Taoudeni: regard sur la desormais 9ème region administrative du Mali

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En raison de l’immensité du territoire national, les hautes autorités  de notre  pays ont initié et poursuivi une politique active  de  rapprochement de l’administration des populations à travers un vaste programme de découpage régional.

C’est ainsi que lors du Conseil des Ministres du 14 décembe 2011, le Gouvernement de la République du Mali a adopé un projet de loi portant création de Circonscriptions, Cercles et Arrondissements des Régions de Tomboucou, Taoudéni, Gao et Ménaka.

La  loi N° 2012 -018 du 15 février a finalement déterminé la composition de ces Régions.

Le présent article se propose donc de donner des informations et des éclairages sur la Région de Taoudéni située dans le septentrion malien.

Cette Région, la 9ème du pays, est constituée de six cercles (Taoudeni, Araouane, Boudje-Béha, Achouratt, Al-Ourche, Foum-Alba) et de 30 arrondissements. 

Elle couvre une superficie de 323 326 km² pour une populaion globale estimée à 134 OOO habitants, composée essentiellement d’Arabes, de Touareg, de Peuls et de Sonrais.

Elle est limitée à l’est par les Régions de Kidal et de Gao, au sud par la Région de Tombouctou, à l’ouest par la Mauritanie, au nord par l’Algérie.

 

 

NOMINATION D’UN GOUVERNEUR DU SERAIL 

Le besoin d’un leadership de qualité s’impose pour forger le destin de la nouvelle région perdue dans le désert le plus grand du monde.

Le Conseil des Ministres Extraordinaire du 19 janvier 2016 a donc nommé le premier gouverneur de la Région de Taoudéni en la personne d’Abdoulaye Alkadi.

Haut  cadre natif de la région, il  jouit d’une longue et riche expérience des rouages de l’administration malienne qu’il a intégrée en 1998 comme préfet de la Région de Mopti.

La marque de confiance  renouvélée par le Gouvenement de la République du Mali à ce technocrate dont la rectitude morale et professionnelle force l’admiration, a suscité  de nombreux messages de félicitations et d’encouragements. Une telle reconnaissance de mérite ne peut qu’engager davantage l’interessé à redoubler d’efforts pour réussir l’exercice de ses nouvelles, lourdes mais combien exaltantes fonctions, à la satisfaction générale.

 

” LA NUIT DE TAOUDENI”

Pour célébrer la naissance de la Région Taoudéni et donner un éclat retentissant à l’événement, avec l’appui de nombreux alliés et sympathisants comblés, les ressortissants de la région, toutes souches confondues, ont organisé, dans la nuit du 13 au 14 mars 2016, une mémorable soirée culturelle au cours de laquelle la gande salle de mille places du CICB a du refuser du monde tellement l’engouement était total.

D’émérites personnalités nationales et étrangères, de prestigieux  artistes, ont tenu à honorer de leur présence cette manifestation grandiose très médiatisée  et qui a tenu en haleine l’assistance jusque tard dans la nuit.

Des banderolles variées affichées dans la salle, des brochures distribuées çà et là, faisaient véhiculer des messages forts d’unité, d’entente et de coexistence pacifique, lançaient des appels en vue d’une mobilisation du grand public au service de la nation malienne.   

L’occasion a été mise à profit par les organisateurs et leurs collaborateurs pour marquer d’empreintes indélébiles la soirée en mettant l’accent  sur  les richesses de la région et ses perspectives de développement, en formulant des voeux face aux problématiques actuelles qui entravent l’évolution du Mali dans le concert des états modernes, tournés vers l’avenir.

 

 

BREF RAPPEL HISTORIQUE

La nouvelle région qui est une fenêtre panoramique ouverte sur le plein désert, a été tout au long de la longue et riche histoire de ses vieilles métropoles de savoir, un berceau de brillantes civilisations, une terre d’accueil , d’hospitalité, de rencontres d’études et de pratiques religieuses, à la croisée des voies reliant l’Afrique du Nord à l’Afrique Subsaharienne.

Elle a connu d’illustres figures emblématiques, des baobabs de connaissances   dont  le grand  Saint  Cheick Sidi Ahmed Agadda qui a laissé derrière lui un  riche héritage spirituel et intellectuel, perennisé par des familles pieuses comme les Ahl El Habib, Ahl El Kadi, Ahl El Nour, Tajikanit.

Sur l’ensemble des localités, les autochtones s’étaient accommodés de leur situation sociale et ont tiré, au fil des siècles, un grand parti de l’air pur et serein de l’atmosphère ambiante, des avantages de mobilité dans de grands espaces libres et non pollués, du degré de chaleur humaine, de bien-être que ‘‘la Région des sables’’ procure naturellement.

