À quelques heures du 55è anniversaire de l’armée, trois gendarmes maliens ont été tués dans la nuit de mardi à mercredi près de Mopti par des jihadistes présumés. Avant cette nouvelle, dans un discours télévisé à l’occasion du 55e anniversaire de l’armée malienne, le président Ibrahim Boubacar Keïta avait rendu hommage à «certains de nos vaillants soldats, certains des dignes fils de notre pays (qui) ont payé de leur vie cet engagement patriotique», assurant que «leur sacrifice ne sera pas vain».
«Trois gendarmes ont été assassinés dans la nuit de mardi à mercredi près de Mopti. Ils étaient en mission», a déclaré une source militaire à Mopti, laquelle précise «qu’ils ont été assassinés par balles». Un responsable de la police locale a confirmé l’information, avant d’ajouter que les trois gendarmes étaient tombés dans une embuscade. En effet, ces trois gendarmes ont été tués à 21 heures entre Togorecoumbé et Dialoubé, dans le cercle de Tenenkou. Ces gendarmes appartenaient à l’escadron de Mopti.
Sidiki Traoré, Tiécoura Dembélé, Souleymane Sidibé sont les victimes
«Les gendarmes Sidiki Traoré, Tiécoura Dembélé, et Souleymane Sidibé étaient isolés. Ils sont allés dans une zone qui est difficile d’accès», a indiqué la même source policière. Et d’expliquer à nos confrères de l’AFP : «Les terroristes ont tendu une embuscade et ils sont tombés dans l’embuscade». Sidiki Traoré était Adjudant alors que Tiécoura Dembélé et Souleymane Sidi étaient MDL.
Quelques heures auparavant, le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta a dénoncé dans son discours les attaques jihadistes. Il a affirmé que «ce désir effréné de ceux qui s’avèrent être de véritables ennemis de la paix s’est heurté à la détermination des éléments de notre brave armée». «Cette dernière a su faire face et faire échec à la mise en œuvre sur grande échelle de la stratégie de ceux d’en face, faite d’actes asymétriques, ignobles et d’un coût énorme en victimes innocentes», a-t-il ajouté, promettant que l’armée bénéficierait «des moyens d’une formation adaptée et d’un équipement approprié».
Selon Ibrahim Boubacar Keïta, «l’armée du Mali, dans tous ses démembrements, mérite notre attention, notre respect et notre considération. Comme nous l’avons montré par les multiples initiatives en cours, nous avons à cœur de créer les conditions les meilleures de son plein épanouissement et du renforcement continu de ses capacités…». Et d’indiquer que «la réforme du secteur de la sécurité ainsi que l’adoption et la mise en œuvre de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire découlent de ce choix et de cette ambition pour notre armée».
IBK a aussi saisi l’occasion de la célébration de l’anniversaire de l’armée du Mali pour remercier les partenaires stratégiques du Mali et la communauté internationale toute entière, pour le soutien et l’accompagnement de qualité au Mali. «Ces partenaires ont été présents et de façon remarquable aux côtés du peuple du Mali, au moment où nous avons été confrontés à de dures épreuves. Du reste, ils continuent encore à apporter à notre pays un concours précieux au plan du développement et de la sécurité, ainsi que sur de nombreux autres aspects de la vie économique et sociale du Mali. Le défi sécuritaire demeure important et il doit être relevé, afin de créer un espace suffisamment large, stable et durable pour faire prospérer les actions de développement», a-t-il ajouté.
Revenant au contexte, faut-il rappeler que deux soldats et un paramilitaire maliens ont péri vendredi lors de deux attaques armées distinctes dans le nord et le centre du Mali. Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes jihadistes liés à Al-Qaïda. Ces groupes en ont été en grande partie chassés par une intervention militaire internationale lancée en janvier 2013 à l’initiative de la France, qui se poursuit actuellement. Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d’un accord de paix entre le gouvernement malien, les groupes qui le soutiennent et l’ex-rébellion de la Coordination des mouvements de l’Azawad (CMA). Les attaques jihadistes se sont étendues depuis le début de l’année 2015 vers le centre, puis le sud du pays, près des frontières avec le Burkina Faso et la Côte d’Ivoire.
Dioncounda Samaké