Colonel Kéba Sangaré, en exclusivité : « Les soldats ont le moral parce qu’ils savent que les chefs hiérarchiques ne vont pas les oublier… »

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Colonel Keba Sangare
Colonel Keba Sangare

En exclusivité, le commandant des Opérations militaires de la Région de Tombouctou, le Colonel Kéba Sangaré, s’est confié à notre envoyé spécial dans la cité des 333 Saints. Dans l’entretien qui suit, l’officier revient sur la présence des Fama dans la zone, leurs rapports avec leurs frères d’armes français et onusiens, ainsi qu’avec les notabilités et les populations locales. Notamment, sur la sécurisation des personnes et des biens et les facilités que les militaires maliens aux frères de retour au pays.

 

 

 

Tombouctou sur le plan sécuritaire, comment se porte-t-elle?

 La Région de Tombouctou, une année  après sa libération, se porte  assez bien.  On cherche à atteindre le niveau excellent. Vous pouvez le constater déjà dans le marché avec la présence de beaucoup de commerçants qui, avant la libération, s’étaient presque tous exilés sous d’autres cieux. Maintenant, avec le retour de la paix et la liberté retrouvée, le marché est plein. Comme d’habitude, les Habitants vaquent à leurs occupations quotidiennes, les élèves vont  à l’école, l’administration est déjà sur place dans toute la Région. Donc, ça sous-entend que tout va bien, ou, du moins, tout commence à y bien aller.

 

 

 

Est-ce à dire que les actions que l’armée a menées ont eu l’adhésion des populations?

Absolument, l’armée que vous voyez est une armée nationale et le Mali appartient à nous tous. C’est le seul  bien qui appartient à nous tous et personne ne veut le partager. Cette armée est donc une armée républicaine. Elle est une armée nationale, ce n’est pas une armée étrangère ni une armée d’imposition, c’est juste une armée du Mali.

 

 

 

Étant donné que les gens ont peur de revenir ou sont parfois trop sceptiques, quel peut être l’apport de l’armée dans le cadre du retour des réfugiés?

Vous savez, avant le déclenchement de l’opération, les autorités militaires nous ont donné quelque  chose de très-très précieuse que les hommes n’oublient pas. C’est ce qu’on appelle le passeport du patrimoine. Dans ce passeport du patrimoine, il y a les coordonnées de tous les biens culturels et matériels de  Tombouctou, une zone classée patrimoine culturel mondial de l’UNESCO. C’est ce patrimoine qui est notre dignité. Et, dès notre arrivée, nous avons compris  cela et c’était  d’abord les exigences de nos autorités militaires: «Vous partez sur un territoire et non comme vous partez sur votre territoire». Et, parmi les militaires qui ont participé à la reconquête de Tombouctou, 50%  sont des natifs de cette Région. Donc, à notre arrivée,  Tombouctou n’a été libérée que par ses fils et les filles. C’est ensuite qu’ils ont été soutenus par des militaires des autres Régions. En d’autres termes, je voudrais vous signifier par là que l’armée malienne est toujours une armée nationale, des fils d’un même pays au service  d’un même peuple.

 

 

 

Et lorsque nous sommes arrivés, les populations nous ont accueillis de façon extraordinaire. Le retour de l’ascenseur, nous devons le retourner vers cette population. D’abord les rassurer. C’est ce qu’on appelle les actions civilo-militaires dont le commandement a encore mis à notre disposition un fonds spécial pour nous permettre d’aller jusqu’à l’intérieur de la Région pour faire des journées de sensibilisation enfin que la population soit rassurée qu’elle est  en face d’une armée nationale. Nous effectuons des visites de courtoisie et fraternité auprès de toutes les communautés. Nous leur apportons des soins médicaux  avec plusieurs autres formes d’assistance  telles qu’aller chercher des déplacés à l’entrées des  frontières pour les faire rentrer au bercail. Il ne faut pas oublier qu’on à anticipé sur les autres. On a mis en place un système de dispositifs d’’ordre sécuritaire fiables avec les élus locaux, les patriarches de Tombouctou, les Imams, les Chefs de quartiers, on a même pris des numéros de téléphone pour le cas des réfugiés et on les a invité de revenir.  Et, l’armée est là pour les sécuriser. De la frontière à Tombouctou et jusqu’à leurs villages. Parce qu’on a compris bien que dans ces camps de refugiés, il y a des gens qui ont fui  leur territoire à  cause des pressions des groupes armés et d’autres ont fui parce qu’ils ont commis des actes. Donc, la seule solution était d’inviter dument tout le monde à revenir chez soi; raison pour la quelle Tombouctou a enregistré un gros pourcentage de retour.

 

 

 

Dans cette perspective, l’armée œuvre sans relâche à l’assistance et à la protection de tous nos compatriotes qui sont en retour. On sécurise les convois  et leur indique des cheminements pour pouvoir venir jusqu’à Tombouctou. A la date d’aujourd’hui, aucun convoi humanitaire n’a été attaqué. Ils sont de loin surveillés par nos troupes et les contacts sont toujours établis avec ces chefs de fractions. Ainsi, chaque fois qu’il y a un convoi qui doit quitter, par exemple, la Mauritanie ou d’autres pays, on nous appelle pour nous alerter afin qu’on puisse prendre les dispositions sécuritaires nécessaires.

