L’édition 2014 du prestigieux festival de la ville de San, région de Ségou, ‘’Sankè Mon’’ est annoncée pour le 12 juin prochain. Mais déjà la commission d’organisation est face à un dilemme : le maintien ou la suppression de l’épreuve de la course des motos. A moins de dix jours du festival, cette épreuve a déjà fait des victimes (cinq blessés graves dont un dans un état critique).
Cet événement est le plus grand et le plus festif célébré dans le cercle de San et ses environs. Le ‘’Sanké Mon’’, selon certains témoignages est un rite qui date de plus de six cent ans (600 ans).
En effet, compte tenu du fait qu’il n’a pas eu lieu en 2012 (année du putsch militaire) et sobrement célébré en 2013 (à cause de la guerre au nord), le festival ‘’Sanké Mon’’ de cette année est attendu avec une grande ferveur par les populations de San et villages environnants. Prévu pour le 12 juin prochain, il y’a de cela plusieurs semaines que la tension est montée dans ces localités. Ce sont des grandes masses des ressortissants de ce cercle de Ségou, à travers le pays et du monde entier, qui affluent vers la ville de San. Et la commission d’organisation, pilotée par le maire de San, Oumar Traoré, est à pied d’œuvre depuis plusieurs jours pour faire de l’édition de cette année un événement inoubliable.
Cependant, s’il y’a une composante du festival qui coupe le sommeil aux organisateurs, autorités publiques et municipales de San, c’est bien la course de motos. Une épreuve instituée dans le menu de cet événement de plusieurs centenaires, par la force des choses et le vouloir de la jeunesse de la localité. « Cet événement, même s’il a une connotation festive est bien traditionnel », nous a clarifié un vieux M.T, natif de San. C’est pourquoi, il s’est dit écœuré de constater que les jeunes, par leur volonté de transformer ce festival en ‘’Rallye’’ sont entrain de porter atteinte à la portée historique et culturelle de ce événement. « Qui peut dire que la course de motos faisait partie de cet événement ? », interroge-t-il, avant d’affirmer que s’il y’avait une course, institué par leurs ancêtres, ce serait peut être celle des chevaux, à cause du fait que cet événement tire son origine d’une tradition qui date de plus de 600ans, quand la moto n’existait pas encore.
Cette vérité du vieillard n’est pas l’apanage de tout le monde à San. La commission d’organisation, les autorités publiques et municipales affichent tous une peur bleu à retirer des festivités, la course des motos.
La course de motos et ses conséquences néfastes !
« Nous travaillons durant toute l’année, ne serrait ce que pour pouvoir acheter une moto neuve afin de participer au festival », témoigne un jeune paysan de Bèrènitiègni.
Même son de cloche chez les jeunes de tous les villages environnant, notamment ceux de Tèrènikongo, Tènè, Sienso…
En effet, cela est devenu une coutume. A chaque festival, chacun veut apparaître sur un nouvel engin pour faire mordre la poussière aux autres. Ainsi, on enlève les freins (pédales et à mains), les tuyaux d’échappement et les phares. Dans ce contexte, imaginez le danger que les motocyclistes se mettent, pour vibrer au rythme du festival. C’est ainsi que d’année en année le nombre d’accidents des motocyclistes s’accroit lors du ‘’Sanké Mon’’. En moyenne, on dénombrait chaque année près d’une dizaine de morts et une cinquantaine de blessés. « Le cadavre de cette année ne vivra pas le prochain festival », est le slogan favori des jeunes festivaliers.
En 2011, les autorités publiques maliennes ont pris la question à bras le corps. C’est ainsi que sous l’égide du ministre de l’Equipement et des Transports, Ahmed Diane Séméga, un comité ministériel a sorti un arrêté pour réglementer la course de motos lors du festival ‘’Sanke Mon’’. La direction de l’ANASER à son temps, a été mise à contribution pour sensibiliser et encadrer les festivaliers. Ce faisant, le nombre d’accidents et des victimes d’accidents ont été considérablement réduit.
La peur des autorités locales à sévir !
Cette année, compte tenu de beaucoup de facteurs, les autorités de San rechignent à faire appliquer une quelconque réglementation de la course de motos. « Devant l’ampleur de cette épreuve chez les jeunes, aucun maire, ni préfet n’ose se présenter devant eux pour interdire la course de motos », murmure un habitant de San. Qui soutient que dès l’annonce du festival, la menace des jeunes plane sur la tête des politiques, par rapport au maintien de la course de moto. C’est une question de vie ou de mort chez les jeunes.
Pourtant, à quelques jours du festival (dont l’ouverture est prévue pour le 12 juin), cette course de moto produit déjà des victimes. Le weekend dernier, n a dénombré de nombreux accidents, à la suite desquels quatre jeunes ont des jambes fracturées et une autre personne (entre la vie et à la mort à l’Hôpital du Mali) a eu une lésion crânienne.
Il revient donc aux autorités nationales, à travers l’ANASER de prendre des mesures urgentes afin de réduire les dégâts collatéraux du ‘’Sanke Mon’’ de cette année.
Moustapha Diawara