Personne ou presque ne peut étaler sa satisfaction. La résolution 2085 qui autorise une intervention militaire au Nord du Mali, votée par le conseil de sécurité de l’ONU, n’apporte pas à cent pour cent une réponse à l’attente d’une grosse partie de l’opinion publique. Est-ce pour autant dire que ce n’est guère une bonne nouvelle pour le Mali ? Ce n’est pas l’avis de nombre de commentateurs qui saluent plutôt un consensus de la communauté autour du Mali et constatent une évolution notoire sur le dossier.
On peut, bien sûr, être d’accord avec ces experts tout en se dissociant de leur point de vue pour dire que la résolution ne contient rien qui soit au dessus, c’est-à-dire qu’elle n’est rien de moins que la réédition de cette volonté feutrée de la communauté internationale de laisser la situation en plan jusqu’à septembre 2013, période où elle compte intervenir. C’est uniquement sous cet angle qu’il faut comprendre le volet politique de cette résolution, qui demande aux autorités maliennes de transition d’organiser des élections présidentielles et législatives avant avril 2013, et d’ouvrir des dialogues avec les deux groupes rebelles que sont le MNLA et Ansardine, jugés « fréquentables », pour reprendre l’expression consacrée, et hypocritement, qu’on appelle des maliens ! Des maliens pas comme les autres, à qui il reste à apprendre que ce n’est pas du haut de leur ‘’voyoucratie’’ qu’ils parviendront à se faire entendre.
Cela étant précisé, il est évident que c’est la question de ce qu’il faut négocier avec ces deux groupes qui concentre toutes les interrogations, d’autant plus que lors d’une rencontre à Alger au cours de laquelle ils ont signé un partenariat entre eux (et non un accord, à préciser le MNLA), le représentant du mouvement d’obédience islamiste, Ansardine, a dit tout haut que leur revendication d’appliquer la charia à Kidal, une ville qui est sous leur dure férule, n’est pas négociable. Il est aussi inutile de rappeler que le MNLA est déterminé à garder le cap dans sa revendication d’autodétermination. Et si tout cela ne suffit pas à convaincre sur la mauvaise foi de ces deux groupes, on peut aussi invoquer la participation récente d’Ansardine à la destruction d’un mausolée à Tombouctou, avec son allié indéfectible qu’est le MUJAO. Alors, pourquoi l’ONU voire la CEDEAO continuent à prendre les gens pour des naïfs en allant jusqu’à suspendre la résolution politique de cette crise à ces deux groupes ? C’est là qu’il faut se ranger du côté de ceux qui sont d’avis que l’ONU a accepté une intervention militaire, certes, mais dans le même temps a crée tous les ingrédients susceptibles de la retarder.
Il ne faut pas non plus oublier toutes ces sorties soucieuses des conséquences d’une intervention militaire, comme si les mains qu’on coupe, les couples qui sont lapidés… ne signifient absolument rien. A ce sujet, on pourrait s’intéresser à la prise de position de Jemi Ould Mansour, l’opposant mauritanien, qui vient d’être reconduit à la tête du parti Tawassoul. C’était sur les antennes de R.F.I. Pour lui, comme son pays d’ailleurs, la seule porte de sortie dans cette crise reste le recours politique, et il trouve aussi que le MNLA et Ansardine sont incontournables à cet effet. Voilà qui vient renforcer le rouleau compresseur des tenants de la solution politique et qui permettra à ces deux groupes d’être réconfortés et renforcés au détriment d’un pays, le Mali, dont le lot est d’être pauvre…Mais la vérité, implacable, est qu’on n’a pas besoin de réfléchir à l’infini sur la position du numéro un du parti Tawassoul, car elle incite les flibustiers du MNLA et d’Ansardine à faire la bête et à s’entêter dans leur ‘’voyoucratie’’. Et comment diable une poignée d’individus, qui ne sont d’ailleurs qu’une goutte d’eau dans un océan, peuvent être indispensables au bien être général, de tout un pays ?
Les négociations, une perte de temps
L’évidence s’est déjà établie qu’il n’est plus temps de s’intéresser aux négociations avec les deux groupes qui ne cachent plus leur jeu, visant à empêcher ou à retarder toute intervention militaire. Le fait aussi est que le MNLA n’existe que sous son enveloppe et continue à vivre de propagandes que ses dirigeants ont l’habileté de servir à certains médias, singulièrement occidentaux. Il convient enfin de faire observer que Ouagadougou n’est pas un passage obligé pour le Mali, mais peut bel et bien être un sens interdit…
Boubacar Sangaré