Chute du régime ATT : Les Putschistes adulés par les uns, vomis par les autres

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Médusés, les Maliennes et Maliens se sont réveillés le 22 mars 2012 avec l’annonce du renversement par la force du président ATT. Une mutinerie qui a démarré du camp militaire de Kati, a fini par la prise de pouvoir, par les mutins. Un coup d’Etat sur lequel se prononcent ici certains compatriotes.

Mohamed Sissoko (Carreauleur) : Vous savez, dans la vie, il ne faut pas faire  tout ce qu’on peut.ATT, s’en foutait de l’avis du peuple. Dieu ne dort pas, voilà le résultat. Il a géré ce pays comme si c’était son héritage paternel. Le Mali se résumait seulement à lui et à ses proches. Nous, les pauvres, on n’avait nos yeux que pour pleurer. Tout est cher aujourd’hui et  quand on se plaint que le prix du riz a grimpé, il ne trouvait d’autres choses à dire que lui-même achetait le sac de riz à ce prix. Bien vrai qu’il a embelli le visage de la capitale, on a faim. Nous attendons des nouvelles autorités qu’elles fassent tout pour que les denrées alimentaires soient à la portée de tout le monde.

Mamadou Touré (Commerçant) : Je ne me réjouis pas en fait de la chute  du régime d’ATT. Il a travaillé, reconnaissons-le, mais seulement son plus grand tort a été son manque de fermeté face à la gestion de la crise du Nord. Si ATT avait pris acte des mécontentements des femmes de Kati en dotant nos forces de sécurité des arsenaux de guerre conséquents, on n’en sera pas là.

Salif Sangaré (Fonctionnaire) : Cette chute était prévisible, dans la mesure où ATT gérait ce dossier sécuritaire de façon trop personnelle. Il aurait du changé de fusil d’épaule dès que la négociation ne marchait pas.

Siaka Traoré (Diplômé sans emploi) : La chute du régime d’ATT n’est que l’expression de la souffrance du peuple. On est fatigué de ce pouvoir qui a tout ramené à lui et à ses proches. On ne trouvait plus du boulot dans ce pays, même si on est pétri de diplôme. Il faut être membre du cercle présidentiel restreint pour gagner un emploi. Du coup, les pauvres sont exclus de la gestion du pays, d’autant que nos parents peinent à nous sustenter. Nous attendons du nouveau pouvoir de tout mettre en œuvre pour que tous les citoyens, sans distinction, aient accès à la fonction publique. Le seul critère pour avoir accès à l’emploi devra désormais  être le mérite.

Sofian Traoré (Etudiant) :L’ex-chef de l’Etat ATT n’a récolté que ce qu’il a semé. Il était trop sûr de lui, parce qu’il a réussi à acheter le silence des Généraux. Ce soutien de la hiérarchie militaire lui fait perde de vue de la réalité du pays. Le recrutement dans la fonction publique se faisait par affinité, pas de place les pauvres citoyens. Toute chose qui contribuait à affaiblir le niveau des élèves et des étudiants. Tu termines tes études avec toutes les difficultés du monde et après, tu t’assoies dans la rue sans activités. Des gens qui ont obtenu leurs diplômes de façon illégale sont recrutés en clando dans la fonction publique sans même faire le concours. Il fallait un changement pour assainir l’administration.

Lassine Sogoba (Enseignant) : Vraiment ce renversement du pouvoir semble être un bon signe pour redonner la confiance à un peuple désemparé. Rien n’allait plus dans ce pays. ATT a détourné le but de la révolution du 26 Mars 1991.Nous espérons que les choses vont beaucoup changer. Le peuple a actuellement les yeux rivés sur la junte militaire. Il faut qu’elle réussisse à ramener la paix au nord du pays et à organiser des élections libres, paisibles et transparentes. Sans quoi, …
Propos recueillis par Boubacar Sidibé (Stagiaire)

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