Salué par une minorité d’hommes politiques, condamné par la grande majorité de la classe politique et l’ensemble de la communauté internationale, le coup d’Etat perpétré par le capitaine Amadou Haya Sanogo a tout l’air de procurer à ses auteurs un pouvoir inachevé. Pis, personne n’a la ferme assurance que ces mutins, en majorité hommes de troupe, puissent sortir le Mali du gouffre dans lequel il est désormais plongé par la rébellion, le pénurie alimentaire et l’incertitude électorale.
Après avoir balayé un pouvoir ” incompétent “, les nouveaux maîtres du Mali ne rassurent point quant à l’ancrage démocratique et la fin de la rébellion. Ils doivent négocier l’adhésion des grands partis politiques, convaincre la majorité de la société civile et la communauté internationale, trouver la nouvelle forme de gouvernance pour circonscrire la rébellion et tenir les élections dans les plus brefs délais.
FAIRE VITE ET BIEN
Il n’y a aucun doute, le processus électoral voire le processus démocratique est mis en mal par ce coup d’Etat. Autant l’incertitude planait quant à la tenue d’élections libres, transparentes et crédibles à la date du 29 avril 2012, autant la crainte s’installe de voir le Mali dans un vide constitutionnel prolongé. Att avait au moins tenu à respecter la Constitution. Mais suite à ce coup d’arrêt au processus électoral, couplé avec les pillages à plusieurs niveaux de l’Administration, rien ne présage de l’organisation du scrutin présidentiel avant le 8 juin. La rébellion ne facilite pas cette tâche devenue délicate avec l’arrestation des hautes autorités en charge de conduire les élections. Et le mal s’accentue dès lors que la communauté internationale a suspendu tout soutien, toute coopération sauf humanitaire.
Venu de sa caserne militaire avec l’élan de redressement qui le rongeait, Amadou Haya Sanogo est face à la triste réalité qui consiste à combler l’espoir du peuple malien fac aux exactions de la rébellion. Et ironie du sort, ce sont les autorités légitimes, suite aux arrestations, qui doivent passer à la barre, alors le nouveau pouvoir se dit disposé à prendre langue avec les rebelles. Il est à souhaiter que le CNRDR (Comité National pour le Redressement de la Démocratie et la Restauration de l’Etat)s’engage et réussisse à vaincre la rébellion avant toute forme de négociations. Ce qui va de l’honneur et de la fierté des Maliens. Il revient également au CNRDR de revoir sa copie relativement au procès des personnes arrêtées. Là-dessus, une partie importante de la classe politique ne lui donne pas son quitus. La tenue d’un tel procès serait envisageable si dans les plus brefs délais le CNDR triomphait de la rébellion et parvenait à un retour à la vie constitutionnelle normale parle biais d’élections libres et transparentes.
En effet, Amadou Haya Sanogo est bien sûr le héros du 22 mars 2012, mais il n’est pas encore le sauveur que les Maliens attendent de lui. A lui de jouer la bonne carte.
Mamadou DABO
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