Chronique satirique : L’armée qui patrouille à pied

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Les hauts personnages de l’Etat n’arrivant pas à s’entendre sur l’usage de 8,9 milliards destinés à acheter des véhicules pour l’armée, celle-ci continue, au nord, à effectuer ses patrouilles à pied. Quel spectacle !

Soldats_MaliensL’armée malienne patrouille à Gao à pied. Vous avez bien lu: pas à dos d’âne ou de cheval, mais à pied. La révélation ne vient pas de moi (je vis à 1000 km de ces hauts lieux de marche, grâce à Dieu!) mais du commandant en chef des opérations, le colonel-major Didier Dacko. Il semble que le colonel n’ait pas tort puisque de retour d’un voyage au nord, le procureur général de Bamako, Daniel Tessougué, quoique magistrat et non militaire, a cru nécessaire de signaler que nos soldats manquent de tout, même de casques et de gilets pare-balles. En somme, ils sont à la merci d’un simple lance-pierres. Les propos de Tessougué et du colonel Dacko trouvent confirmation dans des images qui font le tour du Net: on y voit des soldats maliens coiffés de bonnets de chef de village et chaussés de vieille godasses de la 1ère guerre mondiale. On les prendrait pour des chasseurs de pintades plutôt que pour des soldats d’une armée moderne. Pourtant, le ministre des finances, Tiena Coulibaly, soutient, lui, que l’armée malienne ne manque de rien. Si on lui laissait continuer sa douce mélodie, monsieur le ministre aurait sans doute fini par nous raconter que nos hommes se nourrissent, matin et soir, de gigots de mouton assaisonnés de crème au raisin !

Mon propos n’est point de trop aiguiser l’appétit des soldats, leur métier étant un sacerdoce, mais d’inviter les autorités à sortir de leurs illusions. Jeune Afrique (livraison du 31 mars 2013), citant un officier nigérien, note qu’à Gao, où campent les forces maliennes, sénégalaises et nigériennes,  “toutes les infiltrations réussies par les jihadistes l’ont été dans les zones contrôlées par les Maliens”. Pourtant, nos soldats ont des yeux pour voir et des oreilles pour entendre. Leur problème, c’est qu’ils n’ont pas assez d’engins roulants pour rattraper les jihadistes, lesquels, maigres et souples comme un serval (oui, oui!), ne se laissent guère approcher à pied. On comprend maintenant pourquoi les nôtres n’arrivent pas à prendre pied à Kidal.  Qu’irait donc chercher dans les montagnes du Tighergar un soldat dépourvu de la moindre bicyclette et qui n’a pas trouvé de place dans les hélicoptères français ?

Récemment, il a été question d’acheter 200 véhicules 4X4 pour l’armée. Le hic, c’est que l’argent qui devait servir à l’achat provenait du Fonds d’accès universel, une cotisation des opérateurs téléphoniques destinée, non à faire la guerre, mais à étendre le réseau téléphonique dans les zones peu rentables du pays. Les 200 véhicules deviennent de plus en plus un inaccessible rêve puisque les personnalités impliquées dans leur acquisition se livrent une guerre qui rappelle l’assaut  jihadiste sur Konna. En effet, les opérateurs téléphoniques refusent que l’argent collecté (8,9 milliards) serve à acheter des véhicules. Ils avaient accepté verbalement, mais quand on leur demanda de signer un accord écrit, ils demandèrent à réfléchir   De deux, l’Autorité Malienne de Régulation des Télécommunications, qui a eu l’idée de proposer les 8,9 milliards pour l’achat de véhicules, est accusée de se mêler de ce qui ne la regarde pas. Exactement comme un pêcheur de Sévaré qui voudrait enseigner le droit constitutionnel! De trois, le commerçant Babouya Sylla, qui était à deux doigts de mettre la main sur le marché, l’a vu filer sous son nez au motif qu’il n’y a pas eu appel à la concurrence et qu’en haut lieu, on craint que l’intéressé ne vende à notre chère armée de la quincaillerie chinoise.En fin de compte, le Premier ministre, Django Cissoko, a décidé de faire virer les fonds de la discorde dans un compte spécial du trésor. Pour le protéger ? Hum… En tout cas, tel n’est pas l’avis de la société Orange Mali qui, maligne comme une guénon, a trouvé une riche idée pour beurrer son gâteau à partir des fonds bloqués. Orange a convaincu le ministre des postes qu’ayant cotisé le plus au fonds, elle avait le droit d’obtenir restitution de 2,5 milliards pour réparer à moitié les dégâts de 5 milliards que les jihadistes auraient causés à ses installations au nord. Comme personne, pas même le Vérificateur Général, ne peut vérifier auprès d’Iyad Ag Ghali ou d’Abou Zéid le sort qu’ils ont infligé aux machineries d’Orange, la demande de celle-ci, quoique appuyée par le ministre des postes, a fini dans un panier à salade.Au reste, si Orange obtient restitution de 2,5 milliards, combien devra-t-on remettre à Malitel qui, bien avant Orange, desservait les zones peu rentables du Mali tout en cotisant au Fonds d’accès universel ?

