Apres le coup d’Etat: C’est parti pour la Transition !

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Après que la junte militaire se soit engagée, sous la pression, à rendre  le pouvoir aux civils, le président de l’Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, est arrivé le  samedi dernier à Bamako pour être nommé Chef de l’Etat du Mali par intérim.

Dioncounda aura la lourde tâche de pacifier le Nord en proie au chaos à la suite de l’offensive des rebelles touaregs qui y ont proclamé leur propre Etat et de groupes islamistes armés. Arrivé du Burkina Faso, Dioncounda Traoré a été accueilli par le ministre burkinabè des Affaires étrangères, Djibril Bassolé, qui a mené les négociations avec les parlementaires et les putschistes en vue de leur retrait du pouvoir. A l’Aéroport, il a brièvement rencontré des membres de la junte dont le porte-parole, le Lieutenant Amadou Konaré. Ainsi, le  vendredi soir, le Capitaine Amadou Haya Sanogo a annoncé, à la télévision, le transfert du pouvoir aux civils. Ce transfert, qui prévoit la désignation d’un Président de la République et d’un Premier ministre de Transition jusqu’à la tenue des élections, est contenu dans un « Accord-cadre » conclu avec les représentants de la CEDEAO). C’est dans ces conditions que la communauté sous-régionale a décidé la levée des sanctions imposées au Mali le 2 avril. Quant aux auteurs du coup d’Etat ; ils se voient offrir l’amnistie.

En plus, le document de cinq pages précise que le Président ATT doit être protégé et libre de choisir sa résidence. Conformément à la Constitution, l’accord stipule que le poste de Chef de l’Etat intérimaire doit être occupé par le président de l’Assemblé nationale qui, avec son Premier ministre et le gouvernement, organiser des élections dans 40 jours au maximum. Mais le contrôle de Kidal, Gao et Tombouctou par les rebelles touaregs, les islamistes armés et divers groupes criminels hypothèque la tenue d’élections dans ces villes dans les délais prévus.

Le Mali coupé en deux

Dans l’immédiat, de nombreux Maliens se sont dits soulagés du compromis trouvé.

« Nous nous sentions suffoquer, mais dans la mesure où il y a eu cet accord, nous soufflons en espérant que cela puisse être le prélude à une solution de la crise que vivent les populations dans le Nord », déclare un ressortissant du Nord.

Interrogé par Radio France internationale (RFI), le président du PARENA, Tiébilé Dramé, estime : « L’heure est à l’union, la réconciliation et la tolérance…Nous devons avoir une pensée émue pour la partie de notre peuple qui vit aujourd’hui dans les trois régions du Nord, coupée du reste du pays ».

Quant à l’Union africaine (UA), elle se félicite  de l’accord et  exhorte  tous les acteurs maliens concernés à le mettre en œuvre  avec bonne foi pour permettre au Mali de relever les défis majeurs qu’il doit affronter pour rétablir son processus démocratique et restaurer l’autorité de l’Etat sur l’ensemble du n territoire national.

Dès l’installation des autorités civiles,  la France reprendra sa coopération bilatérale civile et militaire  interrompue après le putsch. Les populations du Nord sont victimes d’exactions, de pénuries et de la sécheresse qui, cumulées, ont eu des effets dévastateurs, selon les organisations humanitaires internationales.

La proclamation de l’indépendance du Nord, le vendredi, par le MNLA, unanimement rejetée en Afrique et dans le reste du monde, ajoute à la confusion.

Elle ressemble plus à un effet d’annonce qu’à une réalité sur le terrain où le MNLA semble avoir été marginalisé par les islamistes du mouvement Ansar Dine (Défenseurs de l’Islam) d’Iyad Ag Ghaly. Ce dernier qui est la  figure des ex-rébellions touaregs des années 1990, appuyé par AQMI, a été vu à Tombouctou avec trois des principaux chefs d’AQMI. L’un d’eux, Mokhtar Belmokhtar, est arrivé dans la nuit de vendredi à samedi à Gao.

AQMI, qui retient en otage, au Sahel, six Français et le président du comité de soutien à deux d’entre eux, Philippe Verdon et Serge Lazarevic, enlevés en novembre 2011 dans le Nord du Mali, a appelé la France à « ne pas oublier ses ressortissants ». La CDEAO a menacé vendredi de recourir à la force pour mettre fin à la partition après la déclaration d’indépendance du MNLA.

Elle a rappelé « à tous les groupes armés du Nord du Mali » que ce pays est « un et indivisible » et qu’elle « usera de tous les moyens, y compris le recours à la force, pour assurer l’intégrité territoriale du Mali ».

L’organisation ouest-africaine envisage d’y envoyer une force de 2 à 3 000 soldats. Les chefs d’état-major des armées de la CDEAO ont élaboré un « mandat » pour cette force, qui reste à approuver par les Chefs d’Etat.

 Jean Pierre James

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