A veille de la fête anniversaire de l’indépendance de notre pays à la souveraineté nationale et internationale, le Président de la République, Chef de l’Etat s’est adressé à ses compatriotes. La paix et la sécurité, la cohésion nationale et la prise en charge de la demande sociale sont au cœur de ses préoccupations.
Nous vous proposons, l’intégralité de son discours.
Mes chers compatriotes,
Amis et hôtes du Mali,
Notre pays célèbre demain le 56ème anniversaire de son accession à la souveraineté internationale. Il le fait en continuant à affronter les conséquences de la terrible crise de 2012 qui avait amené le Mali au bord de l’abîme. Il le fait aussi et surtout avec la ferme volonté de conserver l’entière maîtrise de son destin en s’appuyant pour cela sur les valeurs qui depuis toujours font sa force et constituent son orgueil.
Ces valeurs sont la solidarité que nous savons montrer dans l’adversité, le souci du pays qui nous fait transcender nos différences et même nos divergences, la détermination à préserver notre vivre ensemble, socle de notre unité nationale. Ces valeurs sont inévitablement mises à l’épreuve dans la conjoncture que nous traversons. Mais elles demeurent intangibles, car forgées par notre Histoire commune.
Mes chers compatriotes,
La commémoration du 22 Septembre constitue un moment privilégié de réflexion sur les défis qui se présentent à nous. Trois d’entre eux revêtent à mes yeux une importance particulière. Celui du rétablissement de la paix et de la sécurité. Celui de la préservation de la cohésion nationale. Et celui de la prise en charge de la demande sociale. L’Accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger nous offre, malgré les lenteurs et les difficultés survenues dans sa mise en œuvre, une réelle chance d’atteindre le premier objectif. Je comprends l’impatience de nos compatriotes qui auraient souhaité voir l’Accord produire ses effets plus rapidement et de manière plus évidente. Je sais le désarroi de nombreux Maliens devant la persistance des actes terroristes.
Mais je voudrais rappeler une vérité que j’avais déjà énoncée : le chemin vers la paix et la sécurité est sinueux. L’emprunter exige de la persévérance, de la constance et l’absolue conviction qu’il n’existe pas d’autre alternative à la sortie de crise. Dans le combat que nous menons pour le rétablissement de la stabilité dans notre pays, nous bénéficions du concours inappréciable de la communauté internationale. Nos amis et partenaires apprécient à leur juste dimension des efforts exceptionnels que nous consentons sur le plan interne au renforcement des capacités opérationnelles de nos forces armées et de sécurité. La mise en œuvre de la Loi d’Orientation et de Programmation Militaire a permis de rendre plus efficace l’outil de défense en l’adaptant aux exigences de la guerre asymétrique et aux nouveaux types de menaces.
L’acquisition d’équipements militaires se poursuivra ainsi que la réhabilitation ou la construction d’infrastructures militaires. En outre, à travers certaines dispositions du nouveau Statut général des militaires qui vient d’être adopté, la Nation malienne témoigne sa considération à nos soldats qui risquent leur vie sur le théâtre des opérations militaires de combat. Le Statut accorde notamment des avantages aux ayants droit des militaires tombés sur le champ de l’honneur et prévoit un appui aux blessés de guerre.
La Patrie malienne marque donc de manière significative sa reconnaissance à ceux de ses fils qui vont jusqu’au sacrifice suprême pour elle. Mais dans le même temps, nous devons avoir le courage et la lucidité de tirer les enseignements indispensables des épisodes douloureux tels que ceux qui se sont produits récemment à Nampala et à Boni. Dans la guerre que nous avons engagée contre les terroristes et les bandits armés, nous devons faire nôtre l’impératif de vigilance absolue et réduire la part d’erreurs dont pourrait tirer avantage l’ennemi.
