22 septembre 1960-22 septembre 2016 : Y a-t-il une lueur d’espoir d’un Mali meilleur ?

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C’est la question à laquelle des citoyens maliens ont tenté de répondre à la veille de la commémoration du 22 septembre 1960.

 Sinaly Daou (sociologue) :

“Il nous faut nous sortir de l’emprise de la France. Nous sommes loin des idéaux du 22 septembre 1960 qui sont d’ailleurs éteints. Les pères de l’indépendance ont voulu faire une mise en garde pour faire comprendre à la génération future que « l’homme blanc » ne vise que son intérêt et ne veut pas le bonheur de l’Afrique. C’est pourquoi le président Modibo Kéita avait mis en place une formule pour assurer une indépendance totale. Ces changements voulus étaient d’ordre psychologique, social, politique et économique :

– L’affranchissement psychologique qui visait à donner une autre impression de la France que celle d’amie et d’indispensable ;

– Sur le plan social, les nouvelles autorités maliennes ont fait une culture d’enracinement à nos valeurs sociétales d’antan et aussi une restitution des normes et convenances sociales par une politique d’envergure avec le mouvement pionnier ;

– La délivrance politique qui devait se solder pour une autonomie politique permettant une liberté de coopération régionale, sous-régionale, africaine et internationale d’intégrer les organisations internationales et de librement choisir ses partenaires techniques et financiers ;

– La libération économique visait à réduire la dépendance du Mali vis-à-vis de la France sous les plans financier et économique avec plus d’autonomisation. Ce qui a d’ailleurs valu la création du franc malien en 1962.

L’aujourd’hui de cette indépendance est devenu un ciel aux nuages avortés avec les sangsues d’une nation trahie par ses enfants au fil des ans”.

Alassane Singaré (informaticien) :

“Selon moi, l’indépendance est purement politique, sinon nous sommes carrément dépendants sur le plan économique et cela est dû à plusieurs facteurs comme la dévaluation, la continentalité et l’industrialisation. Le développement va en dents-de-scie. Sur le plan sécuritaire, il y a eu une amélioration. Cependant, il reste beaucoup à faire afin de faire face aux éventuelles crises. L’Etat doit s’occuper de sa jeunesse, lui redonner le goût du patriotisme tout en bannissant la mendicité et le travail des enfants. Il faudrait un changement de comportement vis-à-vis des biens de l’Etat, de la corruption pour un avenir meilleur au développement escompté”.

Ibrahim Traoré (diplômé sans emplois) :

“Le Mali, tout comme les autres pays africains, n’a jamais été indépendant. Le cas du Mali est pire. Sur le plan politique, nos présidents africains ont toujours été choisis par l’Occident. Le Mali a fait exception à cela en 2013, mais sa population le regrette amèrement de nos jours parce que le président une fois élu a mis les intérêts du pays aux oubliettes. Le système sécuritaire est catastrophique. La population ne se sent plus en sécurité. Les 200 000 emplois promis ne sont pas là encore…”

Salimata Danté (commerçante) :

“Le Mali indépendant c’était sous Modibo Kéita et nous avons perdu notre indépendance à sa mort. A l’arrivée de Moussa Traoré, le Mali a été frappé d’hépatite. Alpha Oumar Konaré l’a carrément hospitalisé. ATT a fait de lui un handicapé et aujourd’hui IBK est en train de l’enterrer. Nous ne voulons même pas entendre parler d’indépendance parce qu’on n’en a pas. Nous demandons au président IBK de prendre exemple sur la bravoure et la bonne gestion de Soundiata Kéita qui est une référence dans le monde. Comme le dit cet adage africain : si tu n’arrives pas à monter sur l’arbre sur lequel montait ton père assois toi sous le pied de cet arbre, les passants se diront au moins que tu viens de descendre ou que tu veux le monter”.

Almoustapha Koné (étudiant) :

“L’indépendance d’un pays n’est effective quand ce pays est auto-suffisant ou autonome dans la gestion des secteurs principaux comme l’alimentation, la sécurité et la défense, le paiement des salaires et des bourses. Il faut que nous priorisions les potentiels nationaux et laisser le soin aux cadres nationaux de conduire sans ingérence extérieure les mesures gouvernementales pour l’émergence. L’employabilité est délicate dans tous les pays maintenant, c’est un problème au Mali qui doit aussi attirer l’attention. L’avantage que les pays africains on pu tirer de l’indépendance c’est les organisations sous-régionales comme l’Uémoa, la Cédéao, l’Union africaine qui interviennent pour épauler un pays membre en difficulté”.

Boubacar Sam (enseignant) :

“Le Mali est loin d’être indépendant. La présence des casques bleus en est une parfaite illustration. Un pays indépendant n’a nullement besoin d’un tel soutien militaire. Aujourd’hui, le Mali est dans l’impasse. L’accord de paix est piétiné par les attaques terroristes. Les conflits intercommunautaires et le grand banditisme ont fait au minimum 600 morts depuis la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali. Pis, dans certaines zones du pays, on assiste à un repli identitaire à cause de l’absence de l’Etat et de l’amalgame dans la lutte contre le terrorisme. Les Maliens souffrent le martyre. Nous assistons à une gestion calamiteuse du pays”.

