Complot contre la République : Le président Dioncounda battu au sang devant ses propres gardes

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Depuis le coup d’état du 22 mars, le Mali traverse toutes sortes d’épreuves et même l’impensable. En effet, les Maliens viennent de franchir le rubicon en tabassant leur président de la République par Intérim: Dioncounda Traoré. Voici le vrai film de l’attaque de ce lundi 21 mai 2012.

Dioncounda Traoré , président de la République du Mali

On se rappelle que la Convention nationale chargée, par ses organisateurs, de désigner un président de transition a pris du plomb dans l’aile lorsque le président du CNRDRE, le capitaine Sanogo, a accepté, à la demande de la CEDEAO, de laisser le président par intérim diriger la transition. Problème: cette décision du capitaine est considérée comme une “trahison” par les “conventionnaires” qui persistent à tenir la Convention. Puisqu’aucune autorité nationale ne convoque ladite convention, les “conventionnaires” décident de se convoquer eux-mêmes par médias interposés. Les travaux s’ouvrent le lundi 21 mai au palais des congrès (CICB) de Bamako. Ce jour-là, le CICB est pris d’assaut par les militants des différents  syndicats, associations et partis initiateurs de la convention. La salle de 1000 places rejette du monde.

La cérémonie d’ouverture est présidée par Hamadoun Amion Guindo, patron de la centrale syndicale CSTM. A ses côtés: Oumar Mariko, secrétaire général de Sadi; M. Tabouré, président de l’association Sanfin; M. Boré, président de l’association Yerewolo Ton; M. Sidibé, représentant de la confrérie des chasseurs traditionnels. Dans la salle, on rencontre des personnages aussi divers que Soufi Bilal, chef de l’association des musulmans soufis du Mali et Siméon Kéita, chef de l’un des syndicats rivaux de la police. Tout ce beau monde est protégé par un contingent de gendarmes casqués venus maintenir l’ordre.

Après un discours d’ouverture lu par Guindo, les travaux de la convention sont ouverts. Des documents, appelés “termes de référence”, sont distribués aux “délégués” de la convention dont on ne sait qui ils représentent et qui sont répartis ensuite en commissions de travail. Comme la foule des militants ne tient pas dans la salle de 1000 places, il est demandé à ceux qui n’ont pas eu de place de rester dans la cour du CICB en attendant qu’un dispositif soit installé pour leur permettre de suivre les travaux. Dans la cour du CICB, se présente alors un jeune homme chargé d’un cercueil en carton à l’intérieur duquel se trouvait un linceul: il annonce à l’assistance que le cercueil est destiné à Dioncounda, le président de la République par intérim. La foule jubile et crie: “Mort à Dioncounda! Mort à Dioncounda!“. Aussitôt, des gens suggèrent à la foule d’aller demander au Premier ministre de faire partir Dioncounda du pouvoir. Suggestion retenue. Un groupe compact de militants s’ébranle vers la Cité administrative, siège de la primature. Les gardiens de la Cité administrative, inquiets de cette déferlante humaine, ferment le portail d’entrée et annoncent aux manifestants que le Premier ministre n’était pas encore venu au bureau. C’est un gros mensonge destiné à protéger le chef du gouvernement. N’empêche!  La foule décide de l’attendre. Au bout de 5 minutes, quelqu’un émet l’idée de laisser le Premier ministre tranquille et d’aller directement à Koulouba rencontrer le président par intérim. Idée adoptée. Nos manifestants prennent la route du palais de Koulouba en passant par le boulevard de l’indépendance déjà occupé, au niveau du monument de l’indépendance, par  d’autres partisans de la Convention nationale affiliés à l’association Yerewolo Ton. Nombre de ces derniers se joignent aux nouveaux venus et tous se dirigent vers Koulouba. Après avoir atteint le parc zoologique, les manifestants, craignant peut-être une intervention des forces de l’ordre, prennent un raccourci  inattendu en escaladant la colline conduisant au palais. Poussés par l’envie d’en finir avec Dionounda, ils arrivent devant les locaux du secrétariat général de la présidence où se trouvent les bureaux de Dioncounda. Les premiers arrivés prennent les escaliers et s’installent au sommet du bâtiment en invitant les autres, attardés dans les broussailles, à les rejoindre vite. Il faut souligner, ici, que la foule a escaladé les murs du secrétariat général de la présidence sans aucune réaction de la garde présidentielle lourdement armée de mitrailleuses et de BRDM. Une délégation de manifestants – une dizaine – monte dans les bureaux de Dioncounda où elle est reçue par le président intérimaire. Ce dernier, sans doute pour calmer l’ardeur de ses interlocuteurs, leur promet de démissionner de ses fonctions le lendemain mardi à 11 heures. Après l’audience, la dizaine de personnes reçues par le président sortent du bureau et aperçoit la foule massée à la porte du secrétariat général. L’un des dix émissaires annonce, avec joie, que Dioncounda a accepté de démissionner le lendemain à 11 heures. Cette annonce n’est pas du goût de la foule qui veut une démission immédiate et qui soupçonne même les 10 personnes de s’être fait rouler dans la farine par le président. La foule décide alors de défoncer le portail d’entrée du secrétariat général et de prendre d’assaut les bureaux présidentiels. Les gardes du président ne réagissent pas. Les manifestants fouillent de bureau en bureau dans le but de mettre la main sur Dioncounda. Lorsqu’on le retrouve l’infortuné président, il est entouré de ses conseillers dont Baba Berthé, le secrétaire général de la présidence, et Mme Ndiaye Fatoumata Diakité, secrétaire générale du gouvernement.