L’élaboration en cours d’une Loi d’Orientation et de Programmation de la Sécurité améliorera notablement la gestion des personnels, des équipements et des infrastructures. Mais déjà sur mes instructions, bientôt sera mise en œuvre un plan d’action global couvrant plusieurs secteurs. Ce plan a pour objectifs la sécurisation, la stabilisation et le renforcement de la cohésion dans toutes les zones de notre pays connaissant un niveau préoccupant d’insécurité et de manœuvres de déstabilisation
Mes chers compatriotes,
Au cours de ces dernières semaines, j’ai initié une série de rencontres avec des acteurs politiques et de la société civile. Je poursuivrai dans les jours à venir cette démarche qui, je le rappelle, n’est pas inédite, notamment concernant la situation au Nord de notre pays. Ces rencontres ne remplacent pas la Conférence d’entente nationale prévue dans l’Accord de paix et dont les termes de référence sont déjà élaborés. Je n’oublie pas que la confiance massive dont vous m’avez investie lors de l’élection présidentielle a transcendé tous les clivages et toutes les démarcations. Cette confiance me fait donc obligation de rester à l’écoute de tous et de recevoir autant que nécessaire l’avis de sensibilités diverses.
Je prends, et je prendrai toujours en considération toute voix exprimant le souci du Mali. Car la fonction présidentielle fait de moi le gardien de la cohésion sociale dans notre pays, un gardien qui ne peut ignorer les attentes et les alarmes des Maliens, de quelque bord que celles-ci soient formulées. La préservation de la cohésion nationale revêt une importance particulière dans notre pays qui se relève d’une crise majeure, qui affronte encore des périls pour lui inédits et qui reprend progressivement son rang dans le concert des nations.
Les temps que nous traversons ne sont ni à la controverse, ni à l’ultimatum. Ils nous incitent à analyser solidairement nos priorités du moment et à explorer avec esprit de raison la meilleure manière de les prendre en charge. Les rencontres que j’ai initiées ne visent pas à créer un unanimisme de façade et sans effet. Ces rencontres sont l’occasion d’échanges directs où dans le respect des différences, sont recherchées les réponses idoines aux difficultés de la Nation. J’espère que l’esprit constructif qui a marqué les premiers échanges se maintiendra dans les concertations futures. Je suis certain qu’en restant fidèles à cet esprit, il n’est pas de situation difficile que nous ne saurions dénouer.
Mes chers compatriotes,
Je reste extrêmement attentif à la portée des actions du Gouvernement en faveur de l’amélioration des conditions de vie des populations. En raison des moyens de l’Etat qui restent limités, ces actions n’atteignent pas toutes l’ampleur souhaitée. Mais nous continuons à déployer une vigilance particulière pour préserver le pouvoir d’achat de nos concitoyens. Ainsi en ce mois de Septembre, les prix des denrées de première nécessité ainsi que ceux des céréales sont en baisse par rapport à ceux affichés à la même période en 2015. Ces prix restent dans leur ensemble, inférieurs à ceux pratiqués dans la Région Ouest Africaine.
Dans le domaine de l’amélioration des conditions de vie et de travail des agents de l’Etat, il a été procédé à une augmentation du point d’indice des fonctionnaires de 20% sur la période 2015-2017. Ces mesures ont été renforcées par une baisse de huit points du taux de l’Impôt sur les Traitements et Salaires.
Mes chers compatriotes,
Voilà trois ans déjà que je me suis attelé avec vous à une tâche ardue de reconstruction, de restauration et de réhabilitation. Tâche rendue incontournable par l’état même dans lequel se trouvait notre Nation. Tâche rendue compliquée par la montée imprévisible de certains périls. Mais tâche qui porte ses premiers fruits. Nous sommes en droit d’envisager l’avenir avec un optimisme raisonné. A cet égard, le Sommet Afrique-France qui se tiendra en janvier 2017 à Bamako constituera un marqueur éloquent du chemin que nous avons parcouru. Sa réussite consacrera le dynamisme de notre peuple et le retour de notre pays à l’avant-scène mondiale. Elle récompensera l’investissement à notre côté des partenaires internationaux qui ont cru en nous dans les heures les plus difficiles. Elle justifiera la confiance de nos amis africains qui n’ont jamais douté de notre capacité à tenir à nouveau notre rang.
Mes chers compatriotes,
Continuons à forger notre destin et restons une Nation debout.
Vive la République !
Vive le Mali ! Je vous remercie !