Pour la première fois depuis le début des opérations militaires, le général Yamoussa Camara est apparu, enfin, ce lundi devant les journalistes de son pays pour s’exprimer sur l’évolution de la situation au Nord et les récents événements qui ont ébranlé l’armée malienne. S’il vient tard, il s’agit d’un exercice salutaire, mais nécessaire à pérenniser.
Dans notre livraison du jeudi 7 février dernier sous le titre : “Guerre au Mali : le manque de communication du ministre de la Défense agace les Maliens”, nous dénoncions le déficit de communication du général Yamoussa Camara face à l’évolution des événements sur le théâtre des opérations et les contradictions au sein de l’armée nationale.
Dans cette réflexion, il nous est revenu de nous interroger sur les vraies raisons du silence du ministre Camara depuis le début des opérations de reconquête. Aussi, nous avions remarqué avec stupéfaction qu’au quotidien son homologue français rencontre régulièrement la presse de son pays dans le cadre du même exercice, et qu’ici le ministre Yamoussa refuse un tel exercice utile et obligatoire devant le peuple malien.
Moins d’une semaine après la publication de notre article, salué par de nombreux observateurs, nous sommes heureux de constater un changement dans la stratégie de communication du ministre malien de la Défense, lequel s’est livré ce lundi 11 février à un exercice du moins salutaire de la part d’une autorité d’un pays en crise.
L’affaire des bérets rouges et bérets verts et leur affrontement dans la matinée du vendredi 8 février dernier, les raisons de l’absence des troupes maliennes à Kidal, les accrochages intervenus ce dimanche 10 février à Gao entre les islamistes et les militaires maliens, etc. Autant de sujets que le ministre a abordés avec les journalistes maliens.
Convaincu ou non des explications, chacun y va de son commentaire. Mais en matière de libre accès à l’information, l’exercice est à saluer. Car aujourd’hui, le peuple malien a besoin, à travers les médias de son pays, de savoir ce qui se passe au quotidien sur le front de guerre. Après cette sortie du général Yamoussa devant les journalistes de son pays, nous osons espérer qu’il ne s’agira pas d’une dernière, et qu’il va désormais inscrire cet exercice dans son agenda hebdomadaire. Au moment où les forces armées et de sécurité doivent faire face au lynchage des médias étrangers sur de prétendues “exactions sur les Touaregs et Arabes”, le Mali doit communiquer sur tous les plans. La communication est indispensable dans la gouvernance d’un pays, mais en période guerre, elle l’est davantage, Monsieur le ministre…
Issa Fakaba Sissoko