La découverte de deux charniers à Bémasso (près de Kati) contenant cinq ossements humains, porte à 30 le nombre de corps découverts dans le cadre des enquêtes sur l’affaire dite des bérets rouges. Jusqu’où s’arrêteront ces découvertes macabres ?
L’affaire dite des bérets rouges disparus et/ou des militaires n’ayant plus donné signe de vie depuis la mutinerie du mois de septembre 2013 à Kati, promet t-elle d’autres surprises ? Rien n’est moins sûr. L’affaire pour laquelle plusieurs personnes ont déjà été inculpés et placés sous mandat de dépôt, vient d’enregistrer un nouveau développement, avec la découverte, dimanche 23 février dernier, de deux nouvelles fosses communes non loin de Kati, à Bémasso, près du marché à bétail de Dral. Une équipe d’enquêteurs (auxquels s’est joint Yaya Karembé, juge d’instruction chargé du dossier) a exhumé les ossements de cinq corps dans les deux charniers dont la faible de profondeur permet de deviner qu’ils (les charniers) avaient été hâtivement creusés. Cette nouvelle découverte prouve l’ampleur du crime commis pendant cette période sombre de l’histoire de notre pays où Kati était devenu le siège de la junte et du crime organisé.
Pour rappel, c’est avec la petite localité de Diago (12 Km de Kati) qu’a commencé la série noire de découverte de charniers de militaires qui furent sommairement exécutés, soit à la faveur du contre coup d’Etat du 30 avril 2012, soit suite à la mutinerie d’une partie de l’armée au niveau de la garnison de Kati, en septembre 2013.
Dans la nuit du 3 au 4 décembre dernier, les restes de 21 bérets rouges sont découverts dans une fosse commune près de la localité de Diago, non loin de la ville garnison de Kati où était basée l’ex junte. Dix jours, plus tard, précisément le 16 décembre, les enquêteurs découvrent au cimetière de Hamdallaye, en commune IV une nouvelle fosse commune : la tombe contient 4 corps dont celui d’une femme.
Le juge en charge du dossier a déjà mis sous mandat de dépôt le général Amadou Haya Sanogo (chef de l’ex junte de Kati) et plusieurs de ses compagnons poursuivis pour enlèvement de personnes, assassinat et complicité. Dans cette même procédure, le 13 février dernier, le juge d’instruction du 2è cabinet du tribunal de première instance de la commune III du district de Bamako, inculpait pour complicité d’assassinat et plaçait sous mandat de dépôt une autre grosse pointure de la hiérarchie militaire : Le général Yamoussa Camara, chef d’Etat major particulier de la présidence de la République et ancien ministre de la défense. Le lendemain, le 14 février, c’était le tour du général Sidy Touré (directeur de la sécurité d’Etat au moment des faits) d’être inculpé et placés sous mandat en même temps que le capitaine Amadou Konaré et le lieutenant Tahirou Mariko, qui sont tous les deux d’anciens membres influents de l’ex junte de Kati.
A ce jour, c’est une trentaine d’officiers et de sous officiers de l’armée qui sont écroués dans le cadre de cette affaire.
Oumar Diamoye