Armée malienne : Un grand corps malade

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Notre Armée Nationale est malade, et très malade de ses dirigeants. A entendre par dirigeants, tous ces officiers supérieurs qui constituent la chaîne de commandement de nos différentes troupes. N’est-il pas temps aujourd’hui que les plus hautes autorités du pays, le président de la République, Chef Suprême des Armées, en tête, se donnent un temps de répit, si minime soit-il, pour jeter un regard critique sur le fonctionnement de notre Armée ? Car, qu’on ne se voile pas la face, une réorganisation de l’Armée, avec à la clé, un nouveau redéploiement des cadres beaucoup plus compétents et beaucoup plus aux faits des orientations des Armées dites modernes, s’impose aujourd’hui. Si tant est vrai, cet adage allemand qui dit que « le poison pourrit toujours par la tête » !

L’Armée malienne a une histoire, son histoire, oh combien glorieuse, jalonnée au passage de l’ombre et de l’esprit des grands homme qui l’ont façonné, qui lui ont donné toute sa renommée ! Vouloir les citer ici relèverait d’une tâche fastidieuse, au risque d’en oublier certains, ou de susciter la jalousie d’autres. Dans un article précédent nous parlions de l’irresponsabilité du commandement de notre  vaillante Armée. Dans la même veine, nous  la mettrons en évidence à partir d’exemples beaucoup simples, mais combien évocateurs de l’état de déconfiture dans les rangs de nos troupes. En effet, qui aurait imaginé, du temps des Kissima Doukoura, des Madou Coulou et autres, que des encadreurs dans une école militaire, ou dans un Centre d’Instruction, poussent l’audace jusqu’à tuer des élèves en formation ? Non, ce n’était pas imaginable ! Pourtant, ces braves soldats qui ont donnée à l’Armée toute sa splendeur n’étaient pas des « dieux ». C’étaient des humains comme nous tous, mais qui, de par leur carrure de meneurs d’hommes, de leur force de caractère, ont su asseoir l’ordre et la discipline au sein de nos forces armées et de sécurité. C’est cela l’Armée, sinon rien d’autre ! Il est regrettable de constater que cette Armée soit devenue aujourd’hui comme une paille, au point d’humilier la Nation ! La Nation malienne a été humiliée, quand des vaillants soldats ont été pris en otage au Nord-Mali, avec, en sus, des officiers. Le peuple malien a été humilié, quand un apprentit terroriste, arrêté et enfermé dans les locaux de la Sécurité d’Etat, et sous haute surveillance, à réussi à prendre la tangente ! Certes, le terroriste d’un jour a été rattrapé. Certes, le Directeur Général de la Sécurité d’Etat a été relevé. Mais vu que ce n’était pas le rôle du D.G de la S.E, bien que premier responsable de la structure, donc responsable moral, de monter lui-même la garde, il est évident qu’il y avait une complicité à l’interne. A-t-on situé toutes les responsabilités dans ce dossier ? Les complices de l’apprenti terroriste ont-ils été arrêtés et punis ? Le citoyen lambda ne le saura jamais ! Dans ces quelques exemples cités ici, tout comme dans le récent incident de l’EMIA, une seule vérité évidente s’érige en réponse de tous nos questionnements par rapport au grand corps malade qu’est notre Armée nationale : la faillite dans le renseignement militaire ! Faillite dans le traitement de l’information ! Faillite dans les conditions de recrutement du personnel militaire ! Sommes-toutes, des conséquences de la gestion clanique qui s’est incrustée au cœur de notre Armée ! Un clan plus apte à protéger ses arrières, plus prompt d’œuvrer à son propre confort et à la promotion de ses ouailles. Un clan qui n’hésite pas à manipuler les renseignements militaires pour parvenir à sa fin ! Voilà le vrai visage de notre Armée ! Cela est d’autant plus vrai que la situation ne pouvait pourri a  ce point à l’EMIA à l’insu des services de renseignement militaires. Et si tel était le cas, cela ne fait que corroborer la thèse de la faillite de la chaîne de commandement, confinée dans un clanisme qui ne dit pas son nom. Que le chef d’Etat major Général des Armée publie la liste de recrutement des deux derniers contingents de l’Armée, l’opinion saura que ce qui s’est passé à l’EMIA devait bien se produire un jour ! Des maniaques, des alcooliques et autres drogues sont aujourd’hui légion dans notre Armée, conséquence de mauvaises conditions, en plus opaques, de recrutement des soldats. Une situation voulu par certains officiers supérieurs qui, à eux seuls, peuvent recruter plus de 100, voire plus d’éléments d’un contingent, alors que d’autres officiers, et hommes de rang ont du mal à faire recruter un seul de leurs enfants. Des vaillants soldats qui ont tout donné à leur pays, au risque de leur vie, et qui vivent aujourd’hui avec la hantise d’un lendemain meilleur pour leur enfants. En effet, comment assurer la relève et la survie du foyer, quand les enfants de ceux-là qui ne connaissent que l’Armée ne peuvent aucunement nourrir l’ambitions de faire carrière dans le métier des armées ? Leurs pères, en leurs rangs, qualités et grades n’ayant aucune possibilité de les faire incorporer ! N’est-ce pas pour cette raison que les femmes du camp des Gardes, et leurs paires de Kati voulaient marcher pour manifester leur mécontentement et marquer leur désaccord par rapport à ce qu’elles ont appelé « deux poids, deux grades dans l’Armée » !

L’opionion pas satisfaite des mesures prise suite a la mort des eleves officiers d’active de l’emia
Le gouvernement et le haut commandement militaire de notre pays, pour se dédouaner de la grande honte que fut le crime perpétré contre  six élèves officiers d’active de l’EMIA, ont pris des mesures administratives et disciplinaires contre le commandement du centre d’Instruction Boubacar Sada Sy et de l’EMIA, les encadreurs et les officiers de la 3ème Année de l’EMIA. Des mesures que nous vous ferons l’économie de ne pas relater ici, compte-ténu de leur caractère léger et incomplet, pour ne pas dire injuste. Cela est d’autant plus pertinente que sous d’autres cieux, c’est un autre Chef d’Etat Major Général des Armées qui aurait proposé les mesures idoines à prendre au ministre de la Défense.

De même, c’est un autre ministre de la Défense, qui aurait dû signer lesdits mesures ! Que Natié Pléah et Gabriel Poudiougou aient le courage de se regarder dans la glace pour faire le constat de leur échec. Qu’ils aient le courage et l’humilité de démissionner de leurs postes ! Ou comme l’a dit notre confrère « Les Echos » qu’on les démette de leurs fonctions ! Le président de la République, chef suprême des Armées, garant de la paix et de la stabilité nationale, est très fortement interpellé. Et il y a de quoi !
Adama S. DIALLO

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