Coopération militaire avec la France : Pour la conjuration d’une éternelle malédiction, Barkhane doit quitter le Mali

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Plus de soixante ans après son accession officielle à la souveraineté internationale, notre nation, le Mali, demeure à ce jour un pays arriéré, occupé, vassalisé, on pourrait même dire maudit. Si d’aucuns, certes beaucoup plus à raison qu’à tort, pourraient expliquer cette situation à travers la conséquence logique d’une gouvernance à tout le moins complaisante –surtout ces cinq dernières années –de ce pays qui n’a jamais demandé qu’à se développer dans la paix et la sérénité, il n’en demeure pas moins –preuves  irréfutables à l’appui –que  la France est la mère de tous les problèmes du Mali. Et pour cette raison, cette force gauloise doit quitter le Mali. En emportant armes, bagages et troupes.  Plus d’un demi-siècle de présence nocive et de rapports incestueux, sur fond de criminelles actions, ça commence à bien faire…  

On aura beau faire abstraction des multiples et innombrables implications de la ‘’ douce’’  France dans la ruine de la nation malienne depuis 1960, le pillage organisé de ses richesses et  la cascade de diktats imposés à son pauvre peuple martyrisé, ce qui demeure le plus insupportable – voire le plus diabolique – est le maintien sur un territoire soi-disant souverain d’une base militaire appelée « Opération Barkhane », dont la logique, unique et irréductible, est d’assurer la sécurité et la sauvegarde totalitaire des intérêts de la France.

Une France saprophyte dont on sait tout de l’implication totale des dirigeants français bien entendu en connivence avec la communauté internationale.

C’est la France  – c’est connu – qui a armé, financé et soutenu  les touaregs, venus de la Libye, pour créer le MNLA (Mouvement National de Libération de l’Azawad) et revendiquer l’indépendance de la partie Nord du Mali. De cette époque, les maliens n’ont rien oublié des atrocités (surtout, le massacre d’Aguelhok),  règlements de comptes et autres horreurs perpétrés par les rebelles touaregs du MNLA.

Un gradé de l’armée libyenne sous Kadhafi – très rapidement auto proclamé chef du groupe armé du MNLA– dont l’arrivée au Nord du Mali –depuis exactement  près de 10 ans –la page la plus sombre de l’histoire du Mali, consacrant ainsi  la victoire de la vaniteuse France  sur un peuple malien qui ne lui a, en réalité, jamais rien fait de mal.

La France d’Emanuel Macron et de François Hollande ont, à la suite de celle  de Nicolas Sarkozy,  perpétuer la bonne vieille tradition de haine gratuite que la patrie de Mitterrand n’a jamais cessé de vouer au pauvre peuple malien. Une véritable haine froide qui est ficelée depuis exactement par de prétendus « accords de défense » qui ne sont rien d’autre qu’un vilain deal  – fait de conventions écrites et serrées par d’autres non écrites – permettant aux soldats français …entre autres «de porter l’uniforme de l’armée malienne », et même de «participer totalement aux  opérations de maintien de l’ordre et  de sécurité ».

Pérennisation d’une présence de la France au Mali

En clair, depuis l’aube de l’indépendance, la France s’est arrangée à toujours régenter le cours du quotidien du Mali.  Une situation qui avait pris sa forme définitive dès 2014, sous la présidence de François Hollande, à travers un véritable pacte par lequel les deux pays s’étaient  unis pour le pire en remplaçant l’Accord de coopération militaire technique signé le 6 mai 1985 par un Accord de défense appelé « Traité de coopération en matière de défense » (mais aussi pour le besoin de la ‘’cause’’ taillé sur mesure pour pérenniser davantage sa présence, cet accord a été tripatouillé : un protocole additionnel est signé le mercredi 16 juillet 2014) qui affichait son « vrai visage »  dans son article 4, celui définissant  le cadre d’intervention des forces Françaises au Mali:

Un article aussi apparemment simple, mais en réalité bien  fumeux  qui stipule  clairement et froidement : « Les personnels militaires français servent dans les forces armées maliennes avec leurs grades. Ils revêtent l’uniforme malien ou la tenue civile suivant les instructions de l’autorité militaire malienne. (…) Ils ne peuvent en aucun cas participer directement à l’exécution d’opérations de guerre, ni de maintien ou de rétablissement de l’ordre ou de la légalité. » Théoriquement, cette clause écrite noir sur blanc laisse dire que les soldats français de la coopération en matière de défense n’ont pas le droit de tirer une seule balle au Mali. Mais dans les faits, et selon la réalité du terrain, il suffit que ces soldats – vêtus de l’uniforme malien –  soient en dehors de ce cadre de coopération pour jouer un rôle autrement plus… actif. Comme se fut le cas, lors de la visite du Premier ministre Mara à Kidal, le 21 mai 2014 où les forces françaises ont retournées leurs uniformes.

Cela a été vérifiable quand, non contents du fait que les forces armées maliennes ont neutralisé, en temps réel,  les assaillants touaregs dans la ville de Kidal, les soldats Français, non contents de cette position,  avaient copieusement participé aux combats en utilisant des armes de longue portée contre la troupe malienne.

Affublés de leurs uniformes et enturbannés, il aura été difficile de les distinguer des troufions de la rébellion – surtout les touaregs –  au petit matin du 21 mai 2014 quand leur appui logistique et militaire avait mis en déroute les colonnes de la résistance malienne qui n’avaient encore jamais été si proches de son objectif à Kidal.

