Au cours d’une conférence de presse tenue le 31 mars dans l’après-midi, en prélude à la célébration de la journée internationale de l’action contre les mines qui se déroulera le 4 avril, le Représentant spécial du secrétaire général des Nations unies au Mali et chef de la Minusma, Albert Gerard Koenders, a indiqué que 95 civils maliens dont 60 % d’enfants ont été les principales victimes des mines ces dernières années au Nord du Mali.
Il a aussi salué les efforts entrepris depuis janvier 2013 par le Service de lutte anti-mines des Nations unies (Unmas) dans le pays : «c’est un bilan positif», a-t-il dit. La conférence à laquelle participait également le Directeur adjoint du programme Unmas, le Représentant de l’Unicef et les membres de la Commission nationale de lutte contre les armes légères et de petit calibre, a été l’occasion pour M. Koenders de mentionner les nombreuses conventions anti-mines que le Mali a signées. Il a rappelé à cet effet la nécessité pour la Minusma de «travailler en étroite collaboration avec le Gouvernement malien pour s’assurer de la mise en œuvre de ces Conventions».
Selon Philippe Renard, Directeur adjoint de Unmas, plus de 1024 restes d’explosifs de guerre (REG) ont causé de grands dégâts dans le Nord du Mali. Le Bureau de Unmas qui a la charge d’appuyer la Minusma dans la lutte contre ces engins explosifs et d’assurer la protection des civils maliens a, dès son installation en janvier 2013, procédé à l’évaluation et au marquage des zones polluées par les mines et autres restes de guerre. Il a également assuré la dépollution systématique des écoles de Gao et Tombouctou, occupées par les djihadistes au plus fort de la crise. Les bâtiments administratifs des trois régions du Nord ont également été passés au peigne fin en vue de réduire les risques liés à la présence de ces armes. En tout, ce sont plus de 762 villages qui ont été concernés par l’opération.
La Commission nationale de lutte contre les armes légères et de petit calibre, mise en place en 1996, n’a pas un rôle répressif. Elle dispose dans ses attributions de l’exécution du programme de déminage, la sensibilisation sur le danger des mines, la fouille, l’identification, le désamorçage et la destruction de stocks d’engins explosifs afin de permettre la libre circulation des personnes. Avec l’appui de partenaires stratégiques comme la Cédéao, la Commission nationale a assuré la sensibilisation de nombreux acteurs de la société civile et des élèves aux dangers des mines, procédé à l’harmonisation des lois nationales avec les conventions de la Cédéao sur les armes, assuré la formation en marquage et traçabilité des armes. Plus récemment, elle a bénéficié de l’appui conséquent de Unmas pour notamment la formation de 83 éléments du génie militaire maliens dans la destruction d’explosifs obsolètes et de 60 autres personnels en ce qui concerne la gestion des stocks d’armes et de munitions. La Commission travaille dans toutes les régions du Mali, où des points focaux ont été mis en place avec encore le concours de Unmas.
La présence de mines et autre munitions non explosées compromet le retour des déplacés et réfugiés, paralyse l’activité économique et l’assistance humanitaire. Elle inhibe tout simplement les initiatives de développement. Face au danger, l’Unicef a entrepris un vaste travail de sensibilisation des populations, élèves et enseignants des régions du Nord. Le but est de réduire les cas d’accidents par les mines et autres engins explosifs, notamment au sein des communautés rurales frappées par l’enclavement et le manque de structures hospitalières. Les différents acteurs impliqués dans la lutte contre les mines et restes d’explosifs de guerre procèderont ce 4 avril, Journée internationale de la sensibilisation au problème des mines et de l’assistance à la lutte anti-mines, à la destruction, aux environs de Kati, d’une certaine quantité d’engins hautement invalidants et meurtriers.
Frédéric FATH