Mariam Camara

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3 COMMENTAIRES

  1. …IL EST TEMPS QUE VOUS PARLIEZ DE LA DESTRUCTION DE NOS CROYANCES ET CULTURES ANCESTRALES SANS LESQUELLES NOUS NE SERONS QU’ANEANTIS ET NOTRE TERRE DEROBEE….
    la culture lie l’homme et la terre, celui qui perd sa culture perd sa terre( il s’en ira de lui meme, voyez les milliers que se noient dans les mers), mais voyez surtout que ceux la qui importent leurs cultures chez nous viennent s’y installer aisement et y florissent…..

    COMBIEN D’ARABES ET FRANCAIS ONT DES DROIT-FONCIERS AU MALI? COMBIEN DE MALIENS ONT DES DROIT-FONCIERS EN ARABIE OU EN FRANCE?

  2. Le peuple malien doit faire son autocritique ne plus compte que sur lui meme.
    Personne ne veut mourir la patrie
    Il ya jamais de liberté sans sacrifice

  3. Bonjour,
    Félicitations pour la modernisation et les chantiers de l’armée (1) axés sur la cohésion, (2) mettant l’armée à hauteur de souhait de mission à travers, entre autres, le renforcement de capacités pour donner/redonner confiance, la formation d’unités spéciales de lutte contre le terrorisme, l’amélioration des conditions (salariales, de logement, …) et la valorisation du métier et (3) mettant l’Homme au début, au centre et à la fin comme l’exige la loi de programmation militaire s’appuyant sur des piliers à savoir quel type d’homme ?, quel type de menace ? et quel équipement ?.

    Lors de la 56 e fête de l’indépendance du Mali, en terme de réconciliation, le Président IBK a appelé à se retrouver autour de l’essentiel, à la cohésion, à avoir pitié du Mali, des Maliens et à se dire la vérité.

    Pour le Président, se dire la vérité, cela sous entend que des sanctions seront désormais de mises pour mieux gérer la situation que nous sommes entrain de traverser.

    Félicitations pour la médiation internationale d’avoir réagi en prenant en compte l’essentiel des éléments que j’ai signalés dans l’appel que j’ai lancé pour la mise en oeuvre diligente et franche de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali.

    Cet appel est intitulé : APPEL A TOUS POUR UNE MISE EN ŒUVRE DILIGENTE DE L’ACCORD POUR LA PAIX ET LA RÉCONCILIATION AU MALI ET UN ENGAGEMENT FRANC, HONNÊTE ET SANS COMPLAISANCE DES ACTEURS.

    Suite à la XI session du CSA (Comité du Suivi de l’Accord), dans le communiqué, du 21 septembre 2016, de la médiation internationale, cette dernière va dans ce sens.

    Félicitations aussi aux Etats Unis d’aller dans ce sens. En effet, l’Ambassadeur des Etats Unis au Mali, au nom du Gouvernement des Etats-Unis, a réaffirmé son plein soutien au processus de mise en œuvre de l’Accord pour la Paix et la Réconciliation au Mali issu du processus d’Alger et a appelé toutes les parties à respecter scrupuleusement leurs engagements et les assure de leur détermination à appuyer leurs efforts dans ce sens.

    Heureux de savoir que la CPA, par l’intermédiaire de Mohamed Ousmane Ag Mohamedoune, son secrétaire général, Ahmedou Ag Mohamedoune du bureau politique et Mohamed Ali Ag Mohamed Acheikh, son chef d’Etat-major, qui soutient l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, reste toujours un des acteurs de cet accord. Merci à CPA de continuer à lutter pour le soutien de l’accord de paix.

    Intégrée à la CMA, la CPA doit demander aux autres parties prenantes d’arrêter les hostilités dans la région de Kidal et d’opter pour le dialogue comme je l’ai proposé et comme le proposent la médiation internationale et les Etats Unis.

    PAR RAPPORT A L’APPEL QUE J’AI LANCÉ, IL RESTE MAINTENANT A SAVOIR SI :

    – LES INTÉRÊTS CACHÉS ET LES MAINS INVISIBLES QUI POURRONT EMPÊCHER A L’ACCORD DE PAIX DE SE DÉROULER NORMALEMENT SERONT DÉBUSQUÉS à travers les enquêtes que la médiation internationale pourra diligentées et qui pourront aboutir à des sanctions individuelles ou collectives.

    – la conférence d’entente nationale, prévue dans l’accord de paix, sera organisée dans les meilleurs délais. Elle serait mieux que des concertations nationales, proposées par l’opposition, qui sont plus compliquées et qui ne donneraient pas, obligatoirement, dans un délai court, une avancée significative et un meilleur accord que l’accord de paix actuel.

    Bien cordialement
    Dr ANASSER AG RHISSA
    Expert TIC, Gouvernance et Sécurité
    TEL 00223 95 58 48 97

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