 

 PEUPLEMENT

La région de Taoudéni était relativement peuplée pendant  la période  au cours de laquelle  le Sahara n’était pas aussi sec et aride qu’aujourd’hui.

Véritable carrefour de retrouvailles, passage incontounable dans le Sahara, plaque tournante d’échanges féconds, elle a connu des brassages et des métissages séculaires  dont les beaux restes continuent à faire sa fierté.

Diverses populations venues de Maghreb, de la Mauritanie et d’autres contrées lointaines s’entre mêlaient sans discrimination aucune, sans rejet.

Elles ont transcendé les épreuves, encensé les vertus de la sagesse,  consolidé les liens entre les communautés, les contacts de proximité malgré les longues distances séparant les lieux habités. 

Certes, sécouées par de multiples calamités naturelles comme les famines vécues surtout en 1738 et en 1913-1914, par les conséquences désastreuses des effets cumulés de la sécheresse, moult localités ont connu  un exode important de leurs habitants qui s’étaient  déplacés vers  d’autres destinations plus clémentes au sud du pays et ailleurs.

La faille a été telle que plusieurs cités se sont pratiquement vidées de l’essentiel de forces vives capables d’impulser le meilleur devenir des communautés dans leur espace naturel.

 

 

LIEUX D’ERUDITION DE GRANDE RENOMMEE

Les bases du rayonnement intellectuel de la Région de Taoudéni ont été jetées et fortifiées par le Cheick Sidi Ahmed Agadda qui n’a ménagé aucun effort dans ce sens jusqu’à sa mort vers 1634.

L’environnement de la mosquée de Sidi Ahmed Agadda à Araouane s’est transformé en une véritable université qui, comme celle de Sankoré à Tombouctou, a contribué à la formation continue de nombreux savants réputés.

 La région a produit, en quantité et en qualité, des manuscrits inestimables, héritages d’un passé glorieux. Mais la plupart des textes sont dispersés un peu partout, faute de collecte, de conservation, mais aussi en raison des impacts négatifs de l’exode massif des habitants et du trafic illicite qui entoure le mouvement des manuscrits de valeur. L’accessibilité, la disponibilité systématique, la recension des ouvrages anciens demeurent  des problèmes persistants pour les bonnes volontés soucieuses d’identifier et de restaurer tout un trésor précieux en péril.

 

 ROLE  COMMERCIAL  DANS LE DESERT

La Région de Taoudéni, de par sa position sensible et stratégique sur l’axe transsaharien, a, au premier rang de ses facteurs de développement, un atout majeur dû au fait que la plupart de ses localités sont des lieux de rendez-vous permanents pour les hommes d’affaires des rives du Sahara.

Les commerçants du Nord apportaient des étoffes, du tabac, des dattes, des tapis, des birnous, des fusils, de la poudre, de la soie, du sel gemme alors que ceux du Sud et de l’Ouest s’occupaient d’encens, d’ivoire, des plumes, de la gomme, de l’or, de la kola, des animaux sur pied etc.

Les activités commerciales ont été d’une grande intensité et ont engendré l’émergence de corps de métiers tels que les tailleurs, les cordonniers, les teinturiers etc. Les professions connaissaient un essor sans précédent et les productions étaient bien appréciées par les visiteurs étrangers.

 

RACINES  D’UN HAVRE DE PAIX ET DE TRANQUILLITE

Les communautés, dans leur majorité, se sont toujours dressées, à cor et à cri, contre les bouleversements, les soubresauts, les sautes d’humeur, les blessures de trop qui pourraient raviver le feu de la haine, le feu de l’ignorance, le feu de la violence en leur sein.

Les hommes du désert, comme on les appellait si affectueusement, dénonçaient les dangers des replis identitaires et savaient qu’unis et conquérants au sens civilisé du terme, ils vaincraient les obstacles, aussi bien endogènes qu’exogènes.

Les quelques conflits qui, de manière ponctuelle,  ont ébranlé la quiétude des populations, ont été souvent inspirés par la lutte “des semblables et non celle des contraires “,  à l’inverse de ce qu’en pensait Marx.

