Paraphe de l’accord d’Alger : confusion et cafouillage au sein de la Cma

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Rebels MNLA
Des Touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad montent la garde, le 12 août 2013, devant le bureau du gouverneur à Kidal, dans le nord du Mali. | Rebecca Blackwell/AP

À quoi jouent les irrédentistes rebelles du Mnla et leur bande de criminels et de narco-trafiquants ? C’est la question qui taraude actuellement les esprits de nombre de Maliennes et de Maliens qui aspirent à la paix. Annoncé à la télévision nationale par le Premier ministre, Modibo Sidibé, le paraphe de l’accord d’Alger devait avoir lieu demain 15 avril 2015. Mais, depuis Nouakchott en Mauritanie, Mossa Ag Attaher déclare que la Cma ne paraphera pas cet accord. Et cela, dans un communiqué laconique.

«La Coordination des mouvements de l’Azawad/Cma informe l’opinion nationale de l’Azawad et l’opinion internationale qu’en réponse à sa lettre du 04 avril 2015 le chef de file de la Médiation, par lettre officielle en date du 06 Avril 2015,  l’a informée de l’organisation du paraphe, le 15 Avril 2015 à Alger, de  ’’l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali’’. La Cma, tout en réaffirmant sa disponibilité à donner toutes les chances à l’aboutissement d’un paraphe, réitère, encore une fois, son attachement à la prise en compte des amendements qu’elle a remis à la mission internationale, le 17 mars 2015 à Kidal, amendements qui constituent l’essentiel des revendications de l’Azawad. Par conséquent, la Cma informe  qu’elle ne pourra pas parapher «l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali» dans son état actuel et à la date indiquée. La Cma  remercie vivement la médiation et particulièrement son chef de file pour les efforts inlassables déployés avec dextérité et dévouement depuis bientôt une année. En même temps, elle réaffirme son ferme engagement à poursuivre le dialogue tout en sollicitant la médiation pour davantage d’efforts afin de prendre en compte les préoccupations issues de la volonté du Peuple de l’Azawad», souligne le communiqué.

Questions : Pourquoi ce communiqué depuis Nouakchott ? La Mauritanie serait-elle un «parrain» des rebelles armés du Mnla et ses alliés ? Communément, c’est Bilal, le patron officiel de la Cma qui signe les communiqués de la Cma. Pourquoi alors cette fois-ci il ne l’a pas fait ? En tout cas, d’aucuns susurrent qu’il y a une menace d’implosion au sein de la Cma et certains mouvements seraient prêts à parapher l’accord d’Alger, tandis que d’autres s’y opposent catégoriquement. Un cafouillage monstre !

Il nous revient que de plus en plus, la Coordination des mouvements armés de l’Azawad (Cma) se dirige vers son éclatement, car rien ne va plus entre les différents groupes armés qui la composent. Notamment entre la branche politique et celle dite militaire. Ces divergences sont apparues entre les différents groupes armés qui composent la Cma au moment où la communauté internationale tente de convaincre cette Coordination à parapher le préaccord d’Alger. Selon notre source, il s’agit d’un véritable problème de conception et de vision. On se souvient que depuis le paraphe du document de paix le 1er mars dernier dans la capitale algérienne par le gouvernement malien et les mouvements armés de la plate-forme du Nord, la Cma, de son côté, avait refusé de parapher cet accord, sous prétexte qu’elle va consulter sa base. Un mois après, les dissensions sont apparues au sein de cette Coordination. Et ce sont ces dissensions qui ressurgissent autour du paraphe dudit accord de paix prévu pour le 15 avril.

Et la communauté internationale dans tout ça ? Amorphe et apathique, elle assiste en spectatrice à la scène troublante que nous livre la Cma. Et pourtant, au lendemain du paraphe de l’accord d’Alger par le gouvernement et les groupes armés pro-Mali, elle avait martelé sur tous les toits qu’elle ne tolérera plus la comédie de la Cma et qu’en cas de refus, elle prendra de lourdes sanctions contre les responsables de la Cma. Que va-t-elle faire maintenant avec cette volonté manifeste des bandits armés à ne plus aller vers la paix ? Nous attendons de le savoir…

Bruno E. LOMA

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