La nomination de Soumeylou Boubèye Maïga (SBM) a suscité beaucoup de commentaires quant à la décrispation du climat social délétère. La montagne de son processus de réconciliation nationale enclenché ne pourrait qu’accoucher d’une souris s’il ne tient pas compte du droit de justice et le cas Amadou Aya Sanogo et coaccusés qui restent illégalement en prison.
Le Général Amadou Aya Sanogo et ses coaccusés croupissent en prison depuis un peu plus de quatre ans. Ils ont été arrêtés par rapport à un présumé assassinat de militaires bérets rouges qui leurs est reproché. En dépit du temps de prévention périmé qui textuellement ne doit pas dépasser trois ans, leur mandat n’est pas renouvelé. Toute chose qui juridiquement leurs donnent le droit à la liberté.
Les auteurs du coup d’Etat du 22 Mars 2012 ont été défaits du pouvoir depuis l’accession à la magistrature suprême du Mali du Président Ibrahim Boubacar Kéïta par le stratège et l’un des comptables du bilan du Mali démocratique, Soumeylou Boubèye Maïga, ministre de la défense d’antan. C’est SBM qui a orchestré l’isolement et l’arrestation des putschistes de Kati.
Il faut rappeler que les femmes de ces militaires qui restent désormais injustement détenus avaient marché mi-décembre pour donner un mémorandum au précédent Chef de gouvernement Abdoulaye Idrissa Maïga que ce même SBM a succédé. Dans leur requête, le collectif des femmes des militaires et paramilitaires avait demandé au l’ancien PM d’organiser un procès juste et équitable et cela dans un bref délai.
Abdoulaye Idrissa avait promis de suivre désormais leur dossier de plus près afin que le procès ait lieu selon les règles de l’art. Le départ d’AIM du gouvernement serait-il le signe de la mise dans les oubliettes du dossier des militaires arrêtés si l’on sait que celui qui l’a remplacé à la primature est l’artisan de cette arrestation ? En tout cas, les yeux sont rivés sur l’ancien directeur de la SE non moins ex-ministre de la défense pour qu’il revient à une sagesse de son rang.
Le déni de justice aurait-il le pas sur la maturité de ceux qui ont la lourde charge de dire le droit sous Soumeylou Boubèye Maïga ? Rien n’est moins sûr car le délai de détention préventive a déjà expiré. Qu’est ce qui bloque la tenue du procès lorsqu’on soit que la justice malienne est assez outillée en la matière et aussi compétente pour ce faire ?
D’aucuns disent qu’il y a un manque notoire de volonté politique pour ce procès tandis que d’autres postulent que le régime actuel qui serait soupçonné d’accointance avec l’ex-junte a peur de libérer ou de juger les militaires détenus car ils restent toujours populaires aux yeux de certains maliens. Dans tous les cas, le droit doit être dit sauf que certaines supputations croient encore que la justice n’est plus indépendante au Mali.
Sans soutenir, en aucune manière, les coups d’Etat pendant l’ère démocratique, il est à comprendre que beaucoup de maliens avaient cru que « les évènements du 22 Mars 2012 seraient une porte de sortie favorable au laxisme qui avait caractérisé le Mali sous ATT. » « Lequel évènement aurait favorisé la venue de beaucoup d’autres hommes politiques aux hautes affaires de l’Etat. »
Les autorités maliennes doivent avoir la bonne intelligence de juger sincèrement ou, au nom de la réconciliation nationale inclusive, libérer les militaires détenus. Beaucoup de crimes ont eu lieu sous d’autres cieux mais au nom de l’unité et la réconciliation de leur nation, ils ont su géré à l’amiable tous les problèmes auxquels ils étaient confrontés tel que la République d’Afrique du Sud.
Le Mali serait-il resté en marge de l’évolution de l’humanité pour ne pas savoir gérer les crises internes ? Que nenni ! Si on sait que ce pays hérite des grands empires qui ont été des modèles pour d’autres peuples dont le Mali contemporain se réfère toujours. « Nous supplions les autorités actuelles de porter un regard responsable sur ce dossier et de changer de décision. Ce qui n’est pas une faiblesse mais une forme d’intelligence » a souhaité un citoyen qui a requis l’anonymat.
Y.F. dont nous utiliserons les sigles de nom renchérit que « Le pouvoir actuel est en mesure de libérer les militaires détenus au nom de la réconciliation. Au-delà du coté humaniste qu’ils peuvent bénéficier par la grâce du Président car nous sommes tous des enfants de ce pays, les maliens ont confiance à leur justice pour dire le droit aux militaires. Notre seul ennemi reste le terrorisme.»
« Nous exhortons les plus hautes autorités notamment le Premier ministre et son ministre de la justice dont je reconnais la compétence pour l’avoir connu depuis plus de vingt ans à bien gérer ce dossier. Je sais que c’est un bon magistrat et il est efficace. Quand un dossier est bien géré, on le sait. » a souhaité Me Issa Coulibaly, l’un des avocats des militaires.
Avant de poursuivre « le dossier des bérets rouges a été ouvert un an avant celui des bérets verts mais aujourd’hui on se demande où se trouve ce dossier. Alors je lance un appel au Chef de l’Etat qui ne peut pas être en reste de la gestion de ce dossier. Quand on sait qu’il y a des puissances étrangères qui en sont intéressées »
Et Me Diawara d’affirmer que « Cette affaire, ça dépasse le coté juridique et judiciaire. Les femmes l’ont compris et se sont regroupées en collectif. Leurs parents et, je pense, tout le peuple malien les accompagnent pour que nos clients puissent sortir de cette prison injuste et illégale. La détention de nos clients n’est plus une affaire juridique mais politique. »
Enfin Madame Dembélé Madina Sissoko, la Présidente du collectif invitera « le nouveau gouvernement à s’impliquer, de prendre le dossier en tenant compte de tout ce qui avait été mis de côté afin de tenir un procès juste et équitable dans un plus bref délai. »
En tout cas les plus hautes autorités doivent au nom de la réconciliation nationale prendre en compte les aspirations et inquiétudes de toutes les composantes de la nation malienne en dissociant les humeurs personnelles des espoirs du peuple. Si le politique interfère le juridique, la bonne marche du pays reste compromise comme l’a si bien souligné Me Diawara. Séparation des pouvoirs oblige.
Badara ALOU