On le voit, les querelles de chefs ont miné la meilleure chance pour l’armée d’acquérir des véhicules. En attendant que les uns et les autres accordent leurs violons, nos soldats continueront de patrouiller à pied. C’est tout de même paradoxal de voir que dans un pays pauvre comme le nôtre, et de surcroît en guerre, 8,9 milliards dorment quelque part sur leurs deux oreilles sans qu’on sache à quoi les utiliser!

Je sais qu’on ne m’écoutera pas mais moi, je propose qu’on distribue la cagnotte aux victimes du putsch du 22 mars. La clé de répartition que j’imagine ne fera l’objet, vous le verrez, d’aucune objection. En effet, la première grande victime du putsch est, sans conteste, le“Vieux Commando”. Non seulement le brave général a perdu son palais, mais en outre, il a été obligé, à 63 ans, de dévaler la colline de Koulouba à dos d’homme avant de s’exiler à Dakar, à mille lieues de  Mopti, sa ville natale où il projetait d’aller égrener le chapelet. Le pauvre a assurément droit à 30% des 8,9 milliards, n’est-ce pas ?

La seconde grande victime du putsch est le docteur Oumar Mariko. Lui qui rêvait de changement a soutenu le putsch à l’aube du 22 mars, avant même le chant du coq. Plus tard, le capitaine ayant été submergé de courtisans et de révolutionnaires de la 25ème heure, Mariko a été oublié. Il n’a pu glaner ni la primature, ni un ministère, ni une direction nationale. Même sa clinique n’a pas été rénovée. Pis, il se voit ces derniers jours embarquer, comme un malheureux journaliste, vers les violons de la Sécurité d’Etat ! Le préjudice moral qu’il a subi vaut bien qu’on lui remette 20% du fonds.

Troisième grande victime du putsch: l’astrophysicien Cheick Modibo Diarra. Voilà quelqu’un qui a visité la planète Mars, qui a reçu les “pleins pouvoirs “ de la CEDEAO et qui, à la fin, s’est vu obligé, baïonnettes à la tempe, de lire sa démission vers 4 heures du matin, à l’heure où même le muezzin dort. C’est dire que quelqu’un a “facilité” le crash, en plein ciel malien,  de la belle navette spatiale de Diarra. Et le prix d’une navette, c’est de loin plus élevé que celui des avions Rafale et Gazelle français qui ont servi à chasser les jihadistesdu nord.Diarra mérite 20% du fonds pour réparer toutes causes de préjudice confondues.

Aha! J’oubliais l’une des principales victimes du putsch: le président Dioncounda Traoré. Vous pouvez penser qu’il se la coule douce à présent, mais n’oubliez pas qu’il a vu pleuvoir sur sa tête quantité de coups de bâton en mai 2012. C’était à la belle époque des Conventionnaires et de Yerewolo Ton. Une bastonnade présidentielle, c’est un délit si inimaginable que le Code pénal ne le prévoit pas. Et un président de 70 ans qui survit à pareille bastonnade mérite, croyez-moi, de ramasser le reste de la cagnotte. Surtout qu’il est généreux et qu’il n’oubliera pas d’en refiler une pincée à son ami et frère capitaine de Kati.

 

Tiékorobani

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16 COMMENTAIRES

  1. A vendre 4×4 Toyota en parfait état , préalablement volé à l’armée Malienne lors de la dernière dotation et dont je n’ai plus l’usage , ayant récemment réussi à piquer un hélicoptère Français .
    pour plus de renseignements demander A H Sanogo de 11h à 13h puis à partir de 16h30 après la sieste . :mrgreen:

  2. Mon cher vous n’avez pas tout a fait tord, il faut une tres grande reforme et reequipements de nos forces de securite. Mais par contre les patrouilles a pied sont plus que necessaires aussi tant qu’a equipe le peu qu’on a pour l’instant aux patrouilleurs a pied. Les jihadistes n’ont pas des casques et des jilets par balles. Il faut que le commandement aussi utilise sa cervelle.

