Depuis la prise et l’occupation des régions du Nord du Mali par des groupes rebelles armés, la situation humanitaire ne cesse de se détériorer. C’est du moins ce qui ressort du constat fait par l’Administratrice déléguée de l’USAID en charge du Bureau de la Démocratie, des Conflits et de l’Aide Humanitaire (DCHA), Mme Nancy Lingbord. Elle l’a révélé aux journalistes le 2 août 2012 à la Maison de la presse, au terme de sa mission dans notre pays et plus précisément à Mopti. Elle était accompagnée par le Coordonnateur des Affaires Humanitaires des Nations-Unies pour le Sahel, David Gressly et une forte délégation.
«Je me suis rendue à Mopti où, vous le savez peut-être, près de 32.000 Maliens se sont réfugiés pour échapper à la violence et à l’instabilité. J’ai constaté de visu la perturbation et la souffrance à grande échelle causées par le conflit en cours. Pendant mon séjour, j’ai eu l’occasion de parler avec ceux dont la vie a été déracinée et assombrie. Je me suis entretenue avec des femmes qui ont dû fuir avec leurs enfants pour pouvoir les protéger, mais aussi parce qu’elles n’étaient plus libres de travailler. Outre les centaines de milliers de personnes aujourd’hui réfugiées dans les pays voisins, nous sommes profondément préoccupés par l’instabilité et la crise humanitaire en cours ici au Mali, qui pourrait aggraver davantage une crise alimentaire régionale déjà désastreuse». Ces propos de Mme Nancy Lingbord donnent des frissons et ne peuvent laisser personne indifférent.
Elle a tenu par ailleurs à rassurer que l’engagement des Nations-Unies à aider le peuple malien ne fera pas défaut pour juguler cette crise. Et d’ajouter qu’au titre de l’année 2012, les Etats-Unis ont débloqué 68 millions de dollars (avec tout récemment un rajout de 10 millions de dollars) d’aide humanitaire au profit des populations nécessiteuses du Mali victimes du conflit au Nord et de la crise humanitaire à grande échelle dans le Sahel. Il s’agit, entre autres, de suppléments nutritionnels pour les enfants malnutris, des vivres pour les familles en proie à la famine, ainsi que des soins de santé, de l’eau potable, des matériels d’assainissements et des kits d’hygiène. Dans les localités où les marchés sont toujours ouverts, l’USAID offre des bons d’achat aux Maliens leur permettant de se procurer des vivres et des denrées de première nécessité au niveau de leurs marchés. L’USAID renforce aussi la sécurité alimentaire afin d’aider les familles à mieux résister à ces chocs et aux chocs futurs. «Nous sommes conscients des énormes besoins humanitaires du pays par rapport à l’insécurité alimentaire dans la région. Nous savons également qu’environ 80% de ces besoins sont concentrés dans les régions du Sud où ils résident 90% des Maliens en plus de milliers de déplacés, suite au conflit. La crise alimentaire qui sévit aujourd’hui au Mali et dans la zone sahélienne, n’est pas une première et nous savons qu’il y aura encore d’autres chocs -une autre sécheresse, d’autres mauvaises campagnes agricoles- qui risquent de la transformer en crise. C’est pourquoi, même si nos interventions visent à sauver des vies, nous œuvrons également à faire en sorte que notre assistance humanitaire puisse aider les populations de la région…Nous demeurons également préoccupés par une légère hausse de la recrudescence du choléra et d’autres maladies d’origine hydrique, qui pourrait compliquer davantage la situation humanitaire. Nos experts se penchent sur l’invasion acridienne qui pourrait détruire les récoltes au Mali si elle perdurait, prolongeant du coup la crise de l’insécurité alimentaire…Les Etats-Unis sont déterminés à travailler de concert avec la Communauté internationale et les autres partenaires pour répondre aux besoins du Mali en ces temps de crise et dans les années à venir», a expliqué l’Administratrice déléguée de l’USAID en charge du Bureau de la Démocratie, des Conflits et de l’Aide Humanitaire (DCHA), Mme Nancy Lingbord.
A la question des journalistes de savoir les mesures prises pour que l’aide humanitaire parvienne réellement aux populations au lieu de tomber dans les mains des rebelles armés, Mme Nancy Lingbord a affirmé que l’USAID travaille en étroite collaboration avec des ONG et Associations humanitaires maliennes et internationales, afin que cette aide soit bien acheminée aux populations en détresse dans le septentrion malien.
Basile ESSO
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