Amadou Haya Sanogo place sous mandat de depôt De héros à zéro

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Amadou Haya Sanogo
Amadou Haya Sanogo

Après avoir refusé, à plusieurs reprises, de se rendre devant la justice prétextant jouir du statut d’un ancien Chef d’Etat, le Général Amadou Haya Sanogo, auteur du putsch du 22 mars 2012, a été amené manu militari devant le juge d’instruction, Yaya karembé à l’école de la gendarmerie de Faladiè, le mercredi 27 novembre dernier. Il a été inculpé le même jour pour meurtres et assassinats et placé sous mandat de dépôt après trois heures d’audition.

 

 

Désormais, M. Amadou Haya Sanogo est détenu dans le camp principal de la gendarmerie. La justice nationale lui reproche son implication dans de nombreuses affaires de meurtres et de séquestration.

 

 

Inconnu du grand public avant le putsch du 22 mars 2012, homme adulé mais aussi controversé, voilà comment, Amadou Haya Sanogo, est rentré dans l’histoire contemporaine du Mali.

 

 

Dans le Camp militaire Soundiata Keita de Kati, le 21 mars 2012, des militaires mécontents de la gestion calamiteuse du conflit au Nord du président Amadou Toumani Touré laissent éclater leur colère. Depuis le 17 janvier déjà, les soldats maliens combattaient les rebelles touaregs du MNLA dans des conditions difficiles. Plusieurs marches de femmes de miliaires réclamant des munitions pour leurs maris avaient été menées. Le déplacement du ministre de la Défense et des Anciens combattants de l’époque, Sadio Gassama ainsi que du Chef d’Etat-major, le Général Gabriel Poudiougou sur les lieux de la mutinerie n’ont fait qu’empirer la situation.

 

 

Dans la soirée, un détachement de militaires mutins, essentiellement des bérets verts, foncent en direction de Koulouba. Mais avant, d’autres s’étaient emparés de l’ORTM qui a interrompu aussitôt ses programmes. De violents affrontements entre soldats mutins et ceux de la garde présidentielle font plusieurs morts, le palais présidentiel est considérablement endommagé et le président ATT est évacué vers un lieu tenu secret.

 

 

Le jeudi 22 mars 2012, aux environs de 5 heures du matin, les soldats mutins, constitués en Comité National pour le Redressement de la Démocratie et de la Restauration de l’Etat (CNRDRE) déclarent par le biais de leur porte-parole, le lieutenant Amadou Konaré la dissolution de la Constitution et des institutions de la République. Le CNRDRE justifiait, alors, le Coup d’Etat par « l’incapacité du gouvernement à donner aux forces armées les moyens nécessaires de défendre l’intégrité de notre territoire national ». Le Capitaine Amadou Haya Sanogo, chef du Comité, sort ainsi de l’ombre à la lumière et devient l’homme fort du Mali.

 

 

Sous l’égide de la CEDEAO et après plusieurs tractations, le Capitaine accepte de céder le pouvoir,  à travers l’Accord-cadre signé le 6 avril 2012 et de laisser s’en aller, le président ATT qu’il voulait poursuivre pour malversations financières et crimes économiques. Conformément à l’article 36 de la Constitution du Mali, le Professeur Dioncounda Traoré, président de l’Assemblée Nationale avant le putsch, devient président de la République par intérim, le 12 avril 2012. Quelques jours plus tard, le Docteur Cheick Modibo Diarra est nommé premier Ministre avec les pleins pouvoirs. Mais Sanogo demeure toujours aussi puissant. Beaucoup s’amusaient à comparer le Mali à un triumvirat où le pouvoir serait partagé en trois : celui de Koulouba (Pr. Dioncounda Traoré), celui de la primature (Dr. Cheick Modibo Diarra) et celui de Kati (Capitaine Amadou Haya Sanogo).

 

 

Des militaires bérets rouges lancent une tentative de contre coup d’Etat dans la nuit du lundi 30 mai au mardi 1er mai 2012. De nombreux soldats bérets rouges sont tués, plusieurs (une trentaine selon Amnesty international) demeurent disparus à nos jours. Vingt jours plus tard, le président de la République par intérim est agressé dans le palais présidentiel par une foule hostile à son accession au pouvoir et, vraisemblablement manipulée. Beaucoup voient, d’ailleurs, la main de Sanogo derrière cette agression. Après une période de convalescence d’un peu plus de deux mois, le président par intérim rentre au pays le 27 juillet 2012 avec tous les honneurs.

 

 

Plus tard, le premier Ministre avec les pleins pouvoirs est contraint à la démission, le 11 décembre 2012 par le Capitaine Sanogo. Une action d’éclat qui avait rappelé à l’époque, qu’il était encore l’homme fort du Mali.

 

 

Après l’élection présidentielle, la nomination du Capitaine Sanogo au grade de Général en conseil des ministres du 14 aout 2013 a indigné de nombreux maliens et plusieurs associations des droits de l’homme. Quelques jours après l’investiture d’IBK, des soldats ex putschistes ont éclaté une mutinerie pour ne pas avoir obtenu de promotions contrairement à d’autres. Le principal indexé est bien évidemment le Général Sanogo ainsi que le ministre Sinko Coulibaly.

 

 

Depuis fin octobre, le juge, Yaya Karembé cherche à l’auditionner par rapport aux évènements du contre putsch et à la mutinerie du 30 septembre dernier, entre autres. Mais ce dernier refusait de se rendre devant la Justice.

 

 

Les forces Spéciales maliennes après avoir quadrillé tout le quartier de la base B, ont pénétré dans le domicile de Sanogo pour l’en extraire, le mercredi 27 novembre. Menotté comme un malfrat, elles l’ont embarqué à bord d’un pick up pour l’amener voir le juge.

 

 

Est-ce la fin pour celui qui a été, plus d’une année durant, l’homme fort du Mali?  En tout cas, après la spectaculaire arrestation du Général Sanogo, l’on est tenté de le penser. Après être rentré dans l’histoire contemporaine du Mali par la grande porte, Amadou Haya Sanogo serait entrain d’en sortir par la petite, pour beaucoup de nos compatriotes.

 

 

L’histoire de Sanogo avec la Justice vient tout juste de débuter et nul ne peut en deviner la suite.

 

 

Ahmed M. Thiam

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