  3. Tout en suivant « UN OEIL SUR LA PLANETE » sur France 2, je me pose des questions sur la finalité, les visées de la France dans la crise malienne. Que cache cette pression pour que les élections se tiennent en fin juillet, sans possibilité de report?

    Ce dont je me convaincs, c’est que la France s’offre une page de publicité susceptible de la positionner comme deuxième gendarme du monde, mais qu’elle fait la part belle à cette rebellion, au MNLA.
    L’émission que je suis n’est donc qu’un tissus de propagande favorable à la France et au MNLA. L’intérêt du Mali dans ça? Je n’en vois pas en dehors de la libération partielle du territoire.

    Aucun mot à propos de l’aide inestimable du Tchad. Aucun mot de l’effort tchadien jusque-là! Et le MNLA qui est dissocié du djihadisme!

  4. Pour une fois que nous avions un journaliste qui a de l’humour…. il tombe à côté !
    Ben oui, la guerre se gagne à pieds.
    On “casse” la force adverse avec les avions et les canons, mais on gagne ou on perd à pied.

  5. Monsieur le journaliste ,honnetement est-ce que tu penses qu’il est possible de patrouiller avec une land cruiser pick up dans la rue que tu nous montre ici ?

  6. Il n’y a pas de mal à patrouiller à pied!!Cela permet de ratisser fin et large. Quant à critiquer le dénuement de cette armée, cela est une évidence que l’armée manque de beaucoup, que les moyens sont concentrés entre les mains de ceux qui ne montent pas au front.

  7. C´est toujours ces mèmes frères ennémis Maliens appélés journalistes qui éssayent toujours de semer la mésentente entre nos armées et pousser certains ignorants á se mettre contre ces INNOCENTS soldats Fils Dignes du Mali qui ont fait savoir á toute la population Malienne la vraie FACE DE CE GRAND COMPLOT que personne n´imaginait.
    Cet article de ce indigne journaliste énnemi des Maliens,n´est rien d´autre que de pèser la connaissance politique de nos vaillants dirrigeants,en les appelant victimes du PUTCH pour les pousser a se mettre contre les miserables soldats dont leurs compagnons d´armes ont été fraichement égorgés faute de la Manque d´armes,mais Dioncounda comme les autres cités connaissent la politique plusque le PÈRE de ce PEDANT TIÈKOROBANI,car sans ce PUTCH Dioncounda peut ètre n´allait jamais ètre PRÉSIDENT aujourd´huie.

  8. Et puis, le journaleux malien se permet d’écrire “patrouillent à pied”. les soldats maliens sont quand même des bipèdes et patrouillent à PIEDS.

  9. Tièkorobani tu n’es qu’un Fafanfron , comment veux tu que l’on patrouille
    dans les Boloboloni comme on le dit en Bambara (petites ruelles ) avec un véhicule, ou tu peux te retrouver directement dans une famille en continuant ton chemin dans une rue et dalleur cette image à été prise à Kadji une petite localité à coté de Gao pour qui connait la zone il y a pas une route pour véhicule dans ce village.
    Tu parle tantôt d’équipement , les Tchadiens ne sont pas mieux habillé que les soldat Malien mais pourtant personne ne peut douter de leur efficaciter sur le terrain. La Geurre est une question de moyen certe mais une question de cœur d’abord sinon 80% des armes et véhicules qui ont été saisie aux Djihadiste appartiennent à l’armée malienne, ceux qui écoute la radio RFI ne me dirons pas le contraire nous avons tous vue à la télé les arsenaux requipérés sur le terrain .
    Donc la question que je me pose est de savoir s’il est prudent de remettre nos armes à ceux qui sont prêt à fuir .

  10. Il faut noter que même si l’armée malienne avait un milliard de véhicules, les patrouilles à pieds resteraient toujours incontournables. Je ne vois dons pas ce que cet article a de satirique. En matière militaire les patrouilles se font aussi bien à pieds qu’en voiture. Et puis les soldats maliens peuvent servir au niveau des positions fixes et laisser les sénégalais, les guinéens et les autres (qui ont l’équipement) patrouiller le temps que le gouvernement malien fasse le nécessaire. Et quand j’imagine que c’est un malien qui parle de la sorte des troupes de son pays……

    • Tout a fait
      tout simplement, notre ami journaliste a du voir les hélicoptères et autres chars de l’armée française et s’imagine qu’on peut patrouiller dans une ville a bord de ces engins (alors que les terroristes se deplacent a pied ou motos la plupart de temps…).
      Il ne faut pas oublier comme le precise kelemonzon, notre armée a abandonné ses bagages lors de son retrait (ce qui explique que beaucoup de bandits ont un uniforme de l’armée)

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