Agitation au Nord Mali : Les islamistes en profitent et la reconquête du Nord devient une partie dure à jouer

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De nombreux habitants du Nord espéraient voir un jour naître un Etat touareg indépendant. Mais ils ne se sont jamais attendus à voir l’Azawad devenir un émirat islamiste.

On peut dire aujourd’hui que le Mali est soulagée de sa plaie: la junte militaire du Capitaine Sanogo. Mais il est urgent qu’avec tact et intransigeance (s’il le faut), les Etats membres de la CEDEAO et la communauté internationale aident le Mali à guérir une fois pour toutes de ce « cancer » du Nord qui mine son unité, sa stabilité et son développement depuis l’accession du pays à l’indépendance. La question touarègue n’est pas un problème propre au Mali. Pire, le conflit actuel, qui a abouti à l’occupation du Nord et à la proclamation provocatrice d’un Etat autonome sur le territoire de l’Azawad, a été mené et gagné par le MNLA, en alliance avec les forces divisionnistes de l’intégrisme islamique radical, du terrorisme et du grand banditisme international, incarnés par Ansar Dine, Boko Haram, AQMI et ses forces dissidentes nommées MUJAO (Mouvement unifié pour le Jihad en Afrique de l’Ouest) qui a revendiqué la prise d’otages au Consulat algérien de Tombouctou et l’enlèvement d’une ressortissante suisse le dimanche dernier. Auparavant, dans la nuit du vendredi 13 avril, les touaregs du MNLA (Mouvement national de libération de l’Azawad) ont attaqué les domiciles du percepteur des impôts et du greffier en chef du cercle de Bla, dans le Sud.

Les islamistes imposent leurs terminologies

Pour la première fois dans l’histoire contemporaine du Mali, le Nord, appelé « Azawad » par les populations touarègues, échappe désormais au contrôle du pouvoir central. Dès que le mouvement Ansar Dine a pris le contrôle de la région, il a commencé à y appliquer la Charia : opérations contre les bars, fermeture des boîtes de nuit,  punitions pour les hommes qui se rasent la barbe… S’il était courant autrefois de voir les femmes  touarègues sortir en ville le visage non voilé, cette habitude est aujourd’hui très rare dans les régions sous le contrôle des islamistes. Le mouvement Ansar al-Din d’Iyad Ag Ghaly est déterminé à créer un émirat salafiste au Mali. Dès son arrivée à Gao, le leader d’Ansar al-Din a convoqué une rencontre avec les principaux leaders religieux de la ville pour leur confirmer sa détermination à mettre en œuvre la Charia. « Les gens venus des régions dirigées par Ansar al-Din, comme Tessalit et Aguelhok, expliquent que la vie est semblable à celle de l’Afghanistan du temps des Talibans », déclare Moussa Soumaré, un exfiltré de la ville de Tombouctou. Les nouveaux dirigeants sont allés jusqu’à imposer leur propre terminologie administrative : « émirat » au lieu de « Province » ou « Etat ». « Emir » au lieu de « Gouverneur », et « Promotion de la vertu » et « Prévention du vice » en remplacement de « Loi constitutionnelle ».

