20 janvier, fête de l’armée : IBK a rendu justice à Samarek, le héros oublié

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Samarek
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L’armée malienne a fêté dignement ses 53 ans d’existence le 20 janvier dernier, lors d’une cérémonie sobre sur le boulevard de l’indépendance présidée par le président de la République Ibrahim Boubacar Keïta. À cette occasion, il s’est évertué, par devoir et nécessité, à faire un état des lieux sans complaisance des tares et insuffisances de notre armée nationale. En cela, il a rendu justice au Colonel d’aviation Mamadou Sissoko dit Samarek,  qui a subi les injustices et la tyrannie de la haute hiérarchie militaire pour les avoir dénoncées bien avant lui, depuis les présidents Alpha Oumar Konaré et Amadou Toumani Touré jusqu’à l’exacerbation de la crise du nord et son invasion par les jihadistes.

 

 

En effet, dans son discours de haute tenue adressée à la hiérarchie militaire, aux soldats et au peuple malien, le chef suprême des armées a rendu hommage au père de la Nation Modibo Keïta qui fut le créateur de l’armée malienne, le 1er octobre 1960, et à la Grande Muette, «notre outil de défense forgée dans le volontarisme visionnaire du Grand Mali d’antan ». Il a ensuite fait un état des lieux sans complaisance de notre armée nationale pendant la crise du Nord : « armée déliquescente, moyens vétustes et insuffisants, formation lacunaire, interférences néfastes dans la chaîne de commandement, corruption, patriotisme vacillant, replis tactiques sur replis tactiques, revers humiliants, pays occupé aux deux tiers. Un bilan désastreux. L’honneur du Mali aux enchères pendant de longs mois interminables.  La Nation a frôlé le pire». Le chef de l’Etat est allé plus loin. Pour lui, ce passif tragique requiert une sincère introspection, un audit profond de ce naufrage national. Avec un seul objectif : que la vérité soit sue sur les causes de notre déshonneur.

 

 

Le Colonel d’aviation Mamadou Sissoko dit Samarek qui fut commandant de la Base aérienne militaire 100 de Sénou avait, en son temps, tiré la sonnette d’alarme auprès de la hiérarchie militaire sur les dangers de clochardisation de notre armée nationale, de l’inféodation de ses chefs et leur trop-plein de servilité envers les politiques et de la corruption généralisée de la chaîne de commandement où tout était bon pour détourner, faire des affaires sur le dos des soldats, au détriment de notre armée nationale.

 

 

S’il est vrai que dans cette armée n’était que l’ombre de celle qui était crainte, respectée et admirée dans la sous-région, elle était parvenue quand même à faire face, jusqu’au 22 mars 2012, aux coups de boutoir des fous de Dieu et des renégats qui avaient osé prendre les armes contre la mère Patrie, au nom de l’Islam et d’une prétendue cause touarègue. Elle n’a cédé qu’après le coup d’Etat de la junte de Kati et la rupture générale de la chaîne de commandement.

 

 

Où était Samarek en ces moments cruciaux ? Le coup d’Etat du 22 mars l’a trouvé en affectation urgente à Gao, où l’aviation qu’il commandait devait jouer un rôle capital dans la résistance et la reconquête face aux rebelles supérieurement armés, prêts à encercler dans leur offensive quasi-irrésistible notre armée sur la défensive au front avancé. À Gao, la troupe, les soldats n’étaient pas du tout contents de la parade et du mépris de la plupart des officiers supérieurs qui les commandaient. Ils ont profité de l’annonce du coup d’Etat, sur ce théâtre des opérations, pour prendre à partie les chefs militaires, les arrêter et les ligoter.  C’est parce qu’ils les trouvaient incompétents, incapables ou, au pire, indignes de conduire dans l’honneur une armée de vrais patriotes prêts à consentir le sacrifice de leur vie pour l’amour et la dignité de la nation malienne.

