Le vendredi dernier, qu’elle ne fut la surprise de la population malienne, singulièrement, les habitants de Bamako d’apprendre que des militaires ont fait une descente sur le camp des commandos parachutistes de Djicoroni ! Au début de la journée, c’était le règne de la confusion mêlée à de la panique. Confusion parce que certains avaient laissé circuler la rumeur selon laquelle il y avait des échanges de coups de feu entre bérets rouges et bérets verts. Il n’en était, absolument, rien. Avec des coups de feu de somation, forcément, il y a panique au sein de la population. Cela est compréhensible. Mais, la réalité dans cette situation, est tout autre. Que s’est il passé au juste ?
Il ressort selon des observateurs et des sources dignes de foi, que le vendredi dernier, des militaires venus de Kati, QG de la junte avaient tenté de mettre en application une décision du chef d’Etat major général des armées, selon laquelle, il fallait déloger les bérets rouges du camp para de Djicoroni. A l’arrivée des bérets verts, ils n’ont pas trouvé sur place de bérets rouges. Les militaires qui avaient mission de déloger les bérets rouges, devaient faire plutôt face à leurs enfants et épouses. Branle- bas de combat dans le camp para de Djicoroni. Selon des témoignages, les bérets verts ont voulu fouiller les effets des bérets rouges. Ils se sont butés à la résistance des épouses et enfants des bérets rouges. Ils ont du braver des jets de pierre. Il y eut des tirs de sommation. Consécutivement à cela, il y a eu des blessés et deux adolescents tués.
Le moins qu’on puisse dire aujourd’hui, c’est que le Mali n’a pas besoin d’une situation de guerre. Au moment où la communauté internationale est mobilisée autour du Mali pour lui apporter son soutien, cet incident ne vient pas à point nommé. L’armée malienne devrait laisser en veilleuse ses contradictions internes en attendant la fin des opérations militaires au nord. Malheureusement, elle a encore étalé ses contradictions sur la place publique. C’est une situation qui n’honore ni le Mali ni son armée qui donne l’impression qu’il y a plus urgent que la libération du nord du pays. C est à la foi dommage et regrettable que nous en soyons encore- là. On se rappelle que ces derniers temps, le chef d’Etat major général des armées a fait quelques interventions à la télévision nationale par rapport aux relations entre les bérets rouges et bérets verts. Dans ses propos, il avait laissé entendre que certains bérets rouges refusaient d’aller au front et qu’ils avaient des comportements répréhensibles. Avant de préciser que dans les cas d’espèces, ils pouvaient encourir la radiation pure et simple dans l’armée.
Entre ces déclarations et la descente du vendredi dernier sur le Camp para, il y a des points d’ombre, en ce sens qu’au lieu de vouloir les déloger de force du Camp, si nécessaire, on aurait du appliquer purement et simplement les textes et prendre les sanctions qui s’imposent. Pour rien au monde, on ne devrait en venir à nouveau à des affrontements entre les deux entités de l’armée. L’opinion nationale et internationale est fortement déçue par cette sortie, pour le moins inutile ayant causé la mort de deux adolescents et plusieurs blessés. Ces préjudices ne doivent pas rester impunis car, on pouvait les éviter. Cette attaque du Camp para de Djicoroni pose la problématique de la gestion du pouvoir au Mali. Il semble que, jusqu’ici, les ex-putschistes ont du mal à accepter que le pouvoir politique soit géré par des politiques. Tant qu’ils ne se débarrasseront pas de cette idée jurant avec toute pratique démocratique, il n’y aura que des confusions généralement sources des préjudices divers allant jusqu’à des pertes en vies humaines. Il est plus que jamais nécessaire de mettre fin à des pratiques du genre.
Tiémoko Traoré