Un tour de folklore a toujours régné dans les hautes sphères de l’Etat quant à l’équipement des forces armées maliennes en moyen logistique de combat. Bien que le pays soit plongé dans une léthargie sécuritaire, il faut comprendre qu’elle fait l’objet de récupération politique de part et d’autre.
La nation malienne a fêté le 57ème anniversaire de son armée, le samedi dernier. L’occasion était bonne pour le Chef de l’Etat Son Excellence Ibrahim Boubacar Kéïta, pour mettre en exergue l’ensemble des efforts que le pouvoir continue de déployer avec l’aide des PTF pour donner à la grande muette son lustre d’antan.
Que de mystères entourent la manière et dans quelle condition ces matériels sont acquis ! Les commentaires vont bon train quant à la sincérité et le budget des achats. Tout le monde se rappelle des vives préoccupations des citoyens maliens à l’issu de l’achat de certains matériels tant vantés et qui seraient surfacturés. Il s’agissait d’abord des gilets pare-balles, des chaussures et aussi des chaussettes.
L’utilisation à bon escient des ressources financières destinées à nos forces armées est le souci permanent qui guette tous les bons maliens désireux de voir triompher nos Famas sur l’ennemi au front. La montée en puissance des Famas, un désir ardent ne se réalisera que lorsque les fonds qui y sont alloués sont bien gérés. Ainsi le Parti pour la renaissance nationale dans une déclaration du 23 Janvier 2018 disait : « Sans bonne gouvernance, sans gestion rigoureuse des ressources destinées aux FAMAS, il n’y a pas de montée en puissance durable ».
Les maliens, dans leur majorité, douteraient de ce qui est réellement fait des colossales sommes annoncées pour la matérialisation de la LOPM quand bien même la liste des victimes de la crise sécuritaire ne cesse de croitre. Le PARENA aurait même sollicité un audit des fonds alloués à cet effet et aussi de demander au Vérificateur Général cette gymnastique.
Tout en regrettant le « tapage médiatique… au sujet de la remise à niveau de nos forces armées ou de la montée en puissance des FAMAS » le parti du bélier blanc met au pilori le régime. En tout état de cause, la gestion de notre armée doit être claire comme les autres secteurs, même plus, car c’est un domaine assez sensible et stratégique que de laisser les soldats mourir au front alors que des véreux ne se soucient de rien.
Le paradoxe réside dans le fait que malgré les communications qui semblent désormais de cirque, le tableau reste noir quant aux réalités sur le terrain. Les maliens sont inquiets du fait que jusque-là les 2/3 du pays échappent au contrôle des autorités maliennes. Ce qui expliquerait cette préoccupation du Parena quant à « l’utilisation à bon escient des ressources financières destinées à nos forces armées notamment sur l’utilisation des 1230 milliards de francs CFA alloués au titre de la Loi d’orientation et de programmation militaire ».
Rien qu’en 2017 le Mali a enregistré au moins 716 morts et 548 blessés et une douzaine de victimes seulement depuis le début de l’année 2018. « Un homme qui pleure n’est pas un ours qui danse » disait Aimé Césaire. Et les autorités maliennes semblent l’ignorer de fait leur propagande qui ne tiendrait pas compte les inquiétudes du peuple. Sinon elles auraient tu leurs stériles communications.
Les initiatives n’ont point manqué et les maliens de tout bord se sont impliqués à tous les niveaux pour mettre un terme à la crise qui n’a que trop duré.
Sinaly M DAOU