Le premier manifestant à investir le bureau présidentiel est habillé d’un maillot du FC Barcelone; il agrippe la main du président en lui disant: “Monsieur le président, merci pour tout ce que vous avez fait pour le Mali mais les Maliens ne veulent plus de vous! Nous vous demandons de démissionner sur-le-champ!”. Au moment où l’homme  termine son discours aux allures putschistes, un bras violent passe derrière sa tempe pour frapper Dioncounda. Aussitôt, les collaborateurs du président s’enfuient sans qu’on s’en prenne à eux. Les manifestants se saisissent du président, abandonné à son sort. On le roue de coups, on lui enlève ses vêtements et ses souliers. Dioncounda tombe en syncope ou fait semblant d’y tomber pour mettre fin aux coups. Les agresseurs paniquent. Ils se ruent dans la cour du secrétariat général et annoncent au reste de la foule que le président est mort. La nouvelle glace d’effroi la foule. Ce que voyant, un garde tire en l’air. Croyant que l’armée les prend enfin à parti, elle se jette dans les broussailles pour dévaler la colline: certains se fracturent la jambe, d’autres les bras. La débandade fait  trois morts.

Une équipe de pompiers est dépêchée sur les lieux de l’agression. Le président est embarqué dans un véhicule où il reçoit une dose de sérum. Il est ensuite hospitalisé au Luxembourg, un centre médical situé à flanc de colline à Hamdallaye. Craignant qu’il n’ait subi des traumatismes crâniens, les médecins l’évacuent à l’hôpital du point G pour y subir un examen au scanner. On apprend alors qu’il n’a pas subi de lésions graves.

Déroute au CICB

Entre-temps, les agresseurs se rendent au CICB où ils annoncent avoir tué Dioncounda. La nouvelle fait l’effet d’une bombe H. Les “conventionnaires” et leurs responsables, Oumar Mariko et Hamadoun Amion en tête, bondissent comme des bolides dans les escaliers, craignant une descente policière musclée. On les voit disparaître dans un concert de klaxons. Ils ont tort de s’en faire. Aucune descente policière n’a eu lieu le jour de l’agression. Au contraire, le Premier ministre, dont le message à la nation est très attendu, préfère ne pas parler de ce qui est arrivé et n’annonce ni enquêtes ni sanctions, même administratives. Les “conventionnaires” y voient un encouragement à leur action et décident de poursuivre leurs travaux la nuit même de l’agression. Lesdits travaux se terminent le lendemain, mardi 22 mai,  par une résolution tendant à déclarer le capitaine Amadou Sanogo président de la transition en lieu et place de Dioncounda Traoré. Cette résolution provoque d’ailleurs la zizanie et la division au sein des “conventionnaires”.  En effet, Hamadoun Amion Guindo, chef de la centrale syndicale CSTM et président de la COPAM, et Younouss Hamèye Dicko, président du RDS, n’approuvent  pas que la Convention veuille désigner le capitaine Sonogo président de la transition alors que l’intéressé ne le souhaite plus. Or Oumar Mariko de Sadi, M. Tabouré de Sanfin, Mahamane Mariko du CNJ, Me Mamadou Gakou de  la COPP et autres ne veulent entendre parler que de Sanogo pour diriger la transition. C’est pourquoi la résolution de déclarer Sanogo président de la transition entraîne la défection de Guindo et consorts qui voulaient qu’une autre personnalité soit désignée. Lesquels annoncent sur les ondes de radios privées que la Convention a reporté les travaux destinés à investir le président de la transition. Un démenti leur est apporté par Mariko et compagnie qui, sur les ondes de radio Kayira, invitent les militants à se retrouver le mercredi 23 mai, à 14 heures, au stade omnisports Modibo Kéita pour investir le capitaine Sanogo comme président de la transition. Mais la démobilisation a gagné les rangs des “conventionnaires” après l’agression de Dioncounda, les menaces de sanctions et les propos discordants des leaders de la Convention nationale. Ces leaders, lorsqu’ils  viennent, comme prévu, au stade Modibo Kéita, sont reçus par une petite foule de 300 badauds auxquels ils annoncent qu’un Conseil National de Transition pour le Changement (CNTC) est créé, que le capitaine Sanogo est désigné par la Convention président de la transition et qu’un nouveau gouvernement, formé de civils et de militaires,  remplacera bientôt celui de Cheick Modibo Diarra. Les orateurs, sous la garde d’une centaine de forces de l’ordre armés jusqu’aux dents, dénoncent l’attitude d’Hamadoun Amion Guindo et autres, accusés de trahir les intérêts de la convention. Les militants sont invités à revenir au stade vendredi 25 mai. Programme des réjouissances: tous ensemble, ce vendredi, les “conventionnaires” iraient se saisir du capitaine Sanogo à Kati pour l’installer dans le fauteuil présidentiel. Cependant,  lorsqu’Oumar Mariko est envoyé en éclaireur à Kati pour sonder l’état d’esprit du capitaine, il ne rencontre qu’un refus ferme de cet officier qui ne veut pas accepter la proposition de la Convention après avoir signé un accord avec la CEDEAO donnant la présidence de la transition à Dioncounda Traoré. La convention  des putschistes civils a donc fait flop puisqu’aucun d’eux ne se mettra en tête de mettre physiquement la main sur le capitaine Sanogo comme cela fut le cas pour le président Dioncounda. De l’argent, du temps, de l’énergie ont été dépensés et un président en exercice a été battu pour trois fois rien.

