Convention nationale initiée par la junte : Une fuite en avant du capitaine Sanogo

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Face à la crise institutionnelle, à l’embargo total décidé par les chefs d’Etats de la Cedeao et à la progression fulgurante de la rébellion armée sur le terrain, la junte dirigée par le capitaine Amadou Haya Sanogo ne sait visiblement plus où donner de la tête. En effet, après les déclarations lénifiantes faites par le chef des putschistes à la veille de l’expiration de l’ultimatum de la CEDEAO exigeant le retablissement immédiat de l’ordre constitutionnel, le CNRDRE vient de  décider de la tenue d’une Convention Nationale le jeudi 5 avril, c’est-à-dire aujourd’hui même.

 

Cette initiative qui vise, selon le capitaine Sanogo, à permettre au Mali de sortir de la crise dans lequel il a été brutalement plongé depuis le coup d’Etat perpétré le 22 mars 2012, suscite cependant de nombreuses interogations.

Quels sont les contours de cette fameuse Convention nationale ? Quels en sont les objectifs ?  Pourquoi tant de précipitation pour organiser un forum qui aura  pourtant à se pencher sur des questions aussi dlicates que la  résolution de la crise  institutionnelle consécutive au putsch, les questions sécuritaires, ou celles relatives aux négociations éventuelles avec les mouvements rebelles ?

Les objectifs visés par la junte

La tenue d’une Convention nationale par les auteurs du putsch avait été certes annoncée dès les premières déclarations du Cnrdre. Mais de toute évidence, la convocation précipitée de ces assises, qui auraient dû logiquement consacrer l’aboutissement d’un procesus de normaisation politique,  obeit à des calculs politiques précis.

Face au tollé provoqué par leur action contre les institutions républicaines, et surtout face aux menaces que font planer sur la survie politique du Cnrdre et de ses alliés, les nouveaux mâitres de Bamako ont dû radicalement changer de fusil d’épaule, en improvisant une bien illusoire voie de sortie de crise.

Ce faisant, le capitaine Sanogo et ses alliés de circonstance poursuivent deux objectifs majeurs : constituer un front national, qui avaliserait un schéma de sortie de crise faisant la part belle au Cnrdre ou à ses principaux membres en les légitimant comme partie prenante, et d’autre part isoler la Cedeao, qui se trouverait alors en porte – à – faux avec les acteurs nationaux de la crise politique. La convocation d’une Convention  nationale sans que ni le mandat, ni la composition de l’instance ne soient clairement déclinés, procède d’une manœuvre tactique, destinée à contourner l’exigence absolue de retour à l’ordre constitutionnel posée par la Cedeao.

Quant au but ultime poursuivi à travers la convocation d’une Convention nationale, il se déduit tout aussi clairement : les putschistes veulent diffférer les échéances en recourant aux manœuvres  dilatoires et aux artifices,  tout en créant les conditions d’un divorce entre l’opinion publique nationale malienne et la communauté internationale.

En effet, cette volonté transparait dans le discours nationaliste et populiste qu’ils tiennent depuis leur coup de force, pour tenter de discréditer la communauté internationale et légitimer ce qu’ils appellent une solution spécifique malienne de sortie de crise.

Cette solution n’est autre, faut – il le rappeler que le refus délibéré  du retour à l’ordre constitutionnel sous – tendu par la volonté de rester aux affaires vaille que vaille en dirigeant une future transition.

La junte peut – elle réussir son pari ?

Rien n’est moins sûr. En effet, deux constats amènent à douter sérieusement des chances de succès de la junte dans son entreprise désespérée de se maintenir à la tête du Mali.

Le premier tient à la doctrine désormais mise en pratique par la Communauté internationale et les organisations régionales et sous – régionales face aux coups d’Etat, qu’ils soient militaires comme en Guinée, ou constitutionnels comme ce fut le cas récemment en Côte d’Ivoire.

La règle se résume désormais en ce domaine en deux mots : tolérance zéro à l’égard des putschistes et application systématique de sanctions politiques, diplomatiques, économiques, individuelles et financières.

