La résistance dont faisait montre l’ex-président de la Transition malienne à répondre à la justice de son pays, a subitement pris fin hier à Bamako. Après avoir ignoré deux convocations et un mandat d’amener, le général Sanogo a été cueilli à son domicile avant d’être présenté devant le juge d’instruction, Yaya Karembé. Inculpé de lourdes charges, il a été “mis au violon”dans la foulée. Pour le tout-puissant président qu’il a été, les événements d’hier constituent l’ultime épisode d’une vertigineuse déchéance. A l’inverse, pour le nouveau président malien dont l’autorité était quelque peu remise en cause, c’est le triomphe de la fermeté et de l’intransigeance. Toutes choses dont le Mali d’aujourd’hui a besoin pour sa refondation et son redressement. Désormais, il revient à la justice malienne de se montrer à la hauteur du défi à elle lancée par la procédure qui vient ainsi d’être enclenchée. Certes, il n’est pas question de mettre à profit la vulnérabilité actuelle du général Sanogo pour se venger de lui. Mais en même, il est important que l’on sache ce qui s’est réellement passé au cours des événements du 30 avril 2012 et lors de la toute dernière mutinerie de Kati.
Pour le soldat Sanogo, la roue de l’histoire a tourné à la vitesse grand V ces derniers mois. Du bouillant capitaine aux nobles ambitions que l’on avait aperçu un matin du 22 mars 2012, sur le petit écran de l’ORTM, il ne reste plus grand-chose. De ses fracassantes et désordonnées envolées, il ne reste désormais que le souvenir que quelques nostalgiques conservent sur la carte mémoire de leurs téléphones.
Le général Sanogo n’est plus le tout-puissant seigneur du camp de Kati. Depuis hier, cet homme qui aura joui de privilèges immenses mais éphémères est désormais en prison. Manifestement stratège, le président Ibrahim Boubacar Keïta a réussi à annihiler tous ceux sur qui pouvait compter l’ex-président de la Transition. En fait, IBK semble avoir vu dans le cas Sanogo, un exemple de pédagogie. Pour lui, la meilleure manière de convaincre ses compatriotes que personne ne sera plus à l’abri de la justice, c’était d’amener le général Sanogo à répondre de ses actes. Il est vrai qu’une telle hypothèse était tout simplement inenvisageable, il y a seulement quelques mois. En le faisant, IBK frappe un grand coup politique. Même s’il lui faudra toujours surveiller ses arrières. Car un tel séisme ne manquera pas de répliques.
L’autre mérite de la démarche du président malien, c’est une leçon à l’intention des potentiels putschistes. Jusqu’au cas de Sanogo, la conception africaine qu’on avait d’un auteur de coup d’Etat, c’est que c’est un enfant béni qui a su saisir la chance qui s’est présentée à lui. Conception d’autant plus ancrée que les auteurs de coups d’Etat et leurs proches, généralement démunis et miséreux au départ, saisissent l’occasion de leur bref magistère pour amasser de colossales fortunes dont ils étaient sûrs de jouir sans aucune crainte de poursuite judiciaire. Mais avec le destin qui est celui de Sanogo, les éventuels futurs auteurs de coups d’Etat réfléchiront plus d’une fois.
Naturellement, si au bout de la procédure, il est reconnu coupable, il devra se soumettre au verdict qui en résultera. Parce que dans ce cas, les victimes et/ou leurs ayants droit mériteront aussi que justice leur soit rendue.
Que le tout puissant veille sur le Maliba et les maliden
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