Coopération : Adaptation sans reniement

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Dans l’un de ses récents cycles de causeries avec des cercles de fidèles, un banquier, fort pénétré par ailleurs des enseignements de la loi islamique, entretenait son auditoire des préoccupations du monde musulman face aux innovations et bouleversements introduits dans la vie quotidienne des hommes et des nations depuis l’avènement du nouveau millénaire de l’ère chrétienne.

Il avait fait remonter son rappel au franchissement du cap mythique du siècle qui s’est effectué sous le signe de la mondialisation. Les experts en tous genres s’étaient alors succédé sur les antennes des radios, certains avaient envahi les écrans de télé et d’autres avaient occupé des éditions entières de périodiques pour démontrer à l’homme qu’il n’existe plus de frontières imperméables dans aucun domaine d’activité du genre humain.

Dans ce contexte, le conférencier avait restitué l’Islam dans son essence comme un système dont la vocation sur les plans sociologique et théologique est de “saisir l’intégralité de l’existence individuelle et collective”. Il s’était fait un devoir de rappeler que l’une des dimensions du message divin était d’éveiller en l’homme “une conscience plus haute de ses multiples relations avec le Tout-Puissant, avec l’homme et avec l’univers”. En s’appuyant sur ce dernier aspect, il avait orienté la réflexion sur la place des communautés musulmanes dans cet univers en mutation, sa capacité d’adaptation sans reniement de ses valeurs spécifiques. Pour cet intellectuel, les communautés, dès les origines étaient liées par un sens d’appartenance partagé et un fort sentiment d’entité.

Mais l’évolution des sociétés a conduit à un glissement de ces relations profondes vers des rapports plus formels et utilitaires. Elles devaient donc se conformer aux contraintes apparues avec la mondialisation, le commerce international, les flux financiers, les investissements étrangers et autres. Pour le banquier, il appartient plus que jamais aux pays musulmans d’assurer leur présence dans ce contexte, et de ne pas se laisser surprendre ou dépasser par les enjeux. Ils sont confrontés en cela à un double défi. Il s’agit pour eux de ne pas rester en marge de cette évolution et de développer la coopération entre eux à travers les différentes structures qui les unissent dans le cadre d’organisations qu’ils se doivent de réinventer, d’animer.

S’inscrivant dans cette dynamique d’ouverture, des pays jusque-là en retrait ont fait état de leur adhésion à l’institution en charge du commerce international. Ils en ont relevé les effets bénéfiques dans la mesure où cette adhésion permettait de conduire à la réforme de nombreux règlements, de manière à revitaliser les échanges avec les autres pays.

Cependant, des leaders d’opinion avaient émis des réserves, faisant prévaloir que leurs pays ne sauraient accepter des conditions portant atteinte aux constantes religieuses, quelles que soient les bénéfices qui y seraient liés par ailleurs. De la même préoccupation relève l’une des récentes rencontres des pays islamiques visant à promouvoir le commerce et les investissements entre eux dans le secteur privé, car leurs soucis ne peuvent être dissociés. Les théologiens font prévaloir à cet effet la notion de solidarité : « Certes, vous appartenez à cette seule et unique communauté qui est la vôtre, et je suis votre Seigneur. Adorez-moi donc. »(21:92).

A. K. CISSÉ

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