Le second constat, qui incite au scepticisme quant aux chances de réussite de la junte, c’est l’opposition résolue du Fudr au coup d’Etat, qui regroupe les forces politiques et sociales les plus  représentatives du Mali. On peut, sans risque de se tromper, affirmer que le Cnrdre agira en pure perte aussi longtemps que ses initiatives se heurteront à l’hostilité de ce regroupement comprenant, excusez du peu, l’Adema – Pasj, l’Urd, Le Pdes, le Rpm et surtout la plus grande centrale syndicale malienne : l’Untm.

Aux dernières nouvelles, l’on apprend d’ailleurs que le Fudr a décidé  à l’unanimité de boycotter la Convention Nationale convoquée par la junte, après une réunion tenue hier par ses membres au cours de laquelle elle a exprimé son opposition à toute solution qui irait à l’encontre des recommandations de la Communauté internationale.

Birama FALL

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2 COMMENTAIRES

  1. Déliquescence de la Nation malienne : Treize preuves pour juger ATT pour haute trahison

    Par Liberté du 5 avril 2012 @ 00:10 Rubrique: Nation

    L’heure est grave et n’est plus aux demi-mots. Il ne fait plus aucun doute aujourd’hui qu’ATT a trahi le peuple en le vendant à ses amis. En effet, les indices sont nombreux, qui montrent – à moins qu’on ne veuille voir la réalité – qu’ATT est complice actif de ce qui arrive aujourd’hui au Mali. Lequel, à ce rythme, sans exagération, pourrait totalement tomber entre les mains des touaregs. Parmi ces indices :

    -Cette connivence suspecte voire cette attitude de valet vis-à-vis de Khadafi qui n’a jamais fait mystère de son ambition pour un Grand Azawad.

    -Le fait qu’ATT n’a pris aucune mesure pour équiper valablement l’armée, alors même qu’il savait que des dizaines de milliers de touaregs maliens servaient dans l’armée malienne en attendant le jour-j qui est arrivé maintenant.

    -Au contraire ATT a tout fait pour affaiblir l’armée en démilitarisant, à travers notamment les accords d’Alger, les zones nord du pays, en y envoyant essentiellement les officiers touaregs qui opéraient déjà en territoire indépendant de fait.

    -L’installation unilatérale à Kidal du consulat de Libye dont les colis et autres marchandises ne souffraient d’aucun contrôle douanier ; c’était la voie ouverte à l’importation en toute quiétude d’armements de toutes sortes.

    -ATT a tout fait pour qu’il y ait le maximum d’intégrés touareg au sein de l’armée, sachant que ceux-ci ne seraient là que le temps de faire leurs armes avant de rejoindre les leurs pour le combat pour l’indépendance. Comme toujours, les événements actuels au nord le prouvent suffisamment. Ceux des touaregs qui sont censés être loyaux à l’armée régulière finissent toujours par aller rejoindre leurs frères rebelles, emportant avec eux armes et munitions. C’est pourquoi il n’y a pas de touaregs militaires qui prennent leur retraite dans l’armée.

    -ATT a tout fait pour remettre les commandements des deux principales troupes qui « luttent » contre les rebelles à deux officiers qui sont de même ethnie que ceux qui combattent l’armée régulière. Pire, ATT a mis à la disposition du colonel Gamou le matériel le plus important de l’armée.

    -ATT, tout en affirmant sur RFI que cette guerre est perpétuelle, a daigné laisser passer les combattants revenus de Libye avec toutes leurs armes ; contrairement à l’Algérie et le Niger qui ont été fermes avec ceux qui arrivaient chez eux. Au lieu de s’interroger sur la manière dont ces combattants ont pu accéder à nos frontières, ATT devait savoir que ce qui importait à l’époque était de désarmer immédiatement ces combattants qui étaient alors en position de faiblesse car acculés de partout. Pire, ceux-ci sont accueillis comme des héros de retour dans leur pays d’origine : on leur donne vivres et argent en prime.

