne le trouve pas, on le fait. Le bonheur ne dépend pas de ce qui nous manque, mais de la façon dont nous nous servons de ce que nous possédons”

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