Coopération militaire entre la France et le Mali : Un accord signé sur le dos des Maliens !

Même si la sémantique a changé, le président de la République, IBK, a bel et bien signé, mardi 16 juillet 2014, un traité de coopération militaire avec la France. Et ce, malgré un refus quasi unanime des Maliens qui ignorent complètement le contenu dudit  accord.

Si une chose est sûre, c’est que l’opinion malienne n’est pas vraiment pour la signature du traité de coopération militaire signé entre la France et le Mali. Le peu d’informations sur le contenu dudit document, les rumeurs et surtout la position pour le moins floue de la France dans la gestion de la question de Kidal ont fini par forger une idée largement partagée que le pays n’a guère besoin de se lier militairement à la France. Alors, pourquoi un nouvel accord, se demandent les Maliens ? Qu’est ce qui va changer et dans quelle mesure cela sera-t-il profitable au pays ? En quoi cela va-t-il éclaircir la place de la France dans la gestion sécuritaire du pays depuis 2013 et en particulier en ce qui concerne Kidal ? Alors que la mission Serval vient de terminer, quel visage aura la présence militaire française au Mali ? Autant de questions qui n’ont pour l’instant pas de réponse officielle. Alors, chacun y va de son opinion…

Ainsi un vendeur de Mercerie, assez virulent sur le sujet, dénonce quasi quotidiennement la signature de cet accord. « Pourquoi avoir signé cet accord ? Il n’a manqué plus qu’on signe cet accord militaire et nous sommes maintenant définitivement dans une nouvelle forme de colonisation, qu’on nomme démocratique, et qui permet de nous piller et de nous mater en toute légalité » s’insurge-t-il.

Yacouba Tibina Sanogo, professeur d’Economie de lycée se dit lui sidéré que l’Etat malien ait signé « un accord militaire avec une puissance qui joue avec l’intégrité du pays ». « Comment peut-on se lier à quelqu’un qui a montré qu’il ne vous veut pas de bien ? », se demande-t-il.  Son collègue (Prof. de français), Ousmane Guindo, tente de relativiser en rappelant que sans la France, le pays serait aujourd’hui aux mains des djihadistes. « On les remercie beaucoup, nous ne sommes pas ingrats. Mais maintenant, qu’ils rentrent chez eux », a répliqué Yacouba. Son opinion est largement partagée dans plusieurs lieux de causerie.  « Ce n’était pas vraiment le moment adéquat de signer cet traité de coopération  militaire avec la France. Car, le pays est en situation de faiblesse surtout avec Kidal où la France joue un jeu pas clair du tout. En signant cet accord, nous avons transformé notre sauveur en maître », nous confiait un quinquagénaire sous  anonymat. « Je milite dans un parti qui est dans la majorité. Je peux vous dire que de nombreux politiciens ne sont pas du tout content de la signature de cet accord, mais ils se taisent par solidarité », a laissé entendre un leader d’un parti politique de la place.

D’autres politiciens n’y sont pas allés de main morte et ont, à l’instar des leaders du MP 22, accusé la France d’être à « l’origine des maux dont souffre aujourd’hui le Mali » et disent leur incompréhension face à cet accord avec un pays qui « use de mille et un subterfuges à l’intérieur, tout comme à l’extérieur pour empêcher le réarmement de notre armée. »   Dans tous les cas, le président de la République, Ibrahim Boubacar Kéita, ne devrait pas signer un traité de coopération militaire avec la France contre la volonté du peuple malien (qui l’a porté à la Magistrature suprême). Le crime est que le peuple ignore les tenants et aboutissants dudit accord. En signant un accord aussi important sans imprégner le peuple  dans son entièreté du contenu,  le président IBK devra rendre des comptes si  les choses ne se passent pas comme il se doit.

Aliou Agmour 

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