    -Dernièrement ATT a fait semblant de vouloir commander certaines armes, des avions de combat dit-on, mais l’argent, selon nos sources, n’avaient jamais été débloqué pour ce faire, alors que des responsables militaires étaient sur place pour finaliser les achats.

    -ATT a abandonné le nord du pays aux trafiquants de toutes sortes et aux preneurs d’otages ; une personne de son proche entourage aurait même fait des achats dans un pays européen avec des billets d’euros envoyés dans le cadre de la libération d’otages européens, mais cela reste à vérifier.

    -ATT a contraint le Général Poudiougou à quitter Gao, laissant le champ libre à des protégés touaregs : Gamou et Mehdi,

    -Les avions achetés dernièrement avec l’argent obtenu de la vente de la SOTELMA seraient déjà usés ; cela ne voudrait dire autre chose qu’il ne s’agissait que du matériel usagé.

    -Pendant dix ans, voir vingt ans (depuis l’ère ATT) on a laissé tout l’équipement militaire s’abimer faute d’entretien.

    -Pendant dix ans, tout a été fait pour détourner l’armée de sa vocation, en l’embourgeoisant, en y ignorant la discipline et l’esprit de patriotisme, bref en tuant « le sens du soldat ».

    La liste des indices est loin d’être exhaustive. En somme, tout a été fait pour affaiblir l’armée et renforcer les rebelles. Et en la matière, il n’y a pas de coïncidence. Tout cela a été savamment orchestré pour offrir aux touaregs leur indépendance sur le plateau d’argent. C’est un plan machiavélique dont ATT ne peut être hors de cause. Ceux qui le protègent aujourd’hui qui ont peut-être été désabusés, doivent se convaincre qu’ils protègent une personne qui a trahi sa patrie. Et celui qui trahi une fois, de surcroit sa patrie, va continuer à trahir. L’auteur d’ATT-cratie n’a de cesse attiré l’attention sur les nombreuses trahisons de l’homme. En voilà une trahison de plus, la plus importante, ce couronnement de ses succès, le chef-d’œuvre Machiavel. Il n’est même pas exclu qu’en imposant le référendum constitutionnel, ATT aidait indirectement les Touaregs à obtenir leur indépendance ; à la faveur d’une crise du genre qui mettrait le président du futur Senat à la tête de l’Etat. Et l’on sait que tout avait été mis en œuvre pour que le président du Haut conseil des collectivités territoriales devienne le président de ce futur Senat. Dites-nous bien qu’à un tel niveau du pouvoir, il n y a pas de coïncidence.

    I Vitalki

  2. Plus que jamais les Maliens doivent se mobiliser pour empecher que la France fasse enteriner le fait accompli en presentant les revendications du MNLA comme »legitimess’ et opposees a celles d’Ansar Dine, en preparant une force d’interposition qui consacrera sur le terrian la partition du pays en empechant a l’armee malienne d’aller reconquerir les territoires perdus (si la mission de cette force n’est pas d’aider le Mali a reconquerir ses terres, elle n’a aucune raison d’etre), et en pronant le »dialogue » avec les terroristes et »l’autonomie » qui est un euphemisme pour designer l’independance de fait ou en tout cas l’independance a breve echeance. C’est cela l’agenda de la France. Elle veut que les Maliens y souscrivent eux-memes en signant des accords qui leur seront plus tard opposes.
    Tous les journaux francais ont deja dessine le territoire de »l’Azawad » qu’ils sont en train d’opposer au Mali. Ils presentent ce territoire comme exclusivement Touareg et ignorent completement l’ecrasante majorite des autres populations qui y vivent. La reconquete de votre territoire dans un Mali un et indivisible (sans autonomie ou independance deguisee d’une region) doit etre la revendication immediate, prioritaire et non negociable des Maliens. Si ce n’est pas dans ce cadre que la CEDEAO veut vous aider, ce n’est pas la peine qu’elle se derange.

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