Le terroriste mauritanien Hamada Ould Mohamed Kheirou, dont le groupe « Jamat Tawhid Wal Jihad Fi Garbi Afriqqiya » (Mouvement pour l’unité et le djihad en Afrique de l’Ouest, MUJAO) affilié à Al-Qaïda est à l’origine de la conquête de Gao, s’est engagé à imposer l’interprétation de la loi islamique du MUJAO dans la région. En clair, le MUJAO vise à prendre d’abord le contrôle de la région la plus étendue possible dans le Nord avant de s’étendre à l’ensemble du Sahel. Durant les premiers jours de sa présence dans le Nord, en particulier à Tombouctou, le MUJAO a commencé à ressembler plus à des Talibans qu’à des militants africains. C’est pourquoi le groupe s’est empressé de mettre le feu à des bouteilles de vin dans la ville avant d’indiquer qu’il ne pense qu’à expulser les « infidèles » de la ville. Al-Qaïda est aujourd’hui fortement implanté dans le Nord et cherche à y appliquer la Charia selon le modèle des Talibans. Le leader d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), Mokhtar Belmokhtar (alias « Laaouar »), a été repéré à Gao. Et bien que ces groupes terroristes bénéficient actuellement  d’une liberté sans précédent dans le Nord du Mali, les profondes divergences qui les séparent pourraient contrecarrer leurs plans de fonder un émirat salafiste. En effet, le Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA) s’oppose à un émirat salafiste, tout comme les habitants touaregs, arabes et songhaïs. Tous ces mouvements rejettent un régime imposé par des groupes terroristes extérieurs, et il faudra donc s’attendre à de violents affrontements. Il semble que la région se trouve désormais confrontée à une restriction des libertés personnelles, surtout qu’elle est restée longtemps affligée par les velléités séparatistes des populations touarègues locales. Ce qui sous-entend que les confrontations armées mettront aux prises un grand nombre d’adversaires potentiels. Auront-elles lieu entre le MNLA et Ansar al-Din, entre le MNLA et Al-Qaïda ou entre une force militaire régionale commune et Al-Qaïda ? Et dans quelle mesure les dimensions tribale, ethnique et doctrinale joueront-elles un rôle déterminant dans ces affrontements locaux ?

Les analystes touaregs sont convaincus que cette vision d’un « Emirat » ne deviendra jamais une réalité. « Quelle que soit l’attention portée par les médias à Ansar al-Din et à ses alliés terroristes, ils ne seront pas capables de créer un bastion politique ou religieux, parce que le leader d’Ansar al-Din, Iyad Ag Ghaly, originaire de la tribu des Ifoghas, ne sera jamais accepté par les tribus arabes, notamment à Tombouctou. Même les Touaregs de la ville le rejettent catégoriquement à cause d’une inimitié historique envers sa tribu », explique Abu Bakr al-Sedik Ag. Mais selon d’autres, si les Touaregs souhaitent continuer à contrôler le Nord,  ils devront s’associer dans la guerre contre le terrorisme. C’est pourquoi des négociations sont en vue avec eux en Mauritanie. Ce qui vaut mieux que de mener une guerre dans le Nord, vu le chaos actuel. Tous s’accordent à reconnaître que derrière le péril national que représente l’occupation du Nord de son territoire (les 2/3 à peu près de la superficie totale du pays) se cachent des menaces évidentes de déstabilisation de la région ouest-africaine et au-delà. Dès lors, nul ne doit se satisfaire du seul retour à un pouvoir constitutionnel normal à Bamako. En éminent Professeur mathématicien émérite, Dioncounda Traoré est conscient qu’en accédant à la magistrature suprême de son pays dans les circonstances du moment, il hérite d’une équation à multiples variables et à plusieurs inconnues qu’il lui faudra résoudre au plus vite. Et seul, il ne pourra malheureusement rien faire. Quant à l’armée malienne dont c’est le devoir de reconquérir le Nord, elle  doit rapidement se remotiver pour aller, au combat, si besoin est.

C’est pourquoi, en militaire averti, le médiateur Blaise Compaoré n’a pas prêté de l’importance aux boute-en-train qui, dans leur approche guerrière de gestion de sortie de cette crise, n’ont eu pour leitmotiv péremptoire et suicidaire que de mettre (manu militari si nécessaire) la junte militaire à la touche et hors d’état de nuire à cette si belle expérience malienne qu’aux yeux des démocratiques bien pensants, le Capitaine Sanogo et sa soldatesque ont eu « l’impardonnable outrecuidance de souiller au détour d’un simple mouvement d’humeur ».