Le même scénario s’est répéter en juillet 2017 avec cette fois-ci, des soldats Français intervenus à visage carrément découvert, pour sauver les rebelles de la CMA, alors que le groupe armé (GATIA) porté par le général El Hadj Gamou, avait mis la milice de la CMA en débandade, et réduit alors –comme cela ne lui était encore arrivé – la rébellion à se terrer comme un rat en attendant une fin inexorable.

Elle s’en sortit pourtant, grâce à l’intervention directe des troupes spéciales de «Barkhane » – sur ordre  de François Hollande –  et au grand dam des  Maliens qui n’ont plus eu que leurs yeux pour pleurer.  Et le dernier scénario en date est celle du carnage subit par la position des bérets rouges du 33è RCP (Régiment des Commandos Paras) dans la nuit du 30 septembre au 1er Octobre dernier à Boulkessi ou 38 soldats y ont laissé leur vie. À en croire des témoignages, avant l’attaque, la force Barkhane aurait séjourné dans le camp de Boulkessi et y aurait même installé des balises d’identification. La suite est macabre : les bérets rouges félicités dans le passé par le Général sortant de la Force Barkhane, ont suivi un revers cinglant, à l’aide de plusieurs obus lancés avec précisions à plus de 5 kilomètres. Pourtant, les obus lancés par les terroristes dans le Nord du Mali tout comme au Centre, n’ont jusque-là pas encore atteint avec une telle précision leurs cibles. Les militaires maliens n’ont pratiquement pas combattu au camp de Boulkessi, car l’ennemi était invisible. Ou presque.

Autant de faits  qui  prouvent sans l’ombre d’un seul doute que les  Accords de Défense du 16 juillet 2014 n’ont rien changé à la conception Sarkoro-Hollando-Macronniste du Mali et de l’Afrique, en général. Car en réalité –et dans le cadre des clauses non écrites –les accords de coopération Militaire entre la France et le Mali ont fini par donner vie à un tortueux dispositif ad hoc baptisé Barkhane dont le rôle est de « gérer »  les situations de crise à Kidal et au Centre sous la supervision directe … du chef de l’État français. Par ce soutien périlleux, la France a créé l’effet inverse au Mali.

Forces françaises –groupes armés : même odeur  

L’opération Barkhane constituée de commandos des forces spéciales française –comme le Détachement d’Assistance Militaire et d’Instruction (DAMI) s’est affirmée, au Mali depuis le 16 juillet 2014 (date de la signature de l’Accord de défense), comme une formidable unité de renseignement et de protection des groupes rebelles de la CMA.

Bien installés à tous les niveaux de la hiérarchie dans la région de Kidal au Nord du Mali, les leaders de la CMA constituent une chaîne de commandement parallèle à la hiérarchie de la MINUSMA. Ce qui  permet à la France de dicter sa loi au pouvoir de Bamako – ou de changer- l’ordre des choses sur le terrain. C’est sous l’activisme vicieux et pernicieux, avec en toile de fond  les limiers de la DGSE –services secrets Français – que les rebelles touaregs ont érigé le Nord du Mali en un foyer de tension renversé en faveur  des rebelles touaregs avec la complicité directe de Sarkozy.

Ainsi, ceux qui sont dans les secrets des dieux savent bien que c’est sous la protection de Sarkozy, que le groupe rebelle touareg le MNLA composé des légionnaires  de l’armée de Kadafi –soutenu, pour plus d’efficacité, par les super commandos des mouvements terroristes – s’est téléporté dans la partie Nord du Mali en 2012. Avant d’en être chassé par les djihadistes. Par la suite, en janvier 2013, quand les bandits armés étaient déjà aux portes de la Région  de Mopti, que le Mali sous la transition a été sauvé in extremis par l’intervention des forces françaises de l’Opération Serval. Au regard de tous ces actes, qui sont autant d’échecs causés par la cynique politique Française de soutien à des groupes rebelles impopulaires, en Afrique et au Mali en particulier, il se dégage une constatation qu’aucun homme de bon sens ne saurait contester : la France et les groupes armés qui causent tant de malheurs au Mali ne forment –ou ne font –qu’une seule et même entité, comme les deux faces d’une même médaille. Ils sont indissociables, et ce malgré les déclarations itératives d’amitié du peuple malien à l’endroit du peuple Français.

Aussi devient-il constant que seul le départ de la France (la France dirigeante et son armée d’occupation s’entend) du Mali constituera la seule garantie du salut de notre pays.

La disgrâce…  

On ne le dira en fait jamais assez : pour le peuple Malien, assujetti et écrasé par des bandits armés soutenus à bout de bras par la France , le départ des troupes françaises du Mali constituera à lui seul un extraordinaire  soulagement, puisqu’avec l’insécurité actuelle –plus que sous les précédents régimes – la présence de cette Armée étrange et étrangère à Bamako, Kidal, et aux quatre coins du Mali n’est rien d’autre qu’une sorte d’assurance – vie pour les groupes armés au Mali, et n’a jamais servi depuis presque plus de 60 ans qu’à inhiber, par la force, l’expression de la volonté populaire au Mali.

Au-delà du sophisme de la rhétorique diplomatique française qui justifie la présence de cette Armée au cœur de l’Afrique  et du Mali à travers des termes tels que « accords de défense », « accord de coopération militaire technique »  ou encore « liens de sang », y en a marre : la France doit partir du Mali. Et le plus tôt sera le mieux pour la conjuration d’une éternelle malédiction. Mais quoi qu’il en soit, ces militaires partiront un jour. S’il plait à Dieu.

Jean Pierre James

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