Le Complot

Toutefois, les Maliens ne comprennent pas qu’un chef d’Etat ait pu être agressé dans ses bureaux par des manifestants aux mains nues. La chose sent le complot, d’autant qu’à aucun niveau, les forces de l’ordre n’ont réagi.Pis, elles ont permis aux “conventionnaires” de poursuivre leurs illégales assises et les ont même sécurisés. Aucune sanction n’a été portée à la connaissance du peuple alors qu’il y a là de quoi fusiller du beau monde! La garde présidentielle n’a tiré sur personne et les manifestants n’ont jamais été dispersés alors qu’il était possible de le faire, notamment aux alentours  de l’ENA.

Abdoulaye Guindo et Abdoulaye Koné

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3 COMMENTAIRES

  1. Agresser son Président, est effectivement un coup dur pour le Mali. Mais il s’agira d’analyser la situation avec calme tout en se disant que cette agression peut venir d’un camp comme d’un autre, car les politiciens sont capables de tout pour sauvegarder leurs intérêts, voire engouffrer le pays dans l’abîme.
    Je voudrais donc en toute humilité soumettre à votre appréciation, les 7 propositions suivantes:
    1. Suspendre tous les partis politiques jusqu’au règlement du problème du nord-Mali;
    2. Ajourner le dossier lutte contre la corruption jusqu’au règlement du problème du nord, parce que le réveil de ce dossier explique en partie l’agissement de la plupart des personnes fortement impliquées dans le détournement du denier public;
    3. Représenter la société civile par les religieux et le regroupement national des chasseurs parce que non seulement, ces structures ont donné un bon exemple de cohésion, mais aussi parce que et surtout tout le monde se retrouve d’une façon ou d’une autre dans l’une de ces religions;
    4. Interdire tous les regroupements tendant à entraver la conquête du Nord; et Fermer au besoin les radios nationales qui incitent à la violence;
    5. Envoyer des émissaires partout dans le monde pour sensibiliser l’opinion internationale sur le non fondé de la rébellion (Montant investi au nord, moyenne de ces montants par habitant au Mali en général et au Nord en particulier, les causes racistes de la rebellions de 3 à 5% de la population total du Mali, etc.);
    6. Tisser des liens de coopération militaire avec des pays dignes de cofiance dans le cadre de la récupération du nord;
    7. Application par le Gouvernement d’une plus grande fermeté vis avis des semeurs de trouble.

    Que Dieu Remplace l’agitation par la consolation, qu’Il fasse que la tristesse soit récompensée par le bonheur et qu’après la peur vienne la sécurité.

    Haïdara, Eaux et Forêts

  2. C’est sur il ya du complo on le sent meme à 1km… kel honte. honte pour les militaires. pourkoi il n’ya t-il pas de bélérouge? ou sont passé nos brave militaires? ou ils sont? ou est cet armée qui faisait la fierté des malien ? ou est passé le respect que les maliens avaient à leur ainé, à leur chef? ou est passé la dignité des malien? les miliotaire n’aiment plu le mali? dieu aide le mali et sauve les maliens de cette crise..

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