L’ultime option : l’intervention militaire

Même si l’on peut supputer que le chef du CNRDRE n’est pas celui de l’armée malienne et que celle-ci, dans son ensemble, n’a probablement ni  cautionné ni soutenu le coup d’Etat du 22 mars, qui irait alors combattre les islamistes et les Touaregs au Nord le moment venu? Les 3000 hommes fièrement annoncés de la FAC (Force en Attente de la CEDEAO) ? Il urge de voir tant dans la mobilisation des effectifs que dans l’opérationnalité et la combativité des troupes sur un terrain hostile et inconnu, et ce, d’autant plus que jusqu’à preuve du contraire,  le Nigeria, principal pays pourvoyeur en « chair à canon » aux forces d’intervention de la CEDEAO (cas de l’ECOMOG) se montre particulièrement discret et peu disert dans cette affaire malienne, là où d’aucuns (suivez le regard…) ont cru devoir précipitamment et maladroitement crier leur bravoure, du haut du sommet de la  présidence de l’Union africaine. Dans l’hypothèse et la nécessité d’une reconquête militaire du Nord, dans sa mission fondamentale et aux yeux du peuple et du territoire dont il a la responsabilité, l’armée malienne a une légitimité, un honneur et une dignité à défendre, à sauver et à restaurer. A ce titre, il est heureux d’entendre le Capitaine Sanogo déclarer que l’armée malienne n’a pas besoin d’hommes, mais de matériels et d’équipements pour rétablir l’ordre et la sécurité dans le pays.

Même si, contre de tels propos, on peut retenir le fait d’avoir lamentablement échoué (souvenons-nous des motifs avancés pour justifier le putsch du 22 mars), donnons acte à la junte déchue et, à travers elle, à l’armée malienne tout entière, dans l’unité et dans une cohésion retrouvées, de sa volonté et sa capacité à s’acquitter avec succès de la tâche régalienne qui lui incombe en premier lieu, d’assurer la sécurité et la défense de l’intégrité du peuple et de son territoire. Tout autre chemin est susceptible d’ouvrir la voie à un bourbier dans le sable du désert malien dans lequel les soldats des autres pays de la région risquent fort de s’empêtrer, à l’image des forces internationales engluées au pied des collines afghanes. Toute chose qui ne manquera sans doute pas de donner des ailes, des idées et de l’audace aux apprentis-djihadistes de tous bords. Un motif supplémentaire pour des adeptes indécrottables de guerres saintes, des bandits de grands chemins et des pirates du désert d’accourir au Nord, une zone de non-droit livré à un interventionnisme étranger. Au-delà donc de la reddition de la junte, de la démission d’ATT, de l’arrivée au pouvoir de Dioncounda Traoré et d’un gouvernement d’union nationale, en attendant la reconquête du Nord, la partie demeure serrée à jouer. Elle se gagnera par la voie diplomatique (empreinte d’impératifs de sagesse, d’intelligence et de savoir-faire politiques de la part des Chefs d’Etat de la CEDEAO) ou, hélas, par la voie militaire. Dans l’hypothèse, toujours dommageable, malheureuse et regrettable que constitue en dernier recours l’option militaire, il est souhaitable que sous l’égide de la communauté internationale, cette option soit placée entre la responsabilité des forces de défense et de sécurité maliennes, dans un esprit de rétablissement de l’ordre public plutôt que d’une quelconque guerre fratricide contre un ennemi intérieur sécessionniste dont on peut du reste légitimement douter des capacités autonomistes réelles. Longue vie à un Mali uni et indivisible pour que vive une Afrique prospère tournée vers les nombreux objectifs, chantiers et priorités du développement qui défient l’avenir de notre  continent.

Jean Pierre James

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2 COMMENTAIRES

  1. J’accuse en premier position ATT.Il a vendu le Mali aux bandits,brigands,rebelles et alqaida,boko haram et autres.Il doit etre arrete et juge pour haute trahision.Un tribunal national doit etre etabli pour juger l’ensemble des personnes coupables.

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