 

 

Pour conduire les opérations  de combat, ont trouvé grâce à leurs yeux, notamment, le colonel d’aviation Mamadou Sissoko dit Samarek, le Colonel Didier Dacko et l’adjoint au Colonel Ould Meidou. Le premier cité,  précédemment commandant de la Base 100 à Sénou, est un officier supérieur de valeur, un stratège militaire aux qualités humaines et aux compétences hors normes, extraordinaires disent ses pairs, unanimement reconnues par la troupe de l’armée de l’air et bien de vaillants soldats d’autres corps. Des atouts qu’il a démontrés ailleurs sur un difficile théâtre d’opération de maintien de la paix, précisément au Congo où il a pu sauver d’une mort certaine des centaines de nos compatriotes en péril.

 

 

Sous son commandement, malgré l’héroïsme de ses soldats et des  équipages des deux hélicoptères restants, qui visaient et faisaient mouche malgré le pare-brise étoilé, Gao assiégée par une horde de fanatiques est tombée. Mais, des centaines de soldats ont pu évacuer la base et avoir la vie sauve à cause de la vive résistance et du courage des éléments du Colonel Samarek, du Colonel Didier et du Colonel Ould Meidou.

 

 

En cela, nul ne peut jeter la pierre à notre vaillante armée qui, dans cette guerre, a manqué de tout, de la simple munition, au soutien de l’oligarchie militaire bourgeoise, en passant par la ration quotidienne jusqu’aux moyens logistiques sans lesquels une guerre moderne ne peut se mener ou a fortiori être gagnée.

 

 

Si le 20 janvier est le symbole intangible de l’armée malienne qui a retrouvé sa totale liberté d’action à cette date en 1960, avec l’ordre donné à la puissance coloniale française par le père de la nation malienne, Modibo Keita, d’évacuer ses bases militaires du Mali, le Colonel d’Aviation Mamadou Sissoko dit Samarek, en est bien le héros oublié, le seul des officiers supérieurs de la campagne du Nord à n’avoir reçu ni grade, ni décoration. Au contraire, on l’a mis délibérément à la retraite le 31 décembre dernier. Paradoxalement en ces temps de crise, où son génie militaire aurait trouvé à s’employer par excellence.

 

 

Si le 20 janvier est la célébration de la souveraineté de notre armée nationale, c’est aussi une fête du souvenir qui doit nous servir à exalter les vertus de loyauté, d’abnégation, de courage, de persévérance et de patriotisme, de don de soi que nous ont léguées les fiers combattants des armées conquérantes, de Soundiata à Samory Touré. Ce sont autant de vertus de ses fils vaillants qui font la grandeur d’une nation et peuvent consacrer sa pérennité. Ce qui n’exclut pas que, à l’exemple du colonel Mamadou Sissoko, loin de la parade, dans l’humilité et le bien, en dehors de toutes les intrigues, sans protestation inutile devant la méchanceté et l’injustice, ils accomplissent stoïquement leur part de devoir et plus, jusqu’au bout et ce depuis plus de deux ans sans moyens.

 

 

Posons donc la question de confiance à la hiérarchie militaire, au général Yamoussa Camara et plus directement au président de la République Ibrahim Boubacar Keita, chef suprême des armées : parmi tous les officiers supérieurs du théâtre des opérations au Nord-Mali, qui méritait plus que le Colonel d’Aviation Mamadou Sissoko une promotion au grade supérieur et une décoration ? Pourquoi l’a-t-on donc délibérément écarté de l’armée et des distinctions, au jour d’aujourd’hui, en ces temps de refondation et de modernisation de cette armée, alors que la guerre du Nord n’étant pas achevée, ses compétences militaires avérées peuvent être employées utilement pour le bien de l’institution militaire et de la patrie ?