La  mise en exergue, à dessein, de “faux problèmes de personnes” a suscité  des commentaires tendant à distraire  les honnêtes  citoyens de leurs activités quotidiennes. Les différends étaient des fois orchestrés par des gens cantonnés dans le scepticisme, sans aucun esprit d’objectivité, de clairvoyance. On déplorait des maoeuvres dilatoires de quelques oisifs, de parasites peu soucieux de paix et de justice et qui, pour certains, n’ont pas hélas!conscience de la gravité religieuse et morale de leurs agissements. Heureusement, à chaque occasion propice, les plaies se cicatrisaient grâce à l’intervention spontanée et efficace, presque dans l’anonymat,   d’hommes sages et vertueux, très attachés au dialogue consensuel,  à la concertation dans la recherche continue de l’équilibre socio économique au Sahara. Cette classe d’hommes d’exception n’a jamais cessé de s’investir pleinement, de jour comme de nuit, pour l’émergence, tous azimuts, de bonnes et justes causes communes. La présence de patriarches, de sages inconditionnels et de rassembleurs pour qui le sens de la dignité et de l’honneur n’ont point de prix, est garante de l’unité et de la cohésion sociales, du maintien et de la consolidation de valeurs sûres et porteuses.

 

DEFIS MULTIPLES A RELEVER 

La région de Taoudéni est aujourd’hui exposée à une décadence consécutive à la disparition du trafic régulier entre les deux rives du Sahara, à l’insécurité grandissante.

Naguère débordante de vie, d’échanges, elle ne cesse de sombrer dans ses activités essentiellement civiles en attendant de  meilleurs jours. Elle se débat, tant bien que mal, grâce notamment à la route des Azalaïs transportant le sel gemme de Taoudeni à Tombouctou et à la ligne caravanière du sud marocain.

“La nature a horreur du vide”. L’état de délabrement avancé de l’écosystème et la dégradation poussée du patrimoine reste visible, palpable. Toute âme sensible  ne peut que déplorer la situation de désolation qui prévaut çà et là. La flore et la faune, naguère variées et exubérantes, offrent au visiteur non avisé un spectacle triste et désolant à plus d’un endroit sur toute l’étendue de la région.

La Région de Taoudéni, une lanterne qui éclaire le Sahara malien,   connaît, par le temps qui court, des difficultés structurelles et conjoncturelles. Mais bénie, elle saura survivre à l’agression du désert, aux vicissitudes d’un environnement difficile et contraignant, s’affirmer de nouveau  en raison des héritages  de son passé  fascinant, de la qualité de ses ressources humaines,  de l’abondance de ses ressources naturelles.

Il faut se convaincre que son avenir ne peut se concrétiser que dans le retour massif des populations déplacées, dans la mise en valeur de ses sources d’énergies renouvelables, des innombrables richesses que récèle son sous sol (pétrole, gaz, nappe phréatique etc). Seul un engagement résolu dans la voie d’un développement harmonieux et durable peut contribuer à l’exploition rationnelle, méthodique et rigoureuse  de toutes ces potentialités dans l’intérêt supérieur des populations.

Le second souffle attendu dans cette optique découle d’un élan de sursaut collectif, d’une solidarité agissante de toutes les personnes, physiques comme morales, qui mettent au centre de leurs préoccupations l’épanouissement de l’ensemble de la région à travers une synergie d’actions constructives, d’actes concrets et de progrès.

Il faut aussi se rendre à l’évidence que l’unique combat qui vaille demeure celui de réduire les disparités de développement sur cette vaste étendue désertique, de lutter contre la pauvreté, de privilégier une approche positive des comportements à observer en vue de relancer, sous les meilleurs auspices, l’économie de la région de Taoudéni dans la voie du salut national.

 

Par Chirfi Moulaye HAIDARA

 

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1 commentaire

  1. Je félicite mon “parent chérif” Chirfi Moulaye HAIDARA pour avoir présenté la région de Taoudéni qu’on aurait dû appeler “la région d’Araoune” puisque toutes les activités du bled, désertique et désertisé (peu habité) depuis le début du 20ième siècle, dénommé “Azaoua-Azawad-Assahra” tournent autour de cette cité d’Araoune qui existe encore, les autres, que l’auteur ne cite pas, étant mortes, leurs vestiges n’existant plus.

    En tout état de cause, Chirfi Moulaye HAIDARA dit, je le cite: “Les bases du rayonnement intellectuel de la Région de Taoudéni ont été jetées et fortifiées par le Cheick Sidi Ahmed Agadda qui n’a ménagé aucun effort dans ce sens jusqu’à sa mort vers 1634”, en effet, Araouane (“ara n’wan”, le fils des vaches, ou “in-chagaghan”, le lieu des monticules rouges, en Tamacheqh) fut fondé, vers la fin du 16ième siècle, par le Saint Homme touareg Ahmad ag-Adda descendant de Mossane ag-AÏTA de Tamadamakkat-Essouk (vestiges au Nord de Kidal).

    Ahmad ag-Adda est l’ancêtre des Chérifène sahariens, touareg “arabisés” et des maures qui portent les noms: “Ahel Sidi Ali”, “Araouani”, Chérif et Haïdara.

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