 

 

 

Toujours, dans le cadre de la facilitation du retour à tous nos refugiés, on a mis en place un système de bureau d’accueil au niveau du centre ville de Tombouctou. C’est pour ne pas contraindre à ceux  qui retournent dans leurs villages de venir obligatoirement au camp militaire. Seulement, on les conseillerait de venir s’identifier parce que beaucoup d’entre eux étaient partis en catastrophe, sans aucune pièce d’identité. Donc, quand ils reviennent, on les dirige vers la police, la gendarmerie pour leur faciliter l’obtention de ces papiers qu’ils ont perdus.  Même des militaires ont eu à faire perdre des papiers pendant la crise; mais, à la date d’aujourd’hui, on a reconstitué cela à 100%.

 

 

 

Ensuite, nous ne pouvions pas mener d’actions sans pour autant associer activement les chefs traditionnels, du gouverneur et de toute l’administration.  En somme, voila une synergie d’actions que nous avons entreprises et qui a permis au retour en masse de toute cette population qui s’inquiétait. Partez aujourd’hui au marché de Tombouctou, il est très bien fourni.

 

 

 

Mais, et en cas d’actes frisant de mauvais comportements inquiétants de la part de vos éléments?

 

Comme on a dit, notre armée n’est pas une armée de barbares. Et, aucunement, personne ne sera inquiétée par d’actes posés par un de ses frères ou ses fils. La justice est là. Celui qui commet d’actes répréhensibles est, un jour, obligé de revenir au Mali.

 

 

 

Si on voit les actes que l’armée est entrain de poser dans le vaste territoire de Tombouctou, on peut dire qu’elle  est entrain de récupérer l’intégrité de son territoire?

Effectivement! Les opérations militaires se déroulent en phases. Souvent,  pour certains, c’est lent. Or, il y a des principes et nous sommes sur ces principes. Après la reconquête, nous sommes dans la phase de stabilisation qui est une phase très critique. Il fallait d’abord passer par l’acceptation de cette armée par la population. Puis, nous avons entamé le retour progressif de nos unités sur leurs positions organiques. C’est pour quoi, vous allez voir, dans les Gourma, dans les Haoussa, qu’on a commencé à projeter nos effectifs pour occuper toutes nos anciennes positions et faire face à nos multiples missions qui ne sont autres choses que la défense de l’intégrité territoriale, des personnes et des biens à l’intérieur de notre territoire.

 

 

Comment se passe la cohabitation avec les forces serval et onusienne?

Nous sommes coresponsables des actes que les uns et les autres vont poser. C’est une synergie d’actions qui est là entre nous. Nous faisons des patrouilles ensemble. Là où serval  n’arrive pas, nous, nos troupes peuvent arriver, et là où nous n’arrivons pas, les forces Serval arrivent. C’est le même plan de travail avec la Minusma. Depuis notre arrivée, avant que la Minusma n’arrive, nous avons initié une synergie d’actions qui a plu à tout le monde.  Dès  les premiers instants, on a créé un bureau qui organise une réunion journalière  à la mairie. C’est avec le maire, les chefs de quartiers pour se donner des idées de la planification future que nous devions faire. Et, avec Serval on le faisait ensemble, la réunion est devenue hebdomadaire, avec la Minusma aussi.

 

 

 

Imaginez  lorsque nous sommes  venus, on a commencé par des fouilles et des patrouilles. On ne peut pas aller pénétrer les domiciles des gens sans passer par l’autorisation des chefs de quartiers qui nous ont toujours bien orientés face à l’ennemi commun. En termes d’idées et d’actions, nous pouvons être complémentaires.

 

 

 

Moralement, comment se porteraient la troupe?

Le moral des troupes est au beau fixe. Et, la troupe dont j’ai la charge de commander,  s’est mesurée avec ces vagues de jihadistes. Au début, il faut le reconnaître, ce n’est pas possible avec le monde de combat qu’on avait en face avec les attaques. On s’est battu farouchement contre ces jihadistes. Une et deux fois, ils ont compris qu’ils avaient, en face d’eux, des enfants qui sont là avec le seul but de sauver ce Mali.

Encore, ces jeunes sont fiers du commandement en place parce que beaucoup a été fait pour remonter leur moral. Ils ont le moral parce qu’ils savent que les chefs hiérarchiques ne vont pas les oublier.

Alpha M Cissé, envoyé spécial à Tombouctou

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3 COMMENTAIRES

  1. MERCI MON COLONEL QUE DIEU BÉNISSE L ARMÉE MALIENNE. JE TÉMOIGNE TON BON COMPORTEMENT ENVERS TES TROUPLES .MON GRIN FAIT DOS À TON MUR À LA BASE JE SUIS EMPLOYEUR D UNE INSTITUTION À CHAQUE FOIS QUE TU PASSES DEVANT NOUS TU NOUS JETTES UN COUP DOEIL PAR TON SALUT AVEC PLEIN SOURIRE.DIEU BÉNISSE LE MALI

  2. Petit fils de grand Père Capitaine Issa, fils du général tonton Pangassi Sangare toi, le général Didier Dakouo et les autres vous faisiez la fierté des bobos ethnies marginalisé au Mali

  3. “Vous savez, avant le déclenchement de l’opération, les autorités militaires nous ont donné quelque chose de très-très précieuse que les hommes n’oublient pas. C’est ce qu’on appelle le passeport du patrimoine. Dans ce passeport du patrimoine, il y a les coordonnées de tous les biens culturels et matériels de Tombouctou, une zone classée patrimoine culturel mondial de l’UNESCO”.
    Voici un GRAND HOMME.
    Merçi MILLE fois,méme si je sais que,par modestie vous me direz “Je suis seulement entrain de faire mon DEVOIR afin que le MALI et son ARMEE soient sur PIED.
    Merçi.

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