Le 30 Aout 2023, le peuple gabonais a découvert des nouveaux visages des hommes en uniformes, à la Télé, avec un porte-parole s’adressant à leurs compatriotes. Dans leur adresse, ils disent avoir mis fin au régime autocratique d’Ali Bongo. Quelques heures, la joie d’une écrasante majorité du peuple a été de courte durée que les putschistes ont présenté le général Brice Oligui Nguema comme étant l’homme qui a été unanimement désigné pour diriger la transition. Des langues se sont très vite déliées pour parler de révolution de palais et non de coup de grâce pour le peuple gabonais. Car le Général Brice Oligui Nguema qui semble mettre fin à la dynastie Bongo au pouvoir au Gabon n’est rien d’autre qu’un cousin au Président déchu, donc membre de la dynastie Bongo au pouvoir depuis plus de 50 ans. Malgré les accointances du nouvel homme fort du Gabon avec le pouvoir déchu doit-on réellement jeter le bébé avec l’eau du bain ? L’alternance est-elle réalisable au Gabon ? Que faut-il faire pour rassembler tous les gabonais autour de l’essentiel ?
La goutte d’eau qui a fait déborder le vase a été sans nul doute la présidentielle qui a eu lieu le 26 Août dernier et dont les résultats ont été proclamés en catimini au-delà de minuit. Cette élection dont Ali Bongo est sorti largement vainqueur avec plus de 60% a suscité de la révolte au sein de la garde présidentielle. Cette unité d’élite en complicité avec d’autres a décidé de mettre fin à cette mascarade électorale et du coup au règne sans partage de la dynastie Bongo au pouvoir depuis plus d’un demi-siècle. L’intention était bonne et l’action salvatrice sauf que celui qui s’est présenté au peuple est non seulement un habitué des allées du palais, mais aussi et surtout est membre de la dynastie Bongo, d’où le désenchantement de beaucoup de gabonais et surtout une révolte du challenger de Bongo, Albert Ondo Ossa qui a d’ailleurs qualifié le coup d’Etat de révolution de palais.
Pour rappel les résultats proclamés avaient donné 30,77 % à Albert Ondo Ossa contre 64, 23 % à Ali Bongo, donc après le renversement de ce dernier l’opposant s’attendait et s’attend toujours à un recomptage des voix pour restituer au peuple gabonais sa victoire. Il demande au Comité pour la transition et la restauration des institutions, CTRI, de lui permettre de réaliser l’alternance pour laquelle le peuple Gabonais s’est mobilisé. Albert Ondo Ossa se dit déterminer à aller jusqu’au bout du combat pour le changement et a lancé un vibrant appel à tous les gabonais épris de paix et de justice à se joindre à cette lutte pour déraciner le système de prédation qui a pignon sur rue au Gabon depuis plus d’un demi-siècle
Malgré les accointances du nouvel homme fort du Gabon avec le pouvoir déchu doit-on réellement jeter le bébé avec l’eau du bain ?
Même si le Général Oligui est membre du cercle restreint de la dynastie Bongo, ne peut-on pas lui accorder des circonstances atténuantes à défaut d’une présomption d’innocence ? Il serait très dangereux de rejeter en bloc tout ce que les putschistes vont proposer, encore moins de jeter le bébé avec l’eau du bain. Donc il revient au Général Brice Oligui Nguema et ses frères d’armes de poser des actes qui concourent à une sortie rapide de crise et surtout de rassembler tous les gabonais autour de l’essentiel. C’est à ce prix que les opposants pourraient se rallier au camp des putschistes.
En somme, l’alternance est bien possible au Gabon, si et seulement si les tenants actuels du pouvoir ont cette volonté. Une bonne transition est celle qui est la plus courte possible et qui s’attaque aux réformes les plus urgentes, assorties d’élections libres transparentes et crédibles dont les résultats seront acceptés par tous les candidats. Brice Oligui Nguema quoi sera investi ce lundi 4 septembre 2023, a l’occasion d’écrire une page glorieuse de l’histoire contemporaine du Gabon.
Oumou SISSOKO