Alors que l’on espérait un dénouement heureux et très prochain de cette crise, après la libération de trois soldates parmi les 49, à titre humanitaire, à la suite de la médiation togolaise ; elle connaît un nouveau rebondissement.
Que s’est-il encore passé ?
Tout est reparti d’une déclaration faite par le président de la Transition malienne, lors de la visite du ministre des Affaires étrangères de la République fédérale de Nigéria, qui avait exprimé, lors de son entretien avec le président Goïta, la volonté de son pays de jouer sa partition pour la libération des 46 autres soldats détenus.
C’est ainsi que le président de la Transition a demandé de revoir aussi les cas de certaines personnalités maliennes faisant l’objet de mandats d’arrêt internationaux. Pour qui, selon Assimi Goïta, la Côte d’Ivoire continue de servir d’asile politique.
Abidjan n’est pas prêt à accepter cette demande malienne
Dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion du Conseil national de sécurité, tenue à Abidjan, le 14 septembre 2022, sur la situation des 49 soldats considérés par Bamako comme mercenaires, les autorités ivoiriennes considèrent la demande de Bamako comme un chantage inacceptable et exigent la libération de leurs 46 autres soldats. Abidjan indique que cette demande malienne confirme le statut d’otages de ses 46 soldats.
Dans le même communiqué, au regard des derniers développements de l’affaire, « qui sont de nature à porter atteinte à la paix et à la sécurité dans la sous-région », selon ses analyses, Abidjan a instruit à son ministre d’Etat, ministre des Affaires étrangères, de saisir la Cédéao en vue de la tenue d’une réunion extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement pour examiner cette crise afin d’aboutir à la libération dans les plus brefs délais de ses soldats.
Toutefois, Abidjan a rappelé aux opposants politiques étrangers vivant sur son territoire, ses instructions selon lesquelles ils sont tenus d’observer, en toute circonstance, un devoir de réserve absolu concernant les affaires intérieures de leur pays d’origine.
Bamako a, à son tour, réagi au communiqué ivoirien. Dans son communiqué, le gouvernement de la transition malienne a rappelé que, contrairement aux déclarations d’Abidjan, la Minusma saisie officielle concernant cette affaire avait, dans une note verbale référencée Minusma/NV/226/2022, datée du 27 juillet 2022, clairement indiqué que les 49 soldats ne faisaient pas partie des éléments nationaux de soutien.
Et, l’Allemagne aussi, à travers son Directeur en charge des questions africaines et son ministère des Affaires étrangères reçu en audience par son homologue du Mali, avait indiqué qu’elle n’avait pas de lien contractuel avec les éléments ivoiriens arrêtés.
Bamako dit également être profondément stupéfié par ce communiqué du gouvernement ivoirien qui constitue, selon lui, une contradiction de la déclaration du ministre ivoirien, Fidèle Sarassoro, faite le 03 septembre 2022 à Lomé, qui a reconnu la responsabilité de son pays tout en précisant que des manquements et d’incompréhension ont été à l’origine de cette crise.
Selon Bamako, un tel revirement grave de la Côte d’Ivoire ne vise qu’à manipuler et entraver la manifestation de la vérité. Bamako accuse ainsi les autorités ivoiriennes de faire fi des conditions obscures et des manquements ayant entraîné l’inculpation par la justice malienne de 49 soldats ivoiriens.
Les autorités maliennes soulignent par ailleurs que c’est exclusivement en qualité de président du Conseil supérieur de la magistrature, que le président Goïta a indiqué au gouvernement ivoirien, la nécessité de considérer les cas de certains Maliens sous mandats d’arrêt internationaux, qui a été perçu par la partie ivoirienne comme une prise d’otages.
Concernant la saisine de la Cédéao par la Côte d’Ivoire, le gouvernement du Mali souligne qu’il n’est nullement concerné par cette procédure qui ne vise, selon lui, qu’à transformer un dossier judiciaire en une crise diplomatique. Bamako estime que cette affaire des 49 militaires est purement judiciaire et bilatérale et met en garde contre toute instrumentalisation de la Cédéao par Abidjan pour se soustraire de sa responsabilité vis-à-vis du Mali.
Les autorités maliennes précisent aussi que pour le respect de la souveraineté de leur peuple, sa sécurité nationale et ses intérêts vitaux, qu’elles ne céderont à aucun chantage ni aucune intimidation.
Fadiala N. Dembélé