L’armée malienne a eu, le samedi dernier, 57 ans. Un anniversaire qui une fois de plus, intervient dans un contexte sécuritaire marqué par la recrudescence des attaques terroristes. Alors qu’au lendemain du coup d’Etat de 2012, le pays s’en est remis aux bons offices de la force française Serval ( aujourd’hui Barkhane), puis de la Minusma et de la force du G5 Sahel, des Maliens réclament aujourd’hui la remise sur pied de leur armée nationale, dans un pays plus que jamais livré à la loi des groupes terroristes.
Dans son discours à l’occasion du 57eme anniversaire de l’armée malienne, le président de la République du Mali Ibrahim Boubacar Kéïta a évoqué les acquis, depuis son arrivée au pouvoir, pour la reconstruction des Famas. Ces acquis majeurs sont : l’adoption de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire (LOPM 2015-2019) d’un budget global 1230 milliards sur cinq ans dont 246 Milliards par an, l’adoption de la Loi de Programmation pour la Sécurité Intérieure (LPSI 2017-2021). Ces deux mesures visent à doter les forces de sécurité du Mali de moyens humains, technologiques et matériels nécessaires à leur mission, de reformer la gestion des ressources humaines dans l’armée; d’améliorer les conditions de vie des troupes; de voter et appliquer une loi de programmation militaire correspondant aux besoins; d’améliorer et renforcer la gouvernance dans ce secteur. Comme perspective, le président de la République a annoncé l’opérationnalisation très prochaine de la Fondation pour la Solidarité afin de permettre une meilleure gestion de la politique sociale de l’Etat en faveur des militaires, de leurs familles et de leurs ayant droits. Difficile donc d’ignorer ces « avancées » dans la reconstruction de l’armée malienne. Mais est ce assez suffisant pour la reconstruction de l’armée au moment où les terroristes dictent leur loi sur la quasi-totalité du territoire malien ?
Selon l’URD, le parti du chef de file de l’opposition malienne Soumaïla Cissé, « notre armée doit nécessairement être équipée. Aucune indiscipline ni délinquance financière ne doivent être tolérées dans la gestion des ressources allouées à nos forces armées ». Aux dires de Soumaïla Cissé, ce 57ème anniversaire de la fête de l’armée intervient dans des circonstances internationales et des défis régionaux et nationaux très difficiles qui exigent vigilance, formation et équipements des soldats. « Depuis 2012, nos Forces armées se battent, parfois sans moyens, aux côtés de nos amis et alliés contre les groupes terroristes et djihadistes qui ont investi le septentrion, le centre et le sud de notre pays», a souligné le chef de file de l’opposition malienne.
Selon le Parena, le parti de Tiébilé Dramé, au moins 716 personnes ont perdu la vie au Mali entre le 1er janvier et le 31 décembre 2017. Au nombre des victimes figurent 292 militaires maliens et étrangers : 245 membres des FAMAS (forces maliennes), 45 soldats de l’ONU et deux éléments de la Force Barkhane. Ces chiffres contredisent les « grandes mutations » au sein des forces armées et de sécurité malienne évoquées par le président de la République lors de la célébration de ce 57eme anniversaire de la grande muette. Surtout que dans son dernier rapport trimestriel sur le Mali, Antonio Guterres, le secrétaire général de l’ONU indique qu’il est « profondément préoccupé par la faiblesse de la présence ou l’absence de l’État dans le nord et le centre du pays. »
Outre le défi sécuritaire, un autre sujet d’inquiétude a refait surface à la veille de ce 57eme anniversaire de l’armée malienne, c’est le respect de la chaine de commandement. La preuve : l’arrestation pour désertion, à l’entrée de Bamako le mercredi 17 janvier dernier, de 36 gendarmes qui étaient déployés dans le centre, défraie aujourd’hui la chronique. En effet, la gestion des troupes reste encore très problématique au sein de l’armée malienne. La hiérarchie est régulièrement accusée de plusieurs manquements (surfacturation, détournements de primes…)
M.K. Diakité