 

 

Depuis, il garde le silence sur les évènements du Nord de 1990 à 2012. Maintenant qu’il jouit de ses droits à la retraite, peut-être, nous en dira-t-il plus d’autant qu’il n’a plus de devoir de réserve. Car les Maliens ont besoin de savoir ce qui s’est réellement passé et où le bât blesse dans cette rébellion touarègue qu’il a combattue depuis 1990.

 

 

À ceux qui l’ont approché, il ne parle sans cesse que du courage des hommes d’Aguelhok, de leur vaillance, de leur combativité et de leur sacrifice ultime jusqu’à l’épuisement total de leurs munitions et des renforts dont ils n’ont pas pu bénéficier à cause d’un commandement incompétent.

 

 

Pourquoi le général Gamou a-t-il été empêché par Bamako de venir à leur aide ? Pourquoi le général Ould Meidou et le général Didier ont été bloqués par les islamistes à 5 km d’Aguelhok ? Pourquoi deux hélicos MI24 ont été détruits à Ménaka ? Pourquoi Diallo du Gandakoye est mort trahi ? Pourquoi les renforts ne sont pas arrivés à Tessalit, Tinza, Tombouctou ? Pourquoi le général Kanikomo a été tenu éloigné du front ? Pourquoi le Niger a-t-il été le seul pays au monde à avoir réellement aidé le Mali  jusque-là ? Pourquoi l’Algérie s’est tenue à l’écart ? Pourquoi la Mauritanie n’avait pas confiance en l’Armée malienne qu’elle disait infiltrée par les islamistes ? Pourquoi nos troupes d’élites commando sont tombées dans des embuscades ? Pourquoi tous les ministres de la Défense de 1990 à 2013 sont responsables des insuffisances, incohérences et injustices de l’Armée ? Pourquoi doit-on faire l’audit des budgets de la Défense et des achats d’armements ? Pourquoi doit-on situer les responsabilités dans les achats de vieux armements et de munitions défectueuses ? Pourquoi les accords d’Alger ont été bâclés ? Pourquoi les autorités politiques qui n’ont pas de mémoire sont-elles responsables de la politique de Défense du Mali ? Pourquoi l’Armée a-t-elle payé un lourd tribut aux errements de l’Education nationale depuis 1990 ? Pourquoi les fonds alloués à la formation ont été mal utilisés ? Pourquoi la France de Sarkozy a aidé le Mnla ?

 

 

Autant de questions qui méritent des réponses claires et  précises. Celles du ministre de la Défense actuel Boubèye Maïga ; de son prédécesseur  immédiat, orfèvre en la matière, le général Yamoussa Camara et la contribution de tous les Maliens un tant soi peu intéressés par le devenir de la Grande muette, qui doit redevenir totalement l’objet de notre fierté nationale.

 

Oumar COULIBALY

 

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9 COMMENTAIRES

  1. Sur Quoi vous Baser vous pour dire Que samareck est un fuillard demander donc a ce chère Didier dont vous parler Lex commandant de base 101de senou samareck est et resterais Toujour un Héro cet Homme a combattu pour ce pays nuit et jour Tesalit,Gao,Tombouctou,kidal,kona…Brèf demander a quelqun de mieux placé pour Repondre c’est une abssurdité

  2. Seul les soldats d’Aguelhoc méritent des hommages de la nation, tant ils se sont battus pour qu’au sacrifice suprême pour défendre la patrie.
    A Tessalit, ils ont fuis avant de combattre alors même qu’ils étaient en position de force pour avoir tenu les assaillants en échec deux mois durant mais la fuite du renfort a entrainer la panique et une fuite honteuse.
    A Kidal pendant tous croyait aux fanfaronnades d’officiers ventrus pour repousser les assaillants, la fuite ou replis tactique sans vrai combat a suivi quelques heures d’échanges de tirs.
    A Gao et Tombouctou les troupes se sont enfuis avant le début de combat mais ont fait usage des armes pour couvrir leur fuite, quel honte, ils auraient tous mourir sur place pour honorer la mémoire de ceux d’aguelhoc.
    Dans toutes ces situations les officiers ont abandonné hommes, matériels, armes et munitions aux mains des assaillants pour venir pleurer soit disant qu’ils étaient à cours de munitions sans en avoir tirer!!!!!!!!!!!!!!!

    • Mr vous ouvrez une parenthèse difficile à débattre. Depuis que le pilote (dont je tais le nom) d’un nos hélico a reçu une balle mortelle au cours d’une opération sur les positions ennemis, qu’a t-on fait pour rendre cette aviation opérationnelle? Rien. Face à la supériorité matérielle de l’ennemi, que pouvait ton armée?. Inutile d’engager un stérile débat car si vous pouviez savoir que le repli est une stratégie de manœuvre qui fait partie du principe de la bataille. La vérité c’est que nos hommes n’avaient plus confiance en eux, à leurs matériels vétustes et aux décideurs de la nation. Avec une artillerie lourde, encombrante et obsolète, l’infanterie motorisée était sans appui aussi bien aérien que terrestres. Pour renforcer les garnisons assiégées, on rassemblait des vieilleries par -ci et par là. Il faut savoir qu’on organise pas la défense de la citée quand le bélier cogne sur les portes de ses murailles. Comparer nos moyens à ceux de SERVAL, il sera facile de tirer une conclusion.

      • Referez vous seulement au petit combat autour de la Mairie de Gao, ça frisait du ridicule avec l’usage de téléphone personnel des combattants et de leur armement hétéroclite. Une armée sans moyens de communication c’est comme un groupe d’aveugles vers une horizon inconnue. Et entre temps qu’a fait le politique? Raison pour laquelle, le peuple doit savoir. Il faut interpeller ATT et sa clique. Bref, j’interpelle par contre le Président de la République pour qu’il pense à décorer ces jeunes civils de Gao, qui au mépris du danger, ont participé au combat de la ville en apportant leur soutient aux soldats notamment lors du combat du cimetière nord sur la route de Djebock. La médaille est faite pour récompenser des mérites. http//www.youtube.com: des jeunes viennent en aide aux soldats maliens à Gao. VIVE LA REPUBLIQUE.

  3. Vous défendez un officier qui était sur le théâtre des opérations à Gao à la tête des forces aériennes, alors posez lui les questions: Où est-il avec ses hélicoptères quand Ould Meidou a été bloqué à 5km d’Aguelhoc, Quand Ould, Didier et Gamou est ont été bloqué aux environs de Tessalit, quand Tinzaouatène tombait ses pilotes larguaient leurs missiles à 150km de la cible mais pourquoi?
    Arrêtez de vouloir disculper un officier qui a fui la guerre pour venir raconter des ragoûts aux journalistes.
    Tous ceux qui disent qu’ils étaient en cours de minutions sont des menteurs, des peureux et fuyards, par contre les rations laissaient à désirer, le moral, les moyens insuffisants et les soldats non décidé et sans conviction mais les officiers en tête. Ne ditons pas que le poisson pourris par la tête, c’est le cas dans l’armée.
    Il y a des officiers qui ont fait beaucoup comme Didier Dacko, Ould Meidou,Gamou et bien d’autres mais ils ont tous fuis le combat à Tessalit, Kidal,Gao et Tombouctou.

  4. Commandant de la Base 101 de Senou (qui est le QG de l’Armee de l’Air), et commandanrt “en urgence” de lArmee de l’Air au Centre de Commandement de Gao, le Col Samarek doit pouvoir te donner beaucoup de reponse sur les questions que vous vous posez.

  5. Samarek est le mentor du Capitaine bombardé Général Amadou Aya Sanogo,il doit aussi rendre compte.

  6. cet homme est un soldat devoue sur la cause national. Il a ete sur le theatre d’operation il merite le respect de la nation.

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