Suite aux interpellations incessantes, aux agressions physiques et aux intimidations des journalistes, la presse malienne a organisé hier mardi, 17 juillet 2012, une grande marche de protestation, du siège du journal L’Indépendant sis à l’ACI 2000 à la Primature. Là, les journalistes ont remis une Déclaration au Chef de Cabinet du Premier Ministre. L’événement a regroupé, en plus des hommes et femmes des médias, les hommes politiques, les membres de la société civile, des anonymes et tous ceux qui se battent pour l’encrage de la démocratie et pour le respect et la protection des droits humains.
Ils étaient tous là, les responsables des Associations de presse : Makan Koné président de la Maison de la Presse ; Dramane Aliou Koné, président de l’ASSEP ; Ibrahim Famakan Coulibaly, président de l’UNAJOM ; Tiégoum Boubèye Maïga, président du groupe patronal de la presse ; Abdoulaye Séga Diabaté de l’URTEL ; Sambi Touré, président de l’ODEP ; Ousmane Maïga, dit Pelé, Directeur de la rédaction du quotidien national L’Essor ; Oumar Baba Traoré, président de l’AJSM ; Baba Dagamaïssa, DG de l’ORTM ; M. Harouna, président des photographes du Mali, entre autres.
En outre, il y avait des agences de presse internationale (Chine Nouvelle, Reuters, AFP, etc.) et les chaînes internationales (TV5, AFRICA 24, Reuters TV, AFRICABLE…). Il faut citer aussi la présence des radios internationales telles que BBC, RFI, la Voix de l’Amérique. A signaler également la grande mobilisation de l’ORTM et de tous les Directeurs de publications et responsables des radios privées.
Cette longue marche de protestation a commencé vers 9 heures au siège du journal L’Indépendant, via le Bureau du Vérificateur, le rond point, la Place Bougie, le Monument Kwamé N’Kruma, la BHM, pour se terminer à la Cité administrative. Sur place, le cordon de sécurité au niveau de la Primature a refusé aux marcheurs d’accéder à la cour de la cité administrative.
Mais sur insistance des hommes et femmes des médias, la sécurité a finalement cédé. Et pacifiquement, les marcheurs ont continué jusqu’aux perrons de la Primature. Une délégation de journalistes est alors montée pour aller remettre une déclaration de protestation au Directeur de cabinet du Premier Ministre. A rappeler que le Premier Ministre, Cheick Modibo Diarra, était à Ouagadougou ce mardi.
En plus de la marche de protestation, une «Journée sans presse» a été bien observée par les organes de presse (journaux, radios, télé).
Il aussi ajouter que les journalistes ont été soutenus par la présence physique des hommes politiques comme Aly Nouhoum Diallo, Ibrahim N’Diaye, Mountaga Tall, Djiguiba Kéïta dit PPR, Ousmane Sy, Almoubareck, Amadou Sy, Mme Sy Kadiatou Sow, Timoré Toulenta… On notait aussi la présence des différentes Associations des droits de l’homme, notamment des membres de l’Association Malienne des Droits de l’homme (AMDH).
La marche a été encadrée par un dispositif sécuritaire très impressionnant.
Ahmadou MAÏGA
Maison de la presse du Mali : Suite à l’agression de Saouti Labass Haidara
C’est avec consternation que la presse malienne a appris l’enlèvement et l’agression lâche de Saouti Labass Haidara, directeur de publication du quotidien “l’Indépendant”, dans la nuit du 12 au 13 juillet 2012 par des individus armés.
En effet, il a été enlevé par 6 personnes, encagoulés, armées jusqu’aux dents et transporté à 40 kms de Bamako, sur la route de Ségou, à bord de deux pick up. C’était aux environs de 21heures au siège du journal sis à Hamdallaye ACI 2000. Devant l’opposition du personnel de la rédaction et des voisins du quartier, les tortionnaires ont ouvert le feu, causant des dégâts matériels sur le bâtiment qui abrite le siège du journal. Il en est sorti avec une blessure grave au niveau de la tête et une fracture du bras droit.
Cette agression fait suite à une interpellation de Saouti Labass Haidara par les services de la sécurité d’Etat, le 16 mai 2012.
Aujourd’hui, ces agressions contre les hommes de presse sont devenues monnaies courantes et menacent sérieusement la liberté de la presse et l’exercice de la profession de journaliste au Mali.
Nous rappelons que depuis un certain temps, des journalistes sont victimes d’intimidation, d’enlèvement et d’agression. C’est le cas de :
– Birama Fall, directeur de publication du Prétoire,interpelé par la sécurité d’Etat, le 09 mai dernier.
– Chahana Takiou, directeur de publication du 22 Septembre convoqué par la sécurité militaire le 24 mai 2012.
– Abdrahame Keïta, directeur de la rédaction du journal AURORE, enlevé et agressé le 2 juillet dernier.
Aujourd’hui, c’est un des doyens de la presse malienne, El Hadj Saouti Labass Haïdara qui vient de subir, à 62 ans, la barbarie de forces obscures.
Nous, Associations et organisations professionnelles de la presse du Mali, condamnons avec la dernière énergie les intimidations, enlèvements et agressions dont les journalistes font l’objet dans l’exercice de leur profession. Nous disons que trop c’est trop. Plus jamais ça!
Nous interpellons avec insistance les plus hautes autorités du pays à prendre toutes les dispositions pour faire la lumière sur toutes ces agressions sauvages et barbaries aux antipodes de la démocratie et de la liberté de la presse.
Nous lançons un appel aux démocrates et défenseurs des droits de l’homme à une mobilisation totale en faveur des journalistes afin de sauvegarder la liberté de la presse.
Nous interpellons ouvertement le gouvernement du Dr. Cheick Modibo Diarra à prendre ses responsabilités pour que plus jamais un journaliste ne soit inquiété dans l’exercice de sa profession.
Vive la presse malienne!
Vive la démocratie!
Vive le Mali!