Une semaine après la déposition du président de la République, Amadou Toumani Touré par les militaires du Cnrdr, dans la nuit du mercredi 21 au 22 mars 2012, pour « incompétence et désaveu », nombreux sont les Maliens qui restent sceptiques. Et ce, bien que l’écrasante majorité d’entre eux soit d’avis que le coup de force des hommes du capitaine Amadou Haya Sanogo est salutaire. Aussi, le nouveau pouvoir qui peine à convaincre une grande partie de la classe politique et la communauté internationale cherche désespérément caution et légitimité.
De Washington à New-York (où siège l’Onu), en passant par Paris, Niamey et Pékin, les condamnations « de fait » se sont multipliées après le coup de force qui a mis brutalement fin au mandat d’Amadou Toumani Touré. A l’intérieur du pays, la situation est mitigée : au moment où un peu moins de 40 des partis politiques les plus représentatifs du pays se disent opposés au putsch et exigent le rétablissement de l’ordre constitutionnel, des associations, partis politiques de seconde zone et autre société civile et regroupements confessionnels défilent pour prêter allégeance aux nouveaux hommes forts du pays.
Il est clair que la majorité silencieuse, qui se constitue des Maliens d’« en-bas », celle que Yambo Ouologuem (le Renaudot 1968 de littérature) appelle ironiquement la « négraille » et qu’Aimé Césaire –l’auteur du Cahier d’un retour au pays natal- qualifie, par périphrase, de « foule bavarde et muette, qui ne témoigne pas… », adhère à ce changement de main du pouvoir. Mais la démocratie se définit plutôt par ce que l’Occident veut qu’elle soit non par ce qu’elle devrait être : l’expression de la majorité.
En effet, bien que la majorité des Maliens se retrouvent dans la destitution d’ATT et de son gouvernement, la communauté internationale a affiché son opposition de principe au coup d’Etat. Eux qui ne vivent pas les réalités intérieures des pays et qui ont été indifférents à ce qui se passe au nord du Mali se pressent de condamner la vox populi sous le pseudo-prétexte de violation de la constitution, qui n’est au demeurant qu’une émanation de la volonté du peuple.
Cette situation crée également la réticence et la méfiance dans les milieux politiques et dans certains milieux intellectuels, qui peinent à accorder leur confiance à la junte. D’aucuns voient au capitaine Sanogo l’image du capitaine Dadis Camara. Cela s’exacerbe par le fait aussi que le capitaine Amadou Aya Sanogo n’est pas moins bavard que Dadis.
L’on ne peut, cependant, pas nier le fait que, comme dans tout régime, le régime déchu, Amadou Toumani Touré, a ses admirateurs à travers le pays, même si ceci est plus guidé par la conservation d’intérêts égoïstes que par conviction.
